Brésil : heurts à Fortaleza, Rio et Sao Paulo cèdent à la rue
Une heure après le coup d'envoi du match Brésil-Mexique de la Coupe des Confédérations à Fortaleza, 25 000 protestataires ont bloqué deux des quatre routes d'accès au stade. Ils étaient maintenus à trois kilomètres du stade, dont la rénovation pour le Mondial-2014 a coûté 180 millions d'euros. La manifestation contre les sommes colossales dépensées pour l'organisation de la Coupe du Monde de football a rapidement dégénéré quand des manifestants ont forcé un premier barrage du vaste cercle de sécurité installé autour du site, donnant lieu à une bataille rangée entre manifestants, jetant des pierres sur les policiers, qui, eux, ripostaient par une pluie de tirs de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc.
"MON BRÉSIL EST DANS LES RUES"
"Un petit groupe d'agitateurs nous ont agressé mais nous avons gardé le contrôle. On a répondu avec des gaz lacrymogène", a déclaré à la presse le colonel Claudio Mendonça, qui coordonne les opérations. Au moins deux contestataires ont été blessés. Un policier avait le visage en sang après avoir reçu une pierre, selon des photos diffusées par le site G1 de Globo.
A l'intérieur du stade, violant les consignes de la FIFA, certains spectateurs ont brandi des pancartes de soutien aux manifestants où l'on pouvait lire"Mon Brésil est dans les rues. Le géant s'est réveillé". "Brésil réveille-toi, un professeur vaut plus que Neymar !", l'attaquant vedette de la Seleçao brésilienne récemment transféré au FC-Barcelone pour 57 millions d'euros, scandaient les contestataires au début de la manifestation.
Neymar, comme l'avaient fait la veille trois de ses coéquipiers, s'est montré solidaire du mouvement social qui embrase le pays. "Je suis triste de tout ce qui se passe actuellement au Brésil. J'ai toujours pensé qu'il ne devrait pas être nécessaire de descendre dans la rue pour réclamer de meilleures conditions de transports, de santé, d'éducation et de sécurité. Tout ça, c'est le DEVOIR (en majuscule, dans la version originale) du gouvernement", a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.
ENVOI DE POLICIERS D'ÉLITE
Le gouvernement avait annoncé dans la matinée l'envoi de policiers d'élite de la Force nationale dans les six villes hôtes de la Coupe des Confédérations : Fortaleza, Rio de Janeiro, Salvador de Bahia, Belo Horizonte, Recife et Brasilia. Ce corps de police assure le maintien de l'ordre dans chaque Etat en cas de conflits sociaux ou dans des situations exceptionnelles mais il a "un rôle de conciliation, de médiation et non de répression", a précisé le ministère de la justice dans un communiqué. Des membres de cette force d'élite étaient déjà intervenus dimanche à Rio de Janeiro, pendant le match Mexique-Italie, pour disperser à coup de balles de caoutchouc et de gaz lacrymogène les personnes qui manifestaient aux abords du stade.
BAISSE DU PRIX DES TRANSPORTS À SAO PAULO ET RIO
Cédant à la pression populaire, les mairies de Sao Paulo et Rio de Janeiro se sont résolues à baisser le tarif des transports en commun, comme d'autres ville avant elles mardi. "Nous allons suspendre l'augmentation et revenir au prix d'avant" des tickets du métro, de train et d'autobus, a annoncé le gouverneur de l'Etat de Sao Paulo, Geraldo Alckmin. "La réduction est une façon de montrer le respect aux personnes qui sont descendues dans les rues pour protester (...). Mais je ne cautionnerai jamais ceux qui pratiquent des actes de vandalisme", a commenté le maire de Rio, Eduardo Paes.
Mais ces gestes d'apaisement de la part des autorités sont loin d'être suffisants pour les contestataires. Plus de 7 000 personnes, selon la police, se sont réunis mercredi soir à Niteroi, de l'autre côte de la baie de Rio. Le rassemblement s'est déroulé dans le calme, devant la mairie, mais un groupe de 200 à 300 protestataires s'est déplacé jusqu'à la station des ferries, pour commettre ces violences. Des policiers ont tiré des gaz lacrymogènes sur les manifestants, qui essayaient de bloquer le pont de 15 km relie Rio de Janeiro à Niteroi. Les manifestants ont renversé un bus, saccagé deux vitrines d'agences bancaires avant d'ériger des barricades en bois auxquelles ils ont mis le feu, pour maintenir la police à distance.
D'autres manifestations ont eu lieu mercredi à Belo Horizonte, Rio Branco en Amazonie, Brasilia et Niteroi, près de Rio de Janeiro. Des rassemblements sont également prévus jeudi dans l'ensemble du pays, notamment en marge du match Espagne-Tahiti à Rio de Janeiro, théâtre de scènes de furie et de chaos dans la nuit de lundi.
Le Brésil est confronté à une agitation sociale sans précédent depuis 20 ans, avec des manifestations quotidiennes de jeunes Brésiliens sur tout le territoire, qui dégénèrent régulièrement en violences. Ils protestent depuis une dizaine de jours contre l'augmentation du prix des transports et la précarité des services publics de base dans leur pays, stigmatisant les sommes colossales investies pour la préparation du Mondial, dont la Coupe des Confédérations est une répétition générale en miniature.
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La présidente Dilma Rousseff s'est déclarée mardi à l'écoute des manifestants. Mais elle n'a proposé aucune solution concrète pour régler le conflit qui ne semble pas prêt de s'essouffler. Sa cote de popularité a chuté de huit points de mars à juin, mais reste très élevée, à 71 %, selon un sondage réalisé avant la fronde sociale qui secoue le pays et qui est venu confirmer une enquête d'opinion antérieure.
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Mais ces gestes d'apaisement de la part des autorités ne semblent pas suffisants pour les contestataires. D'autres manifestations avaient lieu mercredi à Belo Horizonte, Rio Branco en Amazonie, Brasilia et Niteroi, près de Rio de Janeiro. Des rassemblements sont également prévus jeudi dans l'ensemble du pays, notamment en marge du match Espagne-Tahiti à Rio de Janeiro, théâtre de scènes de furie et de chaos dans la nuit de lundi.