Pendant ce temps en Israël...
Par Lucie
Vendredi 28 mars, le conseil des droits de l'homme de l'ONU a voté 5 résolutions condamnant Israël. Ce qui est parfaitement normal; Israël étant (le seul pays) en permanence sur l'agenda du conseil -c'est «l'Agenda Item 5», chaque session du conseil doit tenir des discussions sur ce pays et ses intolérables atteintes aux droits de l'homme.
Vous avez bien lu, le seul pays qui est constamment à l'ordre du jour n'est ni la Corée du Nord ni le Kazakhstan ni le Myanmar ni la Chine.
Contrairement à ce que dit Pascal Boniface, on peut tout a fait critiquer Israël. Beaucoup ne s'en privent d'ailleurs pas. Mais entre critique raisonnée et constructive et obsession malsaine il y a un gouffre qui a été largement franchit. Et voici comment les promoteurs de la campagne Boycott-Désinvestissements-Sanctions ont, entre autres idioties- réussis à délégitimer non pas un pays, mais un organe des Nations Unies.
J'écoutais récemment Pascal Boniface sur France Info parler de son nouveau livre, «la France malade du conflit du conflit israélo-palestinien».
Dans un souci de transparence, je dirais que je l'ai rencontré plusieurs fois, ai assisté à des conférences qu'il a organisées, et que somme toute, je trouve la plupart de ses analyses intéressantes. Contrairement à beaucoup, il ne me viendrait pas à l'idée de le taxer d’antisémitisme, ou même d'antisionisme.
Il a en revanche la naïveté propre aux personnes vraiment intelligentes, ayant eu la chance de faire des études supérieures et vivant dans une démocratie en paix, blanc et homme de surcroît; Une naïveté liée à l'éloignement des réalités humaines fondamentales qu'il n'approche apparemment qu'en théorie.
Armé de sa logique, il suit la ligne du rasoir d'Occam jusqu'à l'absurde, oublieux que ses prises de positions et ses arguments sont utilisés par des antisémites de la pire espèce pour délégitimer le droit à l'existence d'un pays et de sa population. Mais ce n'est pas une relation à sens unique. Quand Pascal Boniface parle de la «centralité» du conflit israélo-palestinien, (dont il reconnaît qu'il n'est pas un des plus meurtriers et dont l'occupation qui en résulte est l'une des moins brutale au monde), quand il s'acharne à en faire un sujet permanent de ses interventions médiatiques, puis qu'il déplore dans un énième livre sur le sujet que ce conflit ai été importé en France, il est exactement dans le rôle qu'une certaine propagande palestinienne et arabe ont cherché à faire jouer à un maximum de faiseurs d'opinion.
La «centralité» de ce conflit, qui est devenu un indicateur politique et moral pour beaucoup, ne s'est pas faite toute seule.
Au début des années 80, voire même au début des années 90, la situation en Israël et en Palestine ne passionnait pas les foules. Mais des groupes politiques ont mis en place une propagande (bien pensée et encore mieux réalisée si on en juge les résultats) pour faire de la cause palestinienne une cause morale universelle.
Deux décennies plus tard, le travail de fond de ces activistes commence à payer. Vous avez aujourd'hui une large part de la population française qui, à priori, pense qu'Israël est un état terroriste qui a volé la terre de pauvres paysans indigènes, nommément les palestiniens.
Que ces gens se soient mis à y réfléchir ces dernières années uniquement, qu'ils n'aient presque aucune connaissances sur l'histoire des différents peuples de la région et qu'ils aient pourtant une opinion aussi tranchée devraient interpeller. Mais non. La «centralité du conflit israélo-palestinien» est devenu un fait établi, comme si elle avait toujours été là, aussi immuable que la gravité et l'héliocentrisme.
En 2005 est créé le mouvement BDS, pour Boycott, Désinvestissement et Sanctions. L'idée majeure de ce mouvement est que si vous dépossédez l’État d'Israël de ses institutions culturelles (arts, médias...), de ses académies universitaires, de ses avancées économiques et des ses institutions politiques et judiciaires, il ne reste qu'un pays en guerre, non démocratique. Comme il n'est pas possible d'obliger Israël à se transformer en Corée du Nord, ce mouvement propose de couper les liens entre Israël et le reste du monde afin d'en changer l'image à défaut de la réalité. Ne me croyez pas moi, croyez Omar Barghouti, un des fondateur de BDS: Vidéo de 2mn16 à 2mn35
Car bien que BDS s’appuie apparemment sur le droit, son objectif n'est pas la fin de l'occupation israélienne dans les territoires palestiniens, c'est la destruction pure et simple de l’État d'Israël. Écoutons leurs fondateurs et leurs leaders:
Omar Barghouti: «Notre campagne actuelle peut être considérée comme le dernier chapitre du projet sioniste. Nous assistons à la disparition rapide du sionisme, et personne ne pourra le sauver. En fait, le sionisme a l’intention de se suicider et pour ma part, je préfère l’euthanasie.»
Assad Abou Khalil: «Justice et Liberté pour les Palestiniens sont incompatibles avec l’existence même de l’Etat d’Israël.»
Ahmed Moor: «Il se peut que le BDS ne signifie pas nécessairement la fin de l’Etat juif. Il est sans doute un mouvement important d'un projet à long terme à savoir la dernière étape vers la confrontation finale.»
Quand le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU est créé en 2006, les mouvement radicaux palestiniens types BDS ont déjà d'excellents relais au sein des pays de la Conférence Islamique (un «des clubs de nations» au sein de l'ONU).
Quelques mois plus tard, est créé sous leur impulsion l'Agenda Item 5 qui oblige le conseil à examiner la situation israélo-palestinienne à chaque session.
Un an plus tard, Israël est le seul pays qui a été condamné pour violation des droits humains fondamentaux. À titre d'exemple, au même moment, le conseil s'est senti « profondément concerné » par la situation au Soudan (qui à l'époque n'avait rien à envier à la Syrie d'aujourd'hui).
La fameuse centralité de ce conflit n'est donc pas que française, elle est mondiale. Mais elle en devient absurde au point qu'on pourrait en piquer un fou rire si ce n'était si tragique: ce vendredi 28 mars, le Conseil des Droits de l'Homme a condamné Israël pour son traitement des syriens sur la plateau du Golan (occupé depuis la fin de la guerre des 6 jours). Là encore vous avez bien lu: Israël à été condamné pour son traitement des civils syriens.
Quand on sait ce qui se passe de l'autre côté de la frontière, les crimes de guerre commis par milliers quotidiennement par toutes les factions, on se dit qu'un énième organe de l'organisation des Nations Unies, un de ceux qui devrait être le plus apolitique, le plus efficace, afin de promouvoir des avancées réelles a été complètement récupéré par des groupes d'intérêts particuliers.
Lucie.