Bouteflika, élection mascarade
Bouteflika, mascarades d’élections
On veut nous faire croire que Bouteflika n’est pas un dictateur...
Après deux années de silence depuis son fameux discours lors de la cérémonie souvenir du 8 mai 2012 à Sétif, Bouteflika laissait entrevoir, enfin, une passation de pouvoir. Une alternance attendue mais malheureusement improbable, car il n’a pas su résister aux appels « au secours » de son clan. Il a donc déposé sa candidature en personne ce lundi matin, pour un quatrième mandat, comme l’y obligent l’article 74 de la Constitution et l’article 32 de la loi électorale.
C’est dans un état de santé pitoyable, avec une voix presque inaudible et le regard hagard, qu’il s’est adressé très brièvement aux personnalités présentes. « Les yeux battus, la mine triste et les joues blêmes… Tu n’es plus que l’ombre de toi-même. » Il ne s’agit pas ici du célèbre Bambino mais du très probable futur président de la République algérienne.
Ils seront donc probablement cinq prétendants à la magistrature suprême : Abdelaziz Bouteflika, Moussa Touati (FNA), Abdelaziz Belaïd (FM), Ali Zeghdoud (RA) et Louisa Hanoune (PT).
Des personnalités politiques de premier plan refusent de prendre part à cette mascarade pro-funèbre comme Ali-Yahia Abdennour, président d’honneur de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme, Ahmed-Taleb Ibrahimi, ancien candidat en 1999, mais aussi Kamal Benkoussa, Soufiane Djilali, Ahmed Benbitour, l’ex-général Tahar Yala, Djamel Zenati, Karim Tabbou et bien d’autres.
Tous les autres partis qui espéraient un scrutin démocratique (RCD, MSP, FJD, Ennahda, Jil Jadid, etc.) ont décidé de s’abstenir. Ils demandent de boycotter mais aussi de se mobiliser fortement pour rendre illégitime cette élection par tous les moyens pacifiques.
Puisque l’élection est désormais verrouillée et que le résultat est connu (il s’imposera de gré ou de force), il ne reste que la rue pour s’y opposer. Mais quand elle tente de le faire, comme lundi matin devant le siège du Conseil constitutionnel, la police aux ordres du pouvoir en place et du général Hamel est présente pour lui coller un sparadrap sur la bouche. On peut être certain qu’elle n’hésitera pas à user d’arguments plus frappants si nécessaire.
C’est ainsi qu’Amira Bouraoui, cette gynécologue dont j’indiquais il y a quelques jours qu’elle était le fer de lance de la protestation étudiante, a été arrêtée à 10 h 45, en compagnie de Hedda Hezzam, directrice du quotidien El Fadjr et du journaliste du Soir d’Algérie, Mehdi Mehenni.
En revanche, les partisans du candidat Ali Benflis pouvaient, eux, soutenir bruyamment leur champion devant ce même Conseil constitutionnel, afin de donner le sentiment qu’on laissait l’opposition s’exprimer en toute liberté.
On veut nous faire croire que Bouteflika n’est pas un dictateur mais, avec la puissance de son clan imposée à tout le peuple, il ne tardera pas à ressembler aux Kadhafi, Moubarak, Ben Ali et d’autres qui ont tous dû abandonner le pouvoir dans la violence et le sang…
Sources :
http://www.bvoltaire.fr/manuelgomez/algerie-seule-la-rue-peut-sopposer-cette-mascarade-delections,52709