Le streaming et la musique, plébiscités par les Français en ligne
L'étude a duré la semaine du 26 mars au 3 avril, une semaine, durant laquelle la consommation des sondés aurait été plus faible qu'à l'accoutumée. 11 280 personnes de 15 ans et plus ont été interrogées, dont 7 627 consommant des biens culturels en ligne et 4 740 ayant entièrement rempli le carnet de consommation. Elle compare les pratiques - téléchargement et consultation en ligne (streaming) - gratuites ou payantes, licites ou illicites.
LE STREAMING ET LA MUSIQUE EN TÊTE
Le streaming écrase d'ailleurs le téléchargement : 84 % des sondés ayant rempli leur carnet déclarent avoir consulté des contenus en streaming, contre 49 % en téléchargement. La musique est consultée en lignepar 66 % de l'échantillon, les séries TV par 36 %, les films par 30 % et les livres (y compris audio) par 12 %. Les internautes pratiquant le téléchargement consomment à 28 % de la musique par ce biais, contre 20 % pour les films, 18 % pour les séries TV, 10 % pour les jeux vidéo et 8 % pour les livres.
La musique est, elle, de loin le média le plus consommé. Sur les plus de 64 000 oeuvres téléchargées, près de 54 000 étaient des morceaux de musique. En streaming, les morceaux comptent pour près de 8 300 des 15 500 oeuvres consultées. L'étude s'attache au nombre d'oeuvres consommés et non à la durée de consultation, une chanson est donc considérée comme équivalente à un film, un épisode de série, un livre ou un jeu vidéo.
La légalité de la pratique dépend, elle, du média et de l'offre. Un quart des sondés indique posséder un abonnement pour de la culture en ligne et 42 % avoir acheté un bien culturel dématérialisé. Parmi ceux n'en ayant jamais acheté, 32 % indiquent vouloir le faire par la suite, dont 66 % en paiement à l'acte et à peine 11 % en abonnement. L'accès gratuit domine d'ailleurs le payant en téléchargement et streaming, allant jusqu'à 76 % pour les séries en streaming.
LE RÉFLEXE YOUTUBE
La gratuité concerne 68 % des écoutes musicales en streaming et le paiement 6 %, 26 % indiquant ne pas savoir si leur consultation est payante ou non. Cette consultation est d'ailleurs majoritairement exercée sur des plateformes légales, qui comptent pour 92 % des écoutes musicales, dont 54 % pour YouTube, suivi de loin par Deezer (23 %) et Spotify (3 %). "YouTube offre pas mal d'avantages : la gratuité, un grand choix d'oeuvres, la recommandation et la possibilité de télécharger. Ce sont des qualités souvent éclatées dans d'autres services", appuie l'autorité, qui prépare une étude qualitative sur le sujet.
La plateforme, considérée licite grâce à l'accord avec la Sacem, est très utilisée par les internautes consultés pour le téléchargement grâce à des outils tiers trouvables en quelques clics. Elle compte ainsi pour 25 % des téléchargements de musique. 21 % des sondés ont d'ailleurs payé au moins un téléchargement, quand 66 % de ces consultations sont considérées illicites par la Hadopi.
La plateforme de Google domine également le streaming de films (pour 18 %), suivi par Canal+ (7 %) et le site illicite DPStream (6 %). A noter que, sur YouTube, sont également comptés les bandes annonces et documentaires gratuits. Les plateformes de "replay" des chaines TV sont également dans le top 10. Ces films sont d'ailleurs consultés en majorité gratuitement, à 75 % en streaming et 71 % en téléchargement. En téléchargement, à l'exception de la plateforme sur abonnement Canalplay, le top 5 des sites est constitué de sites illicites, en tête desquels Torrent411 (7 %).
LE SUCCÈS DU "REPLAY" POUR LES SÉRIES TV
La domination du streaming se vérifie également pour les séries TV, comptant pour 80 % de la consommation. Les sites de "replay" des chaines TV se placent en tête : M6, France Télévision et TF1 comptent pour 38 % des consultations déclarées, derrière le site - toujours - illicite Dpstream (14 %). En téléchargement, sept des sites du top 10 sont illicites, proposant autant du téléchargement direct (à partir du site) que du pair-à-pair. Le téléchargement est bien privilégié pour les séries indisponibles en France, quand le streaming concerne les contenus des chaines, Plus belle la vie arrivant d'ailleurs en tête du palmarès avec 6 % des visionnages.
Les livres et bandes dessinées ne sont pas en reste. Quand 2,9 films, épisodes de séries TV et 2,4 jeux vidéo ont été consommés par les internautes sur la semaine, 2,6 livres l'ont été malgré une offre bien moindre. Le streaming (ici la lecture en ligne) a été privilégié par 17 % des lecteurs, contre 27 % préférant le téléchargement direct et 30 % mêlant les modes de consultation. Le top 6 des sites de streaming est d'ailleurs partagé entre les sites légaux et illicites. En septième position se trouve étonnamment YouTube, utilisé par 2 % des lecteurs, pour ses livres audio. En matière de téléchargement, les trois premières plateformes (iTunes, Amazon et la Fnac) sont légales et comptent pour 29 % des sondés, suivies majoritairement d'offres illicites.
En matière de téléchargement de jeux vidéo, enfin, la diversité de l'offre - sur smartphones, tablettes, consoles et PC - donne un panorama varié de plateformes, sur lesquelles le gratuit domine. 71 % des jeux téléchargés l'ont été gratuitement, pour 15 % de façon payante (14 % ne le sachant pas). iTunes - soit l'AppStore des iPhone et iPad - se place en tête avec 13 % des téléchargements, suivi de Bigfish sur PC (10 %), de Google et de Steam (4 % tous les deux). Une absence notable est le magasin de jeux de la console Xbox de Microsoft, qui aurait compté pour moins de 4 occurrences sur 1 072 téléchargements déclarés, quand le Playstation Store (sur consoles portables et Playstation 3) compte pour 2 %.
Ces pratiques dépendent donc de chanque média, dont la consommation semble bien conditionnée par la qualité de l'offre et son prix. "On constate une hétérogénétié de la consommation, selon le type de contenu et selon la nature de l'offre : au moment où la consommation de musique en streaming est très majoritairement licite [et gratuite], c'est une situation différente pour les films, où on l'impression qu'aucune offre ne répond encore à la demande", explique ainsi la Hadopi. Malgré la mise hors-ligne de MegaUpload début 2012, le téléchargement et le streaming illégal perdure dans de nombreux domaines, l'offre légale ne se dégageant pas toujours.