Vivre à DEUX, ça s'apprend
Vivre ensemble, ça s'apprend
Elle et lui sont divorcés, ils ont chacun un ou plusieurs enfants et ont décidé de vivre tous ensemble en formant une nouvelle famille. Dans cette définition de la famille “recomposée”, il y a quelques variantes.
Il ou elle n’a pas la garde de ses enfants, mais les reçoit le week-end. Ou bien encore, il ou elle est tout simplement célibataire et se voit attribuer d’un seul coup le grade de parent. Dynamiques et enjouées, les nouvelles familles ont un but commun : retrouver une forme de bonheur en essayant d’harmoniser les caractères de chacun.
Ils sont bien ensemble, et s’ils n’avaient pas vraiment envie de replonger dans la vie à deux, ils ne désirent pas non plus se quitter. Donc ils décident de se mettre en ménage (mariage ou concubinage). Pour les enfants, c’est plus pratique ! Une fois que tout le monde s’est respectivement apprivoisé, il apparaît évident que vivre sous le même toit serait à la fois plus “marrant” et plus réconfortant. C’est là un parcours classique qui mène à la recomposition d’une nouvelle famille.
Cette fois-ci, il s’agit de ne pas se faire marcher sur les pieds et chacun fixe ses exigences. Les plus grands revendiquent un maximum d’indépendance tandis que les plus petits refont leur nid. Et s’il arrive un nouvel enfant, il deviendra le ciment du groupe, faisant de tous les membres de la famille des frères, des sœurs et des parents à part entière. Entre ces univers différents vont se créer des ramifications, des sympathies, mais aussi des incompatibilités.
Faire avec ou être avec ?
Comme dans tout groupement humain, la réunion de personnes qui partagent des sentiments pose parfois de petits, voire de grands problèmes. Difficile d’écarter pour toujours rivalité, jalousie, instinct de possession ou inimitié, toutes ces expressions communes et familières de l’âme humaine auxquelles chacun de nous est confronté un jour où l’autre dans sa vie. La capacité d’adaptation de chacun va varier selon un certains nombre de facteurs : l’âge, le sexe, le caractère, la position hiérarchique au sein du groupe, l’histoire vécue précédemment, l’appartenance culturelle... A cela s’ajoutent les espoirs et les craintes de chacun. Quand on recommence une histoire, on est parfois enclin à émettre une certaine réticence... ou au contraire de vouer une confiance aveugle, histoire de se protéger de toute déception !
Bien qu’ils aient tiré un trait sur leur passé, les différents membres du groupe expriment, parfois bien malgré eux, une certaine nostalgie. “Maman, elle faisait comme ça” ou bien encore “C’est fou comme tu ressembles à ton père”. Toutes les allusions aux personnes qui font partie de l’ancienne famille ne sont pas bonnes à être entendues par tout le monde ! Elles peuvent raviver des sentiments négatifs et créer des tensions.
Passer d’une famille à l’autre est une transaction qui est beaucoup plus longue à réaliser mentalement que physiquement. Une femme, par exemple, peut rester attachée à certaines conceptions qu’elle a élaborées aux côtés de son ex-mari, et bien que séparée de celui-ci, elle a gardé certaines de ses idées. Si le nouveau conjoint le ressent, il risque de s’en agacer et il y aura des frictions. Si c’est un enfant qui exprime une appartenance gênante vis-à-vis de son beau-père ou de sa belle-mère, il s’installera une rivalité. Avant que la nouvelle famille ne trouve une unité et des valeurs communes, chacun devra user de tact et de diplomatie. Le chemin pour arriver à ce carrefour est à la fois individuel et collectif. Il faut attendre les plus petits ou les plus lents, si l’on veut avoir une chance de se rencontrer vraiment.
Pour bien vivre ensemble
- Liquider les vieilles rancœurs familiales. A nouvelle famille, nouveau départ !
- Ne garder que le bon côté des absents. Ne pas oublier qu’ils ont des liens de parenté avec certains membres de la nouvelle communauté. L’esprit de complot entraîne la guérilla.
- Apprendre à communiquer pour dissiper les malentendus et les non-dits. Dire tout ce qui ne va pas, simplement et gentiment et avant que cela ne prenne des proportions incontrôlables.
- Ne pas fuir les conflits, il vaut mieux régler ses comptes qu’emmagasiner les contentieux.
- Respecter l’espace de chacun et celui de tous. Si la fonction crée l’organe, la maison fait la famille.
- Aménager un petit coin pour chaque enfant, définir un espace pour le travail, un autre pour les loisirs... Vie privée et vie commune doivent être favorisées.
- Elargir le cercle familial afin que chacun n’attende pas tout de l’autre. Intégrer les oncles, les tantes, les beaux-frères, les belles-sœurs, les grands-pères et les grands-mères.
- Respecter la place de l’autre. L’enfant n’a pas à jouer le rôle de parent-adjoint, pas plus que le beau-parent ne doit remplacer le parent absent.
- Eviter de faire bloc et de créer des rapports de force afin de désamorcer tous les conflits. Ne pas faire éprouver de la honte à quelqu’un devant des témoins. Les problèmes se règlent d’abord entre quatre z’yeux.
- De la même façon, ne pas diviser pour mieux régner. Les absents ont aussi leur mot à dire.
- Donner le bon exemple. Avant de revendiquer quelque chose, s’assurer qu’on est soi-même capable de le faire.
- Développer le sens des responsabilités et de l’engagement. Pour cela, s’organiser et fixer les limites à ne pas dépasser, les droits et obligations de chacun.
Eva Folley
PROCHAIN DOSSIER :
« VIVRE AVEC LES ENFANTS D’UN AUTRE »