« Matilda » par Roald Dalh, la charmeuse d'enfants rétifs
Ah les ados, les enfants... Il y a ceux qui ne veulent (ne peuvent ?) dormir après avoir excité leurs rétines sur l'écran de la console. Il y a ceux qui n'aiment pas lire et qui désolent leurs parents.... |
Mes parents, grands lecteurs devant l'Eternel, avaient la solution à ces deux problèmes, que je vous donne ici: Matilda. Matilda est un livre pour enfant que l'on conseille en général à partir de 9 ans mais qui peut être lu bien avant. C'est l'histoire sensible et incroyablement drôle d'une petite fille de 5 ans et demi, un génie, qui doit faire avec des parents médiocres, escrocs et incapables de vivre sans leur télé et leur Loto ; des parasites persuadés que le reste du monde se compose d'un ramassis d'idiots tout juste bon à être vampirisés. Armée de son sens de la justice, de son intelligence (et d'un pouvoir télékinésique) Matilda affronte le monde, ses parents et une effroyable directrice d'école pour redresser les torts, et surtout prendre son destin en main. Rien de mièvre dans cette histoire: l'épouvantable directrice est vraiment épouvantable, violente même. L'ignominie du père de Matilda et de ses horribles magouilles provoque un étrange mélange de rire et de répulsion et la presque catatonie de la mère, lobotomisée par les feuilletons télés, induit une espèce de fascination apeurée. Loin des livres pour enfants modernes, Matilda ressemble aux anciens contes, ceux de Grimm notamment, où la violence et les vicissitudes des hommes ne sont pas édulcorés. Ajoutez à cela l'humour incomparable de Roald Dahl et vous obtenez un livre qu'il est très difficile de refermer, quel que soit votre âge. La voilà l'arme secrète de mes parents; après m'avoir lu le premier chapitre, pendant lequel nous avions tout de même dû faire quelques pauses tant il est dur de lire et de rire aux larmes simultanément, ils se contentèrent de fermer le livre et de répondre à mes récriminations par un nonchalant : « Mais chérie, maintenant tu sais lire, tu peux lire autant que tu veux ». Le piège venait de se refermer sur moi, j'étais désormais convaincue de l'immense pouvoir qu'était ma faculté de lire, et tout aussi accroc aux livres qu'eux. |