Nicolas Demorand veut croire aux chances de Libé de se réinventer
Le Monde | 19.06.2013 à 19h01 • Mis à jour le 19.06.2013 à 19h05 | Par Alexis Delcambre et Alexandre Piquard
Il n'est plus directeur de la rédaction ? Qu'importe. C'est sur le terrain de l'organisation éditoriale que l'ancien animateur de la matinale de France Inter a cherché à convaincre son conseil de surveillance, tâchant de montrer qu'il n'était pas en panne de vision, et qu'il restait à même de porter un projet de rédaction et d'entreprise. Un projet qu'il précise avoir élaboré "avec Fabrice Rousselot", que le conseil a proposé comme nouveau directeur de la rédaction (Nicolas Demorand cumulait jusqu'ici cette fonction et celle de président du directoire).
"REFORMATAGE DE L'ORGANISATION"
"Libération doit désormais se décliner sur différents supports et dans différentes temporalités, détaille M. Demorand. La palette est la suivante : un nouveau site qui sera plus riche en quantité et en qualité ; nos quotidiens, papier et numérique, avec l'ajout d'un "8 pages" purement numérique en fin d'après-midi ; une édition du samedi qui sera un objet hybride inédit, entre un quotidien et un magazine ; des e-books valorisant nos archives ; et bien sûr les forums, cette forme de "journalisme live" que nous organisons pour aller à la rencontre du public."
Pour son président du directoire, ces projets, dont certains sont engagés, notamment la préparation du "Libé du samedi" et la refonte du site, doivent "amener Libération au standard de ce que doit être aujourd'hui un journal".
De son point de vue, cela suppose une "reformatage de l'organisation" : "Notre conférence de rédaction doit avoir lieu plus tôt, aux alentours de 9 heures. Les chefs de service devront raisonner par sujet, puis par angle, puis par format et enfin par support. Pour leur permettre de réussir cette mutation, les "hubs numériques" qui ont été testés dans certains services vont être généralisés et la direction de la rédaction sera regroupée dans un grand "hub" central". Enfin, la rédaction va être redessinée en cinq grands pôles (Monde, France, Economie, Culture et Next, Idées) pour favoriser la mutualisation des ressources.
FORTE ÉROSION DES VENTES
La mise en œuvre de ces nouvelles orientations devrait être conduite notamment par Fabrice Rousselot (s'il franchit l'étape du vote des personnels). Celui-ci n'aura pas de nouveaux moyens à disposition. "Notre équipe va conserver sa taille actuelle (avec 180 cartes de presse), ni plus, ni moins", selon M. Demorand, qui veut croire à une mobilisation importante des équipes : "Notre levier, c'est la productivité et la réorganisation des façons de travailler."
La réussite de ce plan sera donc conditionnée par l'accueil qu'en fera la rédaction, qui reste affectée par les crises des derniers mois et les mauvais chiffres de diffusion.
Le conseil de surveillance n'a en effet pas apporté d'éléments nouveaux sur le plan du capital. Confronté à une forte érosion de ses ventes après une année 2012 plutôt bonne, englué dans la crise de la publicité, "Libé" voit ses recettes se restreindre dangereusement, malgré l'apport des forums organisés avec le soutien d'annonceurs et de collectivités locales. Les actionnaires actuels ne souhaitant pas recapitaliser le titre, l'espoir se cristallise sur l'arrivée hypothétique d'un nouvel investisseur. "Quoi qu'il arrive, on se battra", lâche Nicolas Demorand.