Mirabeau, Hollande, même combat contre les riches
par Christian Du Buisson
«La propriété, c’est le vol» (Proudhon)
Où la taxation des revenus des plus riches sur la tranche à 75% la plus haute des impôts retoquée par le Conseil d’Etat et jugée «confiscatoire» par certains fait couler beaucoup d’encre et de salive. Où globalement 600 milliards d’euros échappent à l’impôt en s’évadant vers les paradis fiscaux au rythme de 45 milliards chaque année en moyenne. Problème récurrent qui ne date pas d’hier mais de la Révolution française.
Où Mirabeau juge, comme le président François Hollande, que les riches doivent payer, milite en faveur de l’impôt sur le capital et exhorte ses camarades à le suivre dans ce juste combat de la répartition des richesses en temps de crise. A croire que l’histoire est un éternel recommencement… ou qu’elle ne se répète pas, sauf dans sa propre caricature.
- Mes amis, écoutez-moi, un seul mot. De longs mois d’inflation et d’incurie ont creusé le gouffre où le pays est prêt de s’engloutir. Il faut le combler, ce gouffre effroyable ! Eh bien, voici la liste des Français les plus riches. Choisissez les plus riches des plus riches, afin de sacrifier le moins de citoyens ; mais choisissez : ne faut-il pas qu’un petit nombre se sacrifie pour sauver la masse du peuple ?
- Allons, ces dix mille notables possèdent de quoi combler le déficit : frappez, immolez sans pitié ces tristes victimes, précipitez-les dans l’abîme ! Vous reculez d’horreur ? Hommes inconséquents ! Hommes pusillanimes ! Contemplateurs stoïques des maux que la crise économique
- Vomira sur la France ! Impassibles égoïstes qui pensez que ces convulsions du désespoir et de la misère passerons comme tant d’autres, et d’autant plus rapidement qu’elles seront plus violentes : êtes-vous bien sûr que tant d’hommes sans travail vous laisseront tranquillement savourer les mets dont vous n’aurez voulu diminuer ni le nombre ni la délicatesse ! Non, vous périrez, et dans la conflagration que vous ne frémissez pas d’allumer, la perte de votre honneur ne sauvera pas vos détestables jouissances…
- Voilà Messieurs, où nous marchons. J’entends parler de patriotisme, d’élans de patriotisme, d’invocations au secours de la patrie fort endettée et au service de tous. Ah ! ne prostituez pas ces mots de patrie et de patriotisme ! Il est donc magnanime, l’effort de donner une portion de son revenu pour sauver tout ce qu’on possède ! Eh ! ce n’est là que de la simple arithmétique, et celui qui hésitera ne peut désarmer l’indignation que par le mépris que doit inspirer sa stupidité. Oui, Messieurs, c’est la prudence la plus ordinaire, c’est la sagesse la plus triviale, c’est votre intérêt le plus grossier que j’invoque. Votez donc ce subside extraordinaire, et puisse-t-il être suffisant ! Votez-le, parce que, si vous avez des doutes sur les moyens, vous n’en avez pas sur sa nécessité et sur votre impuissance à la remplacer, immédiatement du moins…
- Votez-le parce que les circonstances publiques ne souffrent aucun retard et que nous serions coupables de tout délai. Gardez-vous de demander du temps : le malheur n’en accorde jamais… Ah ! messieurs, à propos des ridicules trublions des Start’up, d’une ridicule insurrection d’Obélix qui n’eut jamais d’importance que dans les imaginations faibles ou les dessins pervers de quelques hommes de mauvaise foi, vous avez entendu naguère ces mots forcenés : «La révolution est aux portes et l’on délibère !» Et certes, il n’y avait autour de nous ni révolution, ni vrai péril. Mais aujourd’hui la crise, la hideuse crise est là; elle menace de consumer, vous, vos propriétés, votre honneur, et vous délibérez?