L'armée syrienne reprend le contrôle du passage de Qouneitra
Cette évolution du rapport de force sur le terrain et les informations sur l'utilisation de gaz chimiques ces derniers mois ont incité la Russie, principale alliée du régime de Damas, à mettre en garde les pays occidentaux contre toute tentation d'intervention militaire.
Au lendemain de la chute de la ville stratégique de Qoussair après plus de deux semaines de siège, les insurgés ont essayé de reprendre l'initiative en prenant d'assaut le point de passage frontalier géré par l'Organisation des Nations unies sur le plateau du Golan, dans la zone démilitarisée entre Israël et la Syrie.
Pour la première fois depuis le début du conflit syrien, les rebelles ont brièvement occupé le poste frontalier, avant d'en être délogés par l'armée régulière à l'issue de violents combats, dit-on de sources israéliennes. Ces combats n'ont pas fait de victime dans les rangs des casques bleus, réfugiés dans leurs bunkers.
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- Retrait des troupes autrichiennes
Face à l'extension du conflit syrien dans cette zone de contact, le gouvernement autrichien a annoncé qu'il allait retirer son contingent de casques bleus présents sur le plateau du Golan. Le maintien de la mission "n'est plus possible", ont affirmé dans un communiqué Werner Faymann, chancelier, et Michael Spindelegger, vice-chancelier et ministre des affaires étrangères, ajoutant que "la sécurité de nos soldates et soldats [était] prioritaire".
Le contingent autrichien s'élève à trois cent soixante-dix-huit hommes et femmes au sein de la Force des Nations unies chargée d'observer le dégagement (Fnuod) du Golan. Cette force, dont les membres sont seulement équipés d'armes de poing défensives, est chargée depuis 1974 de fairerespecter un cessez-le-feu sur le plateau du Golan, région du sud-ouest de la Syrie occupée en grande partie par Israël. Cette décision pourrait remettre en cause l'existence même de cette mission qui compte au total un millier d'hommes.
- Près de deux cents islamistes russes aux côtés d'Al-Qaida en Syrie
"La Russie est inquiète du fait que près de deux cents rebelles de l''émirat du Caucase' combattent sous le drapeau d'Al-Qaida et d'autres structures affiliées", a déclaré le chef du service fédéral de sécurité, Alexandre Bortnikov. L'émirat du Caucase se veut un "Etat", autoproclamé en 2007 par le chef rebelle tchétchène Dokou Oumarov, visant à instaurer la charia dans le Caucase russe.
Après la première guerre de Tchétchénie (1994-1996) entre forces fédérales russes et indépendantistes, la rébellion s'est progressivement islamisée et a de plus en plus débordé hors des frontières tchétchènes pour se transformer au milieu des années 2000 en un mouvement islamiste armé actif dans tout le nord du Caucase. "Nous assistons actuellement à un processus d'intensification des activités des combattants qui se rendent là-bas", en Syrie, a-t-il poursuivi.
- Blessés israéliens et syriens
Deux Syriens blessés ont été évacués vers un hôpital de Safed, dans le nord d'Israël, a déclaré un porte-parole militaire israélien. L'hôpital Ziv de Safed a annoncé dans un communiqué qu'une grenade avait été découverte sur l'un des deux blessés, qui était "grièvement touché et inconscient", provoquant une brève évacuation et l'intervention d'une équipe de déminage.
Mercredi, l'hôpital avait indiqué qu'un blessé syrien avait succombé lors de son transfert vers l'établissement, ajoutant qu'au cours des derniers trois mois, au moins seize blessés dans les combats entre armée et rébellion sur la partie non occupée du Golan y avaient été soignés.
- Unique point de contact entre Israël et la Syrie
L'Etat d'Israël est officiellement en état de guerre avec la Syrie. Depuis 1967, il a annexé environ 1 200 kilomètres carrés du plateau du Golan, une décision qui n'a jamais été reconnue par la communauté internationale, environ 510 kilomètres carrés restant sous contrôle syrien.
Le point de passage de Qouneitra est emprunté essentiellement par des habitants druzes de la partie du Golan occupée par Israël pour aller étudier, travailler ou se marier en Syrie. Une source de sécurité israélienne a rappelé que "le passage de Qouneitra était jusqu'à présent l'unique point de contact d'Israël avec la Syrie" et se trouvait tout près du quartier général de la force de l'ONU déployée pour fairerespecter le cessez-le-feu, la Fnuod.
- La prise de Qoussair ne restera pas impunie, selon Paris
Avec la prise de Qoussair, le pouvoir syrien apparaît résolument en position de force. La Russie a salué un "succès incontestable", tout en soulignant que l'emploi de la force ne résoudrait pas tous les problèmes en Syrie.
Selon l'OSDH, la ville a été totalement ravagée par les combats. "Qoussair est complètement détruite, complètement désertée", a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme.
Des "atrocités" ont été commises à Qoussair qui ne devront pas rester impunies, a affirmé Paris, qui "condamne avec la plus grande fermeté les exactions commises par le régime avec le soutien du Hezbollah" dans la ville. La région de Qoussair est un carrefour des routes d'approvisionnement, aussi bien pour l'armée que pour les rebelles. Elle se trouve en outre entre Damas et le littoral, fief de la minorité alaouite, branche du chiisme à laquelle appartient le président Bachar Al-Assad.
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