Manifestation massive à Taïwan contre un pacte commercial avec la Chine
Les manifestants portaient des banderoles engageant à « Défendre la démocratie » et à « Retirer le pacte commercial sur les services ». Ils ont défilé dans les rues menant à la présidence, sous l'oeil de quelque 3 500 policiers.
Les organisateurs espèrent une centaine de milliers de personnes dans la rue dimanche. Une première estimation de la police évoquait 87 000 manifestants. « Nous ne répliquerons pas à une action violente de la police ou d'autres groupes quels qu'ils soient. Nous resterons pacifiques (...). Toute forme de violence est interdite au sein de ce mouvement », a déclaré le dirigeant des étudiants, Lin Fei-fan.
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UNE ATTEINTE À L'ÉCONOMIE DE TAÏWAN
Les manifestants demandent à ce que l'accord commercial sur les services, et tout autre accord ou négociations en cours avec la Chine, soient suspendus jusqu'au passage d'une loi qui examinerait de près de tels accords. Ce traité avec la Chine, premier partenaire commercial de l'île, découle de l'accord-cadre sino-taïwanais de coopération économique signé en 2010. Il prévoit l'ouverture aux entreprises taïwanaises de 80 secteurs des services en Chine, et 64 secteurs taïwanais aux entreprises chinoises.
Pour les opposants, le texte va porter atteinte à l'économie de Taïwan et la rendre vulnérable aux pressions politiques de Pékin, des allégations rejetées par le président Ma Ying-jeou, qui a averti qu'un échec de la ratification compromettrait les efforts de Taïwan de conclure de nouveaux accords commerciaux.
Le président, qui travaille depuis son arrivée au pouvoir en 2008 à un apaisement des tensions et un renforcement des liens économiques entre son île et la Chine, a rejeté le demande des opposants d'annuler le pacte commercial. Mais il a accepté samedi l'introduction d'une loi visant à examiner tout accord avec la Chine.
Depuis la fin de la guerre civile en 1949, qui a accouché de la « République de Chine » et de la « République populaire de Chine », Pékin et Taipei revendiquent séparément leur pleine autorité sur la Chine. Cette année-là, deux millions de Chinois fidèles au chef nationaliste Chiang Kai-shek, défait par les hommes de Mao, s'étaient réfugiés sur l'île de Taïwan. Pékin considère Taïwan comme lui appartenant et n'a pas renoncé à la réunification, par la force si nécessaire.
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