De la conscience à l’urgence : volonté commune et Internationale de Prévention et de Réparations
«On ne subit pas l'avenir, on le fait. » Georges Bernanos
Les autorités de Mexico il y presque vingt ans, décidèrent à deux reprises une réduction d'activité des deux cents industries les plus polluantes, une interdiction de circuler portant sur un million de véhicules et la fermeture des écoles,afin de diminuer les risques. Mais entraver l'activité économique,surtout dans les pays en tentative de développement, ne résout pas systématiquement les problèmes d'environnement et de santé publique qui y sont associés.Consciente de cette double nécessité, la communauté internationale tisse patiemment une toile législative nouée de multiples accords et par lesquels chaque partenaire espère trouver son bien-être au sein de l'ensemble.
La difficulté d'une harmonisation planétaire à la hauteur de la complexité fluctuante des facteurs impliqués Prétendre agir efficacement en ignorant les mécanismes fondamentaux de la vie terrestre, comme ce fut le cas pendant longtemps, n'engendre qu'un système de négligences avec des conséquences graves. Aujourd'hui, les organismes de tutelle, dotés des techniques les plus avancées (satellites, instruments de mesure, informatique...), commencent donc par observer, répertorier et analyser l'état des ressources, la nature des toxiques, leurs effets et leurs origines. Les données ainsi collectées permettent de définir des normes et des seuils de tolérance révisables pour mieux s'adapter aux réalités locales, la difficulté d'une harmonisation planétaire étant à la hauteur de la complexité fluctuante des facteurs impliqués.Il est maintenant impératif de responsabiliser les différents acteurs du défi écologique, aussi on prévoit, on informe, onpréconise, on incite financièrement, afin de prévenir plutôt que guérir. D'où la prépondérance des études d'impact sur l'environnement, qui encadrent tout projet de construction ou d'aménagement, puis des procédés d'auto surveillance des rejets toxiques.A partir de là, à chaque problème ses solutions, devenues usuelles bien qu'encore trop souvent inaccessibles aux pays les plus pauvres. Préconisation et application des premières mesures d'urgence. L'air est irrespirable ? Les métropoles asphyxiées prônent la circulation en alternance (Athènes, Genève), le retour du tramway et de la bicyclette (Strasbourg) !En Europe, sous l'impulsion de l'Allemagne, les véhicules sont désormais munis de pots catalytiques (obligatoires aux USA depuis 1979). Associés à l'essence sans plomb, ils éliminent au bout de quelques kilomètres monoxyde de carbone, hydrocarbures non brûlés et oxyde d'azote.Reste le dioxyde de carbone, que pourrait réduire le GPL (gaz de pétrole liquéfié), un mélange de butane propane ne rejetant pas de particules, et le GNV (gaz naturel véhicule) essentiellement composé de méthane. Les Pays-Bas, avec 8 % de voitures particulières équipées, sont les premiers européens convertis. L'Italie, la Grande-Bretagne, l'Argentine, la Russie, la Nouvelle Zélande et les USA s'y intéressent aussi. Naturellement, la tradition agricole incite certains pays (France) à miser sur les biocarburants : éthanol(blé, betterave) et diester (colza, tournesol) qui, toutefois, ne diminueraient que faiblement les particules et les hydrocarbures non brûlés, sans effet notable sur les émissions de polluants. Les industriels, pour leur part, rehaussent les cheminées d'évacuation, installent des systèmes de filtration et tentent de piéger les particules nocives dès l'intérieur des chambres de combustion. Londres, en substituant le gaz et le fuel au charbon, en surélevant les cheminées d'evacutation des centrales électriques environnantes, en décentralisant une industrie lourde déjà en voie de disparition, a dispersé son brouillard meurtrier.
Ou comment donner un second souffle à la planète Depuis une dizaine d'années, un programme de réduction de la production etde la consommation des CFC est appliqué,dans le but de les abandonner totalement en 2030 environ pour les pays développés,et plus progressivement dans les pays producteurs en difficulté. De nouveaux gaz de transition, moins toxiques, les remplacent: HFC (hydro fluocarbures sans chlore), hydrocarbures et protoxyde d'azote... en attendant la découverte de molécules encore moins offensives.Et pour redonner du souffle à la planète,on reboise en Europe, en Amérique, en Chine, en Corée du Sud, en Inde, au Japon,en Afrique...Et pour une eau plus pure...Les eaux sont troubles ? Des réseaux de surveillance et d'assainissement, bien qu'encore insuffisants, s'étendent, intervenant à chaque étape du cycle. Ainsi vaut-il mieux évaluer en permanence les réserves et la qualité des eaux souterraines, difficiles à protéger des pollutions de surface, que d'avoir à résorber les polluants par pompage.Des précautions sont prises aux sources tant domestiques qu'industrielles : utilisation de produits d'entretien biodégradables exempts de phosphates chez les uns, limitation des débits, utilisation en circuit fermé recyclable des eaux de refroidissement, auto surveillance des rejets chez les autres.De plus en plus, les eaux résiduelles sont canalisées par réseaux unitaires (tout-à-l'égout) ou, mieux, sélectifs (séparant eaux pluviales et eaux usées), collectives au autonomes selon les particularités des rejets. Recueillies dans des stations d'épuration, elles subissent des traitements successifs dans divers bassins afin de rendre le rejet conforme aux normes du milieu récepteur : élimination des déchets volumineux, filtrage, décantation, dégradation biologique des matières organiques par les bactéries aérobies, traitements physico-chimiques de nitrification dénitrification, déphosphatation... Désormais, la réglementation européenne,par exemple, oblige les villes de plus de15000 habitants à s'équiper de cette façon.Un collecteur de ceinture de ce type préserve le lac d'Annecy. Les communes riveraines du Léman améliorent leurs raccordements et construisent de nouvelles stations d'épuration pour conforter les premiers résultats. La teneur en phosphore a baissé de 47 % et celle des nitrates de 5 % . Ici,une campagne d'information a mobilisé la population et particulièrement les agriculteurs qui doivent fractionner l'épandage des engrais et des herbicides.Chicago a utilisé de grands moyens pour nettoyer le lac Michigan en construisant la plus importante usine d'épuration du monde, connectée aux six existantes, et en creusant à 100 m de profondeur un tunnel (10 m de diamètre, 60 km de long) qui déverse dans un immense réservoir les eaux pluviales, sources de pollution par inondation.Les résidus des traitements d'épuration peuvent être incinérés ou répandus en agriculture. L'épandage direct des eaux résiduelles, sous réserve des caractéristiques du sol et des produits concernés,constitue d'ailleurs une technique d'épuration naturelle par le sols et par les plantes.Même si les eaux intérieures, redevenant douces, participent à la dépollution des mers qu'elles abreuvent, il faut lutter contre les nappes d'hydrocarbures. Entrent alors en jeu, selon le produit, son étendue et la météo : des moyens mécaniques (écrémage, pompage), des produits chimiques « dispersants, re-pousseurs, précipitants, absorbants, gélifiants, dés émulsifiants », des bactéries oléophiles. Limiter le tonnage des pétroliers, les équiper d'une double coque, créer des voies maritimes spécifiques, tout cela peut prévenir les dangers. Quant aux dangers plus particuliers des déchets nucléaires immergés, ils sont réduits depuis 1993,époque à laquelle les soixante-dix pays signataires de la convention de Londres(1972) décidèrent l'arrêt définitif de cette pratique.
Quant à la terre...La terre est une poubelle ? Collectes sélectives, récupération et recyclage vident les décharges malsaines tout en réinsérant dans le circuit industriel des quantités considérables de matières premières. La France a produit 2,8 millions de tonnes de verre d'emballage dont 88700 tonnes ont été récupérées (1,3 M.t).Le recyclage des ordures ménagères à destination agricole existe depuis longtemps. Il suffit de couvrir les ordures fermentescibles de terre et de tourbe et d'attendre que la nature accomplisse son œuvre durant deux ou trois mois pour obtenir un bon terreau. La fermentation accélérée par les procédés industriels,après sélection et broyage des déchets,fournit du compost (engrais).
Seules planent des incertitudes sur les déchets nucléaires. Leur extrême toxicité et leur durée de vie exigent des conditions de traitement et de stockage à toute épreuve. Ils nous rappellent que la qualification du personnel impliqué à chaque niveau de production, de transport et d'épuration ainsi que la maintenance des matériels sont les premiers remèdes face aux désastres écologiques induits par la pollution.
Petites notes et explications :Une couche d'air froid au sol est surmontée parla couche d'air chaud, ce qui empêche l'évacuation des polluants.- Mt = million de tonnes- t = tonne- CFC : chlorofluorocarbures (gaz aérosol, fluides réfrigérants, agents gonflants de mousses plastiques, solvants pour matériels électroniques).- OMS : Organisation mondiale de la santé- pH : potentiel hydrogène, coefficient caractérisant l'acidité ou l'alcalinité d'un milieu.- Boues rouges : issues de l'extraction de l'alumine à partir de la bauxite et du traitement des minerais de titane, elles sont immergées par navires ou canalisations côtières.- En 1991, les USA ont répandu 370 918 tonnes d'éléments actifs pesticides, 79 450 tonnes d'insecticides, 66 738 tonnes de fongicides, 224 730tonnes d'herbicides, tandis que la France, en 1991,en répandait respectivement, 87 709 t, 6 110 t, 44786 t, 27 281 t et 6 532 t autres (anticoagulants,contre les rongeurs...).- Re-pousseurs : limitent l'expansion avant pompage - Absorbants : recueillent le pétrole en surface avant d'être récupérés mécaniquement.- Précipitants : utilisés loin des côtes pour déposer le pétrole sur des fonds marins sans intérêt biologique. Dés émulsifiants : séparent les phases eau et huile. |
BIBLIOGRAPHIE ET INFORMATIONS:
Ministère de l'Environnement.OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques. Environnement et gestion de la planète (Cahiers français), mars91 La bataille de l'eau (Roger Cans)