Les multiples vies de Jacques Toubon
- 1981-1995 : député RPR de Paris
Elu député de Paris en 1981, en pleine vague rose, Jacques Toubon sera ensuite réélu sans discontinuer jusqu'en 1995.
En 1981, il vote contre l'ensemble du projet de loi abolissant la peine de mort parce qu'il reproche au texte de ne pas « réviser l'échelle des peines à travers une réforme du code pénal ». Il vote en revanche pour l'article 1er prescrivant que « la peine de mort est abolie ». « Par conviction intime, je suis favorable à l'abolition de la peine de mort », déclare-t-il alors.
Le 27 juillet 1982, il vote contre l'abrogation de l'alinéa 2 de l'article 331 du Code pénal relatif aux relations homosexuelles avec les mineurs de plus de 15 ans. Deux votes qui lui sont aujourd'hui reprochés par une partie de la gauche.
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En 1984, il est sanctionné d'une retenue de la moitié de son indemnité parlementaire pour avoir mis en cause avec deux autres députés UDF le passé de résistant du président de la République François Mitterrand.
- 1984-1988 : secrétaire général du RPR
Sous le parrainage de Jacques Chirac, Jacques Toubon gravit méthodiquement les échelons du RPR. Délégué national en 1977, secrétaire général adjoint en 1978, il devient secrétaire général du parti en 1984 tandis que les quadras de la formation sont appelés à participer au gouvernement de cohabitation dirigé par Jacques Chirac.
- 1993-1995 : ministre de la culture et de la francophonie
En 1993, Jacques Toubon succède à Jack Lang au ministère de la culture dans le gouvernement de cohabitation formé par Edouard Balladur. Le fidèle de Jacques Chirac se serait bien vu au ministère de la justice. L'un de ses combats, sa loi sur la défense de la langue française de juillet 1994, amendée par le Conseil constitutionnel, le fait qualifier de « Mister All good ».
- 1995-1997 : ministre de la justice
En 1995, alors qu'il aurait préféré succéder à Jacques Chirac à la mairie de Paris, il est nommé garde des sceaux dans le gouvernement d'Alain Juppé.
Interrogé à l'Assemblée nationale le 29 novembre 1995 sur le contrat d'union sociale, l'ancêtre du pacs, Jacques Toubon répond que « le gouvernement n'est pas favorable parce que l'ordre public s'y oppose ».
En octobre 1996, il met en œuvre des moyens démesurés pour éviter une mise en examen à Xavière Tiberi. L'épouse du maire de Paris est accusé d'avoir touché un salaire fictif de 200 000 francs pour un rapport contesté sur « les orientations du conseil général de l'Essonne en matière de coopération décentralisée ». En l'absence du procureur d'Evry, parti en vacances dans l'Himalaya, le procureur adjoint a décidé d'ouvrir une information judiciaire.
Un hélicoptère est alors affrété au Népal. Un membre de l'ambassade de France à Katmandou est chargé de remettre au procureur un document lui demandant de confirmer par écrit les consignes d'enquête préliminaire qu'il a laissées en partant... L'affaire, lorsqu'elle est révélée, fait grand bruit tant elle illustre la mainmise du gouvernement sur le parquet et les « affaires » qui visent certains membres proches de Jacques Chirac.
- Avril 1998 : la tentative de « putsch » contre Jean Tiberi
En avril 1998, Jacques Toubon et quelques « putschistes », dont Bernard Pons, tentent de renverser la majorité municipale à Paris pour fairetomber Jean Tiberi. Philippe Séguin, alors président du RPR, menace les dissidents de leur retirer l'investiture du parti. Le petit groupe ravale ses ambitions et retourne s'asseoir sur les bancs du Conseil de Paris.
- 2001 : Philippe Séguin lui retire la tête de liste pour les élections municipales
Maire du 13e arrondissement de Paris depuis 1983, Jacques Toubon est la première victime, en décembre 2000, du précepte voulu par Philippe Séguin, candidat RPR aux municipales à Paris, selon lequel aucun candidat mis en examen ne doit être tête de liste.
Candidat à sa propre succession, Jacques Toubon n'accepte pas d'être « rétrogradé » en deuxième position sur la liste, après le rétablissement par la Cour de cassation, le 13 décembre, de sa mise en examen pour « complicité de prise illégale d'intérêt ».
En février 2003, la cour d'appel de Montpellier rendra un non-lieu en sa faveur dans ce dossier.
- 2004-2009 : député européen
Elu député européen en 2004, Jacques Toubon n'est pas sélectionné pour figurer sur les listes de la majorité présidentielle aux élections européennes du 7 juin 2009. Amer, il déclare : « l'UMP m'a oublié ». Il critique des choix faits en fonction de « nécessités électorales » et non en fonction « des compétences » des candidats.
L'Elysée lui confie alors la mission de « préparer et d'assurer la mise en œuvre d'une initiative : 2010, Année de l'Afrique ». Il est ensuite membre de la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet (Hadopi).
Depuis quelques mois, Jacques Toubon siégeait à la Haute Autorité chargée de préparer la primaire de 2016 à l'UMP. Il présidait aussi le conseil d'orientation du Musée de l'histoire de l'immigration, situé à Paris, qu'il avait contribué à créer.
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