Reuters publié le 31.10.2012
Sandy ravive le débat sur la gestion du changement climatique
WASHINGTON (Reuters) - Le passage de l'ouragan Sandy, qui a entraîné des inondations et d'importants dommages dans l'est des États-Unis, pourrait obliger le Congrès et le futur président américain à s'intéresser aux conséquences du changement climatique alors que le coût des catastrophes naturelles apparaît de plus en plus élevé.
La tempête a fait une quarantaine de morts aux Etats-Unis, privé de courant plus de huit millions de personnes et endommagé des infrastructures vitales comme le métro new-yorkais.
Eqecat, société spécialisée dans le chiffrage des dommages liés aux catastrophes naturelles, évalue les pertes assurées dans une fourchette comprise entre cinq et dix milliards de dollars (quatre à huit milliards d'euros) et entre 10 à 20 millions de dollars les pertes économiques.
Le passage de l'ouragan Irene l'an dernier également sur le nord-est du pays avait coûté 4,5 milliards de dollars aux assureurs.
Selon le groupe Ceres, les inondations, tornades et autres événements climatiques extrêmes frappant les États-Unis pèsent de manière significative sur l'économie.
Outre l'ouragan Sandy, la sécheresse survenue cette année devrait coûter 20 milliards de dollars aux assureurs.
"Cette tempête, ainsi que la sécheresse et les incendies qui ont atteint des proportions catastrophiques dans l'ouest des Etats-Unis mettent en lumière la nécessité pour les membres du Congrès de commencer à prendre au sérieux la réalité des changements climatiques", explique Sharlene Leurig, du Ceres.
"Il est probable que le type de tempêtes dont nous venons d'être témoins devienne de plus en plus commun", a-t-elle dit, avertissant que les répercussions se trouveraient également "dans le bilan des contribuables américains".
ABSENT DE LA CAMPAGNE
Le programme national d'assurance contre les inondations (NFIP) enregistre une dette de plus de 20 milliards de dollars depuis l'ouragan Katrina en 2005 et pourrait coûter davantage au contribuable américain alors que la fréquence de ces événements climatiques augmente, souligne-t-elle.
"Sandy épuisera probablement les trois milliards de dollars restants au NFIP, qui devra donc demander au Congrès de financer le reste", confirme R.J. Lehmann, chercheur à l'institut R Street.
A court terme, estime-t-il, le NFIP doit rechercher de nouveaux financements, notamment en se réassurant et en émettant des obligations, "afin que le marché privé plutôt que les contribuables assument ce type de risques dans le futur".
Des groupes de défense de l'environnement et quelques analystes politiques dénoncent par ailleurs le silence sur le changement climatique lors des débats de la campagne présidentielle.
Pour Jennifer Morgan et Kevin Kennedy, du groupe de réflexion World Resources Institute, cette absence de débat sur la question est "extrêmement troublante" étant donnés les récents événements.
"Nous avons besoin que nos représentants brisent le silence sur le changement climatique (...) Le futur président et le Congrès devront avancer sur le sujet."
L'ancien président Bill Clinton, qui soutient activement Barack Obama dans sa campagne, a, lui, pris au mot Mitt Romney qui avait déclaré durant la convention républicaine que le président Obama s'inquiétait plus de la hausse du niveau des océans que des familles.
"Partout sur la côte Est, se trouvent des maires républicains à qui l'on dit : Vous devez déplacer ces habitations qui se trouvent près du niveau de la mer, les surélever", a-t-il souligné lors d'un discours de campagne mardi dans le Minnesota.
"Le changement climatique va relever le niveau des eaux sur une base permanente. Si vous voulez que votre ville soit assurée, vous devez faire cela."
Bien que la Chambre des représentants ait voté un projet de loi sur le changement climatique en 2009, le Sénat n'avait pas suivi.
Agathe Machecourt pour le service français, édité par Danielle Rouquié
Le Point.fr - Publié le 31/10/2012
Syrie : l'aéroport militaire de Hama, prison la plus redoutée du pays
Le lieu, géré par les services de renseignement de l'armée de l'air, voit les pires violations des droits de l'homme.
L'aéroport militaire de Hama, dans le centre de la Syrie, a été transformé par les autorités en l'une des prisons les plus redoutées du pays : les détenus sont entassés dans des hangars et la torture sévit, selon des défenseurs des droits de l'homme et d'anciens détenus. Hama, déjà tristement célèbre pour la répression sanglante du soulèvement des Frères musulmans en février 1982, a aussi été marquée par les violences du conflit qui a débuté en mars 2011 par une contestation pour réclamer la chute du régime de Bachar el-Assad. Des militants à Hama ont pris part au soulèvement anti-régime, mais après un siège de près de six semaines l'été dernier, les forces gouvernementales ont pris le contrôle total de la ville.
Depuis, contester ouvertement a été quasi impossible, les forces de sécurité procédant à des arrestations systématiques, affirment des défenseurs des droits de l'homme. Les personnes arrêtées sont souvent amenées à l'aéroport militaire de Hama. Ses pistes sont toujours utilisées pour permettre aux avions militaires de décoller, mais il est aussi devenu une prison gérée par les redoutés services de renseignements de l'armée de l'air. "L'aéroport est connu pour être l'endroit où sont commises les pires violations des droits de l'homme", souligne un militant à Hama contacté via Skype. "L'aéroport est terrifiant. Les gens versent des pots-de-vin juste pour être transférés ailleurs", explique ce militant qui se présente sous le nom d'Abou Ghazi.
Pas de dossiers
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé en Grande-Bretagne et qui s'appuie sur un réseau de militants et de sources médicales, l'aéroport est réputé "pour ses méthodes de torture les plus odieuses et le meurtre de détenus". Le régime a transformé plusieurs installations publiques, notamment des stades et des écoles, en centres de détention en raison de prisons surpeuplées. Au moins 700 détenus ont succombé sous la torture à travers le pays et de nombreux autres souffrent d'invalidité permanente, selon l'OSDH.
Mais l'aéroport militaire de Hama a la plus mauvaise réputation de tous les centres de détention informels, souligne le président de cette ONG, Rami Abdel Rahmane. "Plusieurs milliers de prisonniers, jeunes et vieux, ont souffert des formes les plus brutales de torture et de meurtres. Comme il ne s'agit pas d'une prison officielle, il n'y a pas de dossiers sur les détenus", dit-il. "Parfois, plus de 500 détenus sont entassés dans un hangar, où la température peut atteindre plus de 50 degrés l'été", ajoute Rami Abdel Rahmane, faisant état de "la mort de plusieurs détenus à la suite de problèmes cardiaques ou respiratoires".
Arrêté début juillet, le militant Mourad al-Hamwi, 25 ans, a été détenu pendant 75 jours à l'aéroport. "Nous étions 57 détenus dans un cachot de 4 mètres sur 3", raconte-t-il. "L'odeur de sang, mêlée à celles de la moisissure et de la transpiration, était étouffante. L'environnement était idéal pour la prolifération des poux, des cafards et des insectes. Les détenus, dont des préadolescents et des hommes âgés, certains vêtus qu'à moitié, d'autres nus, portaient tous des traces d'hématomes sur le corps", poursuit-il. Selon lui, au moins 40 détenus sont morts sous la torture pendant les 75 jours qu'il a passés à l'aéroport. "L'un d'eux, Jihad Saleh, est mort de faim dans le couloir devant ma cellule. Il était couché sur le ventre, les mains attachées aux pieds derrière le dos", raconte-t-il. Un autre homme était détenu dans la cellule avec sa famille, dont quatre enfants. "Ils lui ont brisé une jambe quand il a admis être un rebelle. Il m'a dit en larmes qu'il était prêt à sacrifier un de ses enfants pour sauver le reste de sa famille", se souvient Mourad al-Hamwi. "Ce que subissent les détenus syriens est ignoré par le monde entier. Nous ne pouvons nous en remettre qu'à Dieu."