Affaire « Dutroux » : Les autorités belges ont-elles couvert un réseau pédophile ?
Toutes les théories du complot ne se valent pas ; il y a bien sur celle du 11 septembre, avec ses sites, ses experts, ses forums, ses livres, qui plus de 10 ans après déchaine encore les passions... Et puis il y a celles qui firent grand bruit à l'époque, pendant 6 mois, et qui retombent comme des soufflés mal cuisinés.
Alors que Dutroux vient de déposer la demande de purger le reste de sa peine à domicile, qui se souvient des témoins X, du témoin X1 notamment, alias Regina Louf, qui accusa Dutroux de n'être qu'un maillon d'une chaine bien plus grande, très protégée.
En 1996 éclate l'affaire Marc Dutroux : accusé ( et condamné) pour séquestration, viols, meurtres et actes de pédophilie, elle avait eu un retentissement mondial à l'époque et provoqué une réforme des services policiers belges.
Les protagonistes du côté des coupables étaient Marc Dutroux, sa femme à l'époque Michelle Martin, Michel Lelièvre ainsi que Michel Nihoul. Ce dernier sera reconnu coupable d'association de malfaiteur mais sera acquitté des charges d'enlèvement et de pédophilie. Un dernier, Bernard Weinstein, fut tué par Marc Dutroux avant son arrestation.
Du côté des victimes, Julie Lejeune et Mélissa Russo (huit et neuf ans au moment de leur mort), sont les plus connues. Il y a aussi An Marchal et Eefje Lambrecks ( 17 et 19 ans au moment de leur enlèvement en 1995) retrouvées mortes en septembre 1996. Et enfin Sabine Dardenne et Laetitia Delhez, respectivement 12 et 14 ans en 1996, qui elles survivront.
Mais selon Regina Louf, il y eu de nombreuses autres victimes de ces hommes, et elle accuse notamment Michel Nihoul, qu'elle affirme avoir connue sous le nom de « Niche », d'être l'un, sinon le, chef d'un réseau de pédophile impliquant des notables, hommes politiques connus et moins connus, magistrats, policiers etc.... La justice ne l'a pas suivie puisque Nihoul fut condamné à 5 ans de prison le 22 juin 2004 et bénéficia d'une remise en liberté conditionnelle en avril 2005.
Alors que l'équipe de l'adjudant Patrick de Baets, enquêteur chevronné et respecté, l'interroge et cherche à recouper ses dire, le juge d'instruction Jean-Marc Connerotte est désaisi de l'affaire pour un motif futile : il a participé à un diner de solidarité avec les familles des victimes.
Quelques mois après, c'est Patrick de Baets ainsi que 10 de ses hommes qui travaillaient avec les témoins X qui sont écarté de l'affaire au motif que lors des interrogatoires (filmés) ils ont manipulé les témoins et orienté leurs réponses. Une autre équipe est chargée de reprendre cette partie de l'enquête et conclut qu'il n'y a aucun fondement dans les témoignages des témoins X.
L'enquête administrative sur de Baets ainsi que son équipe les blanchira totalement des accusations dont ils font l'objet. Mais le dossier est fermé et l'autorisation de le rouvrir ne leur est pas donnée.
Les enquêteurs Patrick de Baets et Aimé Bille déclarent alors, et maintiennent encore aujourd'hui, que des gens au sein du système policier et judiciaire ont commis des faux en écriture pour les discréditer ainsi que les victimes tout en encourageant la presse à le faire également. Il affirment que différentes affaires ayant abouti à un non-lieu auraient pu être éclaircies, et que ce fait aurait alarmé certains milieux.
Ils affirment que certains détails connues de Regina Louf confirment au moins une partie de ses dires. Selon le psychiatre Paul Igodt, qui a dirigé un conseil de 5 psychiatres pour expertiser Régina Louf sur ordre de la magistrature, elle souffre du trouble de la personnalité multiple dû à des abus sexuels prolongés et très graves durant son enfance. Selon lui, elle n'est ni folle, ni schizophrène, ni mythomane.
En 2002, Léon Schwartzenberg lui a apporté son soutien et également préfacé une édition française de son livre Silence, on tue des enfants ! Voyage au bout du réseau.
De même en 2002, France 3 diffuse un reportage sur Regina Louf : y est interrogé Regina Louf, mais aussi De Baets et d'autres enquêteurs, les parents de Régina, des voisins et amis de sa familles...
Passé sous silence : « Silence, on tue des enfants » :
"Passé sous silence": Témoin X1 - Régina Louf by JaneBurgermeister
Beaucoup de zones d'ombre restent à éclaircir sur sur l'affaire Dutroux et ses ramifications, et la justice belge, par son refus de réactiver l'enquête des témoins X, ne fait que rendre plus crédible la « thèse d'un complot »