La mort de Clément Méric et une société « malade de la peste »
PAR LOUISE GAGGINI
La mort tragique de Clément Méric, aura servi le cynisme des politiques, donné la possibilité d’une bonne conscience à certains, mais surtout aura servi de révélateur à notre société « malade de la peste ».
La société française qu’on pouvait croire évoluée, elle fut capable d’abolir la peine de mort, vient de démontrer qu’elle était toujours déterminée par la tribalité, le goût du meurtre et du sang, le besoin de violence.
La mort du jeune militant extrémiste de gauche, vient de lever le dernier des voiles sur une nature humaine que ni l’éducation, ni la philosophie, ni les religions, ni l’amour n’ont été capables de rendre moins sauvage et moins brutale, plus apte à vivre avec l’autre et les autres, ses frères humains.
Une animalité préhistorique la maintient dans des comportements tueurs qu’elle contrôle difficilement et qui ressurgissent, enflammés et animés par des chefs de meute et de clans, pareillement soumis aux mêmes pulsions et qui dressent les individus les uns contre les autres, activant les haines et les peurs qui soudain se confondent en des désirs de mort et des actes irréversibles.
L’homo sapiens sapiens n’est plus alors que l’objet de son archaïsme, loin de l’aptitude qu’il semblait avoir à transcender son humanité, même si pour des raisons d’écartèlement récurrent entre histoire et préhistoire, il a besoin pour se livrer au carnage, d’une idée « morale » capable de camoufler sa pulsion de mort.
C’est toujours au nom de la justice et des libertés, des droits de l’homme sur la terre ou au ciel que sont perpétrés les pires atrocités et que les hommes tuent et lapident.
Mais, si on y réfléchit, on s’aperçoit vite de l’escroquerie qui préside aux actions des hommes, quel que soit leur bord, de droite ou de gauche, et on prend aussi très vite conscience de leurs dénominateurs communs : l’envie et la nécessité de la violence et du meurtre, l’envie de tuer l’autre pour la seule jouissance d’être le plus fort et de s’approprier le territoire.
- Moi Tarzan, a dit Meric
- Moi Tarzan aussi, a riposté l’autre…
Et l’enfant Méric est mort tandis que l’enfant Esteban, emprisonné, portera toute sa vie le poids de son acte.
Deux gamins, deux gosses confrontés aux miasmes culturels qui traînent et à cette violence primitive en eux réanimée par les peurs des transformations sociétales, la montée des guerres du monde, l’incohérence qui règne chez les adultes entre sauver ou tuer son prochain, et la nécessité d’avoir un exutoire immédiat.
La connaissance totale du génome un jour nous permettra de comprendre pourquoi, alors que nous les croyons opposées, l’ombre et la lumière sont si semblable, que le basculement de l’une à l’autre n’est qu’affaire d’instants et de situations extrêmes.
Il nous faudra un jour comprendre pourquoi même après avoir identifié les pulsions de vie et de mort, nous restons attachés à la nécessité du meurtre comme à un lien originel.
LG