Moralité, et puis ?
Par Marie Deschamps
Le monde semble un vaste souk et un bordel sans nom, et pourtant nous n’avons jamais autant entendu parler de morale et de moralisation.
L’Europe et la France demandent de la rigueur et des efforts pour dépasser les crises diverses, entendez par là, moins de tout en tout, et pourtant comme au bon vieux temps des César, parallèlement les jeux d’argent prolifèrent, exaltent les populations à la dépense et à la jubilation de l’excès.
Foot, rugby, poker, loto, loterie, tout est bon pour soutirer des milliards d’euros à des milliers de gens qui en manquent, mais, qui le temps d’une journée croiront, que peut-être, eh bien oui peut-être, ils peuvent « gagner des millions » et devenir ainsi les princes et princesses des contes de leur enfance, évidemment réactualisés au caviar- champagne et autre or blanc d’un siècle où le luxe s’affiche sans complexe dans des publicités subversives, tandis que la misère gronde sur les goudrons des rues et les murs tagués des villes.
Alors, moralité et puis ?
Après l’avoir énoncée, revendiquée, brandit comme un étendard de templier en croisade, de quoi est-elle faite aujourd’hui et que recouvre-t-elle de désirs ?
Plus de justice, d’intégrité, d’honnêteté, de vertus ? Plus de civisme et plus même de religiosité ?
Sans doute un peu de tout ça à la fois, mais il semble, à l’observation des événements actuels, qu’il y a erreur sur le mot et qu’il recouvre surtout l’envie de spiritualité.
Les hommes en difficulté cherchent et trouvent presque toujours une causalité divine aux accidents de leur histoire, et c’est à elle qu’ils se
raccrochent, lorsqu’ils ne savent plus vers quoi ou vers qui se tourner, ni comment trouver des solutions.
Une puissance supérieure qui viendrait d’un coup les sauver, et qui les fédère, les réunit en clochers, en chapelles, en faisceaux militaires. En hordes.
Hélas, plus l’idée de clan ou de communauté prévaut sur celle de l’individu, plus les hommes vont aux extrêmes de ce qu'ils croient être le plus haut niveau de leur liberté.
La surcapitalisation et ses déviances, ses crises actuelles en sont l'aboutissement.
Mais, on peut compter sur l'homme pour s'extraire de ses dérives. Regardez-le : plus on l'insère dans des globalités et des mondialisations, et plus il trouve des outils pour exister individuellement. Les réseaux dits sociaux en sont l’exemple type, même si pour l'instant ces réseaux sont les nouveaux piliers et leurres mis en place par de nouveaux capitalistes, qui grugent les populations qui se font, là encore, avoir à ce qu'elles croient être une possibilité de liens.
Mais, si l’homme apprend lentement, il apprend, et un jour viendra où il saura séparer la lie du vin et le bon grain de l’ivraie…
VOIR ET ENTENDRE :
EDGAR MORIN « LA VOIE »
FRÉDERIC LORDON.mpg
Philosophie et morale. Entretien filmé entre Alain Badiou et Michel Henry
http://www2.cndp.fr/lesScripts/bandeau/bandeau.asp?bas=http://www2.cndp.fr/RevueCPhil/video126.htm