Renée Vivien poétesse parnasienne
Renée Vivien
poétesse parnasienne de la belle Epoque,
1877-1909
Paris la surnomme « Sapho 1900 ». Elle est aussi la « Muse des violettes ». Renée Vivien est la prêtresse du toucher : Je comprends mieux, en les frôlant, les choses belles,/Je partage leur vie intense en les touchant, / C'est alors que je sais ce qu'elles ont en elles / De noble, de très doux et de pareil au chant. Ses amours – qu’elles soient amour-passion (Nathalie Barney), amour-amitié (Hélène de Zuylen) ou amour quasi platonique (Kérimé) – vont nourrir son abondante poésie et rehausser le désir charnel d’une délicatesse insoutenable. Sa vie aura la fulgurance du don, de la beauté, des âmes troublées qui ne font qu’effleurer le monde. Renée Vivien est née à Londres le 11 juin 1877, dans une famille fortunée, père Ecossais, mère, Américaine. Renée, de son vrai nom Pauline Mary Tarn, passe son enfance entre Londres et Paris. A la mort de son père, la jeune fille hérite d’une fortune qui lui permettra une vie agréable. Au cours de sa scolarité, effectuée à Paris puis à Londres, elle se fait remarquer par son attachement "sororal" pour son amie Violet Shillito. Dès sa majorité, elle s’installe à Paris où la vie artistique bat son plein. Nous sommes à la veille du grand siècle, en 1899. Elle occupe un luxueux appartement au rez-de-chaussée du 23, avenue du Bois de Boulogne donnant sur un jardin japonais. Elle fait la connaissance de Nathalie Barney qui vient de rompre avec Liane de Pougy. Elles auront une liaison brève mais mouvementée. Nathalie refusera cette rupture mais Renée ne voudra jamais la revoir. Elle eut, en revanche, une liaison plus stable avec la richissime baronne Hélène de Zuylen, mariée et mère de deux fils. L’année de sa rencontre avec Hélène, qui est également celle de la mort tragique de son amie Violet, Renée publie un premier recueil de poèmes en 1901 (Etudes et préludes). Hélène lui apporte un équilibre émotif et une stabilité bénéfiques à sa création littéraire. Elles rédigent ensemble quatre ouvrages sous le pseudonyme collectif de Paule Riversdale. Elles voyagent ensemble, sans cependant afficher leur relation, vers le Japon, la Grèce ou Constantinople. Dans des lettres à un ami, la poétesse dit se considérée comme « mariée » à Hélène. C’est alors que Renée Vivien reçut une lettre d’une mystérieuse admiratrice stambouliote, Kérimé Turkhan Pacha, l’épouse d’un diplomate turc, d’où s’ensuivit pendant quatre ans une correspondance intense, et passionnée, ponctuée de brèves rencontres clandestines. Bien qu’éduquée à la française, Kérimé vivait selon la tradition islamique. Pendant cette période, Renée Vivien continue de publier. Son second recueil « Cendres et poussières », et un volume de prose poétique « Brumes de Fjords », sortent en 1902. Les critiques la saluent comme "le grand poète de l’année." Suit en 1903 un nouveau recueil « Évocations », un volume de traductions modernes et adaptations des textes de Sapho, et un volume de prose « Du vert au violet ». Un roman autobiographique « Une femme m’apparut » parait en 1904, l’année où débute sa correspondance avec Kérimé , des nouvelles regroupées sous le titre de « La dame à la louve », des traductions modernes de huit poétesses grecques « Les Kitarèdes », et un recueil de poèmes « La Vénus des aveugles ». L’année suivante, elle a remanié son roman et en propose une nouvelle version. Elle collabore à plusieurs revues littéraires. En 1906, publication du recueil de poèmes « A l’heure des mains jointes ». La presse devient curieuse, la critique littéraire plus que pesante et le public railleur. Sa santé en est affectée. En 1907, la baronne la quitte brusquement pour une autre femme. Profondément choquée et humiliée, Renée Vivien s’enfuit avec sa mère au Japon et à Hawaï. Elle tombe gravement malade au cours du voyage. Elle publie alors un recueil de poèmes « Flambeaux éteints », une anthologie poétique « Chansons pour mon ombre », et plusieurs proses ironiques et satiriques. Le départ en 1908 de Kérimé pour St-Pétersbourg où elle suit son mari en poste, met un terme à leur liaison. Un nouveau coup dur pour Renée. Mais les publications se poursuivent : un volume d’aphorismes « l’Album de Sylvestre », un recueil poétique « Sillages », et Poèmes en prose. Elle rompt toute correspondance avec la trop lointaine Kérimé. Mais son état de santé continue de se détériorer. Elle publie en 1909 la biographie Anne Boleyn. Elle remanie entièrement ses œuvres et fait paraître une anthologie de ses poèmes en prose. Abîmée par ses déboires amoureux, elle est rentrée dans l’infernale spirale de la drogue et de l’alcool. En fait, les travaux sur sa vie et ses vers ont été influencés par des idéologies qui considéraient à cette époque l'homosexualité comme une grave névrose, une maladie mentale. Elle meurt le 18 novembre à six heures du matin, à l’âge de 32 ans. Son corps repose au cimetière de Passy. Sa tombe, située non loin de celle de Natalie Barney, est constamment fleurie, preuve que sa figure et son œuvre continuent de susciter une intense ferveur. Il est possible de lire cette fin de vie difficile dans Le pur et l'impur au travers des yeux de son amie Colette, paru en 1932 ou dans "Souvenirs indiscrets" de Natalie Clifford Barney paru en 1960. Ses œuvres posthumes contiennent les recueils de poèmes : « Dans un coin de violettes », « Le Vent des vaisseaux », « Haillons ». Sources : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9e_Vivien Son œuvre complète consiste en : Poésie Chair des choses, Sillages) Je possède, en mes doigts subtils, le sens du monde, Chanson Comment oublier le pli lourd N’as-tu pas senti qu’un moment, Et comment jamais retrouver (Études et préludes, 1901) Cri Tes yeux bleus, à travers leurs paupières mi-closes, Vers l'heure où follement dansent les lucioles, (Études et préludes, 1901) Le Toucher Les arbres ont gardé du soleil dans leurs branches. Mes doigts ingénieux s’attardent aux frissons Je suis avec lenteur le contour de tes hanches, (Évocations, 1903)
-12 recueils de poésie, soit plus de cinq cent poèmes,
- 2 ouvrages de traductions de poétesses grecques,
- 7 volumes de prose,
- 1 roman,
- des nouvelles,
- correspondances avec Natalie Barney et Kérimé.
Car le toucher pénètre ainsi que fait la voix,
L'harmonie et le songe et la douleur profonde
Frémissent longuement sur le bout de mes doigts.
De tes belles hanches sereines,
L’ivoire de la chair où court
Un frémissement bleu de veines ?
Ivre de ses angoisses vaines,
Mon âme allait éperdument
Vers tes chères lèvres lointaines ?
L'identique extase farouche,
T'oublier, revivre et rêver
Comme j'ai rêvé sur ta bouche ?
Recèlent la lueur des vagues trahisons.
Le souffle violent et fourbe de ces roses
M'enivre comme un vin où dorment les poisons…
L'heure où brille à nos yeux le désir du moment,
Tu me redis en vain les flatteuses paroles…
Je te hais et je t'aime abominablement.
Voilé comme une femme, évoquant l’autrefois,
Le crépuscule passe en pleurant… Et mes doigts
Suivent en frémissant la ligne de tes hanches.
De ta chair sous la robe aux douceurs de pétale…
L’art du toucher, complexe et curieux, égale
Les rêves des parfums, le miracle des sons.
Tes épaules, ton col, tes seins inapaisés.
Mon désir délicat se refuse aux baisers ;
Il effleure et se pâme en des voluptés blanches.