Grippe H7N9 : des cas confirmés de résistance au Tamiflu
Dans une étude publiée mardi 28 mai dans la revue médicale The Lancet, le DrZhenghong Yuang (Shanghai Medical College de l'université Fudan, en Chine) et ses collègues décrivent trois cas de résistance aux antiviraux chez des patients infectés par le virus H7N9 en Chine.
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L'équipe a étudié le cas de quatorze patients hospitalisés à Shanghaï en avril avec une infection confirmée par le virus H7N9. Chez trois patients sévèrement atteints, le traitement antiviral n'a pas réduit la charge virale, conduisant les virologues à suspecter une résistance. Elle a été confirmée par l'analyse génétique du virus, les virologues ayant trouvé une mutation caractéristique de la résistance aux antiviraux (oseltamivir ou Tamiflu et peramivir).
Deux de ces patients sont morts et le troisième patient était placé sous assistance respiratoire extracorporelle au moment où l'étude a été soumise à la revue.
UNE RÉSISTANCE "PRÉOCCUPANTE"
"L'apparente facilité avec laquelle la résistance aux antiviraux a émergé dans le virus H7N9 est préoccupante", estiment les auteurs de l'étude. Cent trente personnes ont été infectées par le virus en Chine. Trente-sept d'entre elles sont mortes. Aucun nouveau cas humain n'a été enregistré au cours des deux dernières semaines, a dit lundi le gouvernement chinois.
Les antiviraux comme le Tamiflu sont le seul traitement actuellement disponible contre la grippe H7N9. Ils permettent en général de réduire la charge virale et de soigner les malades.
Jusqu'à présent, aucune transmission de personne à personne nécessaire pour pouvoircommencer à parler de pandémie n'a été constatée avec ce virus qui infecte les volailles, sans les rendre malades. Toutefois le virus peut se transmettre chez les mammifères, selon une étude publiée récemment dans la revue américaine Science, qui invitait à la "vigilance" dans le cas où le virus muterait pour devenir aisément transmissible chez l'homme.
"EN CONSTANTE MUTATION"
Dans l'étude du Lancet, les chercheurs relèvent que la résistance aux antiviraux est intervenue plus spécialement chez les patients recevant des corticostéroïdes, un type d'anti-inflammatoire.
Ils indiquent également avoir découvert des traces d'acide ribonucléique (ARN) viral dans la gorge, le sang, les selles et les urines de plusieurs patients, ce qui pourrait signifier que le virus a la capacité de se disséminer au-delà du système respiratoire. Mais ils ajoutent que de nouvelles études seront nécessaires pour confirmer cette dissémination.
La directrice de l'Organisation mondiale de la santé, Margaret Chan, avait, pour sa part, indiqué le 21 mai que l'évolution de la maladie était impossible à prévoir, car "les virus de la grippe aviaire sont en constante mutation".