Voile : deux générations se croisent sur la transat AG2R-La Mondiale
Longue de quelque 3 890 milles (environ 7 200 km), la course est divisée en deux segments, comme l'explique le directeur de course, Gilles Chiorri. « Le premier, jusqu'à La Palma [îles Canaries] se déroulera dans un régime perturbé de fin d'hiver et on a vu récemment que ça pouvait être fort. Ensuite, jusqu'à l'arrivée, les conditions seront plus stables. »
Cette course, qui se dispute en double sur un bateau de série (Figaro Bénéteau), a écrit ses lettres de noblesse dès la première course, qui a sacré un certain Michel Desjoyeaux associé à Jacques Caraës. Avec quelques cheveux blancs en plus, revoici le « Professeur » sur le pont. « Depuis ma victoire en 1992, mes résultats, sur cette transat, sont en pente descendante [1er, 4e en 1996, 8e en 1998]. J'espère faire mieux. Mais je n'ai pas pour habitude de regarder derrière moi, » confie le double vainqueur du Vendée Globe et de trois Solitaires du Figaro, qui sort d'un échec sur la transat Jacques-Vabre.
Contrairement à ses trois précédentes expériences, « Mich' Dej' » ne sera pas le « capitaine » à bord de Bretagne-Crédit Mutuel Performance. Ce rôle incombera à Corentin Horeaux, jeune skipper de 24 ans, pur produit de la formation bretonne, qui n'est pas tout à fait un novice sur le circuit Figaro (20e de la Solitaire, 3e au Tour de Bretagne). « Je lui ai envoyé un e-mail et il m'a dit d'accord », résume-t-il sobrement. « C'est un véritable contrat emploi-génération qu'on fait tous les deux ! », plaisante Desjoyeaux.
Depuis le courant passe plutôt bien entre les deux marins, qui s'entraînent depuis six mois sans relâche à Port-La Forêt, au pôle de course au large, en attendant de s'aligner sur le départ aux côtés des quinze autres tandems. Et le plateau est pour le moins relevé avec dans ses rangs les tenants du titre Gildas Morven et Charlie Dalin, à nouveau associés, trois anciens vainqueurs (Desjoyeaux, Roland Jourdain, Jean Le Cam) et des outsiders à la pelle dont Nicolas Lunven (Generali), Erwan Tabarly (Gedimat), Kito de Pavant (Made in Midi) et Fabien Delahaye (Macif), pour ne pas les citer.
MOYENNE D'ÂGE LÉGÈREMENT PLUS ÉLEVÉE
Mis à part une poignée de bizuts, la majorité de ces équipages est un savant mélange d'expérience et de jeunesse, comme une passation de pouvoir entre deux générations de skippers. « La moyenne d'âge de cette édition est légèrement plus élevée que les précédentes éditions. Ça prouve que cette course conserve une attractivité pour les jeunes et reste une référence pour les plus anciens comme Jean Le Cam, Roland Jourdain ou Michel Desjoyeaux », résume Pierre Bojic, directeur général de Pen Duick, société organisatrice de la course.
« C'est une joie de revoir tous ces talents qui ont fait l'histoire de cette course, associés à des jeunes », s'enthousiasme Yvon Breton, directeur général délégué de l'assureur AG2R-La Mondiale, qui se félicite d'avoir pu réunir 15 équipages (un de moins que la précédente édition) malgré la crise économique. « Nous avons créé cette course en pleine crise pendant la guerre du Golfe. Nous voulions garder l'esprit de la course large mais avec des budgets maîtrisés et donc des bateaux de série. Plus de vingt ans plus tard, la crise est à nouveau là et la course est encore là. Aujourd'hui, avec 100 000 euros, un équipage peut y prendre part. C'est une véritable victoire pour nous et pour la voile. »
Désormais, les regards des trente coureurs sont tous tournés vers l'océan direction Saint-Barth. Spectateurs et passionnés de la mer pourront suivre leurs péripéties sur Internet et sur le petit écran. France Télévisions retransmettra une partie de la course grâce à la présence d'un de leurs journalistes à bord du bateau suiveur. Et chaque jour, des vacations en direct seront retransmises depuis Paris.