Mauvais genre
MAUVAIS GENRE
Christian Duteil
Le genre n’est jamais neutre et divise les esprits. Dans l’université française comme dans les centres de recherche, après quarante ans de controverses, il fait désormais recette et alimente la polémique sur l’idéologie distillée par les manuels scolaires. Résultat des courses : les études sur le genre sont de plus en plus nombreuses, mais le concept reste flou, contesté et sulfureux. L’assignation à un genre n’advient pas qu’à la naissance, elle se perpétue toute la vie. A l’école, en famille, à travers l’éducation, la politique et la religion. Nous sommes partagés entre la façon d’être qui nous est affectée et celle que nous aimerions tenir. Entre réel et possible. En révélant les codes sociaux qui façonnent le masculin et le féminin, les études de genre troublent l’ordre « naturel » (sic) entre les sexes et alimentent bien des polémiques.
Eternel débat entre nature et culture qui fait couler beaucoup d’encre et de salive. On se dit : « Je préfère ressembler à ce genre de femme ou d'homme qu’à celui-là ». Il arrive même que quelqu’un souhaite changer de genre parce qu’il se sent mal dans sa peau et dans son sexe initial. Car ce n’est pas moi qui me nomme homme ou femme… L’éternel féminin n’existe pas mais les vieux poncifs ont encore la vie dure… « Ce qu’est une femme aujourd’hui n’est pas la même chose qu’à l’époque de Michelet ou d’Abraham ! » clame la philosophe américaine Judith Butler qui soutient que l’identité sexuelle n’est pas seulement biologique, mais aussi une construction sociale et culturelle.
L’école républicaine ne traite pas en effet les filles et les garçons de la même manière et les attentes des professeurs tous genres confondus (comme celles d’ailleurs des parents) ne sont pas les mêmes selon qu’ils ont affaire à des filles ou à des garçons. On ne change pas les mentalités par un simple coup de baguette.
Gouverner le genre, c’est prévoir. En Chine aujourd’hui, les filles ne sont plus « la moitié du ciel » comme l’écrivait Mao. Plusieurs estimations annoncent qu’en 2050 la Chine comptera 54% d’hommes chez les 15-49 ans, contre 51% aujourd’hui. Ca fait mauvais genre un tel déséquilibre entre les deux sexes sur près d’un milliard et demi d’habitants et puis ça nous promet sans doute des lendemains qui déchantent !
CD