Analyse de la situation en Syrie - partie 2
Le rôle contestable de l’Occident.-
Que les monarchies réactionnaires défendent leurs intérêts et que les forces politiques fondamentalistes cherchent à s’emparer d’un pouvoir qu’elles guignent depuis près d’un siècle n’a rien de particulièrement surprenant. Plus étrange apparaît en revanche l’empressement des Occidentaux à favoriser partout les entreprises intégristes encore moins démocratiques que les dictatures auxquelles elles se substituent et à vouer aux gémonies ceux qui leur résistent.
Prompt à condamner l’islamisme chez lui, l’Occident se retrouve à en encourager les manœuvres dans le monde arabe et musulman. La France, qui n’a pas hésité à engager toute sa force militaire pour éliminer Kadhafi au profit des djihadistes et à appeler la communauté internationale à en faire autant avec Bashar el-Assad, assiste, l’arme au pied, au dépeçage du Mali par des hordes criminelles qui se disent islamistes parce que leurs rivaux politiques ne le sont pas.
De même les médias et les politiques occidentaux ont assisté sans broncher à la répression sanglante par les chars séoudiens et émiratis des contestataires du Bahraïn, pays à majorité chiite gouverné par un autocrate réactionnaire sunnite. De même les massacres répétés de Chrétiens nigérians par les milices du Boko Haram ne suscitent guère l’intérêt des médias et encore moins la condamnation par nos politiques. Quant à l’enlèvement et la séquestration durable de quatre membres de la Cour Pénale Internationale par des « révolutionnaires » libyens, elle est traitée en mode mineur et passe à peu près inaperçue dans nos médias dont on imagine l’indignation explosive si cet enlèvement avait été le fait des autorités syriennes, algériennes ou de tel autre pays non encore « rentré dans le rang » des« démocratures », ces dictatures islamistes sorties des urnes.
À défaut de logique, la morale et la raison nous invitent tout de même à nous interroger sur cette curieuse schizophrénie de nos politiques et nos médias. L’avenir dira si notre fascination infantile pour le néo-populisme véhiculé par Internet et si les investissements massifs du Qatar et de l’Arabie dans nos économies en crise valaient notre complaisance face à la montée d’une barbarie dont nous aurions tort de croire que nous sommes à l’abri.
Bibliographie
Alain Chouet, né le 24 aout 1946 0 Paris, est un officier de renseignements français, coauteur de plusieurs ouvrages concernant l’islam et le terrorisme. Diplômé de l’école des langues orientales (arabe), titulaire d’une maîtrise de droit (Paris II) et d’un diplôme d‘études supérieures de sciences politiques (Paris II).
Il est envoyé comme secrétaire à l’ambassade de France à Beyrouth (1974-1976), puis à Damas (1976-1979). À Paris, il est nommé chef du bureau de coordination des recherches et opérations anti-terroristes (1980-1985), puis est chargé de mission à l‘ambassade de France à Rabat (Maroc).
Il fait une première incursion dans le renseignement comme conseiller technique sur les affaires touchant à l’islam et au terrorisme auprès du directeur du renseignement (1996-1999). Il est nommé chef du service de renseignement de sécurité de la Direction générale des la sécurité extérieure (DGSE) en 2000-2002.
Il est chercheur associé à l’European Security Intelligence and Strategy Center, chargé de conférence au Diplôme universitaire d‘études des menaces criminelles contemporaines, Université de Paris II.
Alain Chouet dénonce l'utilisation systématique du "label" Al-Qaida pour décrire toute action radicale islamique notamment chez les journalistes qui font l'amalgame entre l'organisation proprement dite Al-Qaida et n'importe quel activiste islamiste radical.
Vidéos :
L'intégrale du discours d'Alain Chouetn911
Ex-chef de la DGSE: "Al Qaida est mort en 2002"... par ReOpen911