La fin des «stock options»?
par Yves Barou,
Avec les soubresauts financiers, le débat sur les stock options a rebondi. Et François Hollande a annoncé leur suppression. De quoi s’agit-il? Que faut-il en penser?
Une « stock option» c’est le droit donné à un dirigeant d’acheter dans le futur une action de son entreprise au cours d’aujourd’hui. Si l’action baisse, cela ne vaut rien. En cas de hausse, le bénéficiaire empoche la différence puisqu’il achète l’action au cours fixé initialement et la revend presque toujours immédiatement au cours du jour .
Qui paie? Ce sont les actionnaires qui en fait financent cette plus-value car de nouvelles actions étant en général émises, leur part dans l’entreprise se voit diluée. Avec les nouvelles normes comptables IFRS l’entreprise doit désormais provisionner un montant censé estimer le gain futur de l’intéressé.
Il s’agit donc d’un transfert des actionnaires vers les dirigeants pour, selon l’expression habituelle, «aligner leurs intérêts sur ces derniers». Comme s’il fallait les opposer aux autres salariés!
La pratique de ces «options d’achat», pour parler français, a posé avec le temps plusieurs problèmes sérieux: leur distribution a été très inégalitaire, contribuant à l’explosion de la hiérarchie des gains dans l’entreprise ; les dirigeants étant par définition bien informés des risques de leur entreprise ont été parfois suspectés d’être «initiés»; les gains résultant de ces options étant en France moins taxés que les salaires, ce qui n’est pas le cas aux US, une forme d’inégalité s’est introduite dans le traitement des revenus des salariés.
Plus fondamentalement la valeur boursière ne représente plus la valeur réelle d’une entreprise et les variations sont de moins en moins explicables par les résultats et les perspectives de l’entreprise. Chacun le sait même si les news nous déversent chaque jour les variations quotidiennes du CAC 40!
Dans ce contexte les «stocks options» deviennent en quelque sorte des billets de loterie. Elles ne représentent plus une rémunération additionnelle récompensant la contribution individuelle. Elles peuvent même démotiver car depuis quelques années beaucoup de ces options ne valent plus rien.
Discréditées par les excès dans leur distribution, devenues erratiques avec les aléas boursiers, ces options d’achat d’actions ne sont plus un bon outil de gestion des ressources humaines .
De plus dans une période où des efforts seront demandés à tous, elles symbolisent de manière choquante les excès du monde de la finance. Ce mode de rémunération, comme d’autres liés aux résultats purement financiers, est dépassé car il ne reflète pas ou plus, la véritable création de richesse sociale.
Beaucoup d’entreprises croient aujourd’hui trouver dans la distribution gratuite d’actions un substitut raisonnable. En fait, cette nouvelle modalité a les mêmes inconvénients sans la variabilité; en d’autres termes c’est cette fois un billet de loterie gratuit qui gagne à tous les coups comme on le promet sur certains stands des fêtes foraines; mais au moins dans ces stands les billets sont-ils payants!
Il faudra enfin que la fiscalité cesse de favoriser ces modalités peu vertueuses en période où l’effort pour être socialement acceptable, doit être partagé.
Yves Barou
Economiste. Président du Cercle des DRH Européens.