Tatouages et piercings, Dangereuses séductions
Tatouages et piercings
Dangereuses séductions
Par Eva Follet
Pratiqués par différents groupes ethniques depuis la nuit des temps, le piercing et le tatouage sont restés des pratiques marginales en Occident jusque dans les années 70. Les premiers à arborer fièrement leurs piercings sont les gays et les surfeurs américains des années 80. C'est ensuite au tour de la classe branchée de se mettre aux décorations corporelles, mannequins et chanteurs célèbres exhibent nombrils et épaules "marqués". Le phénomène se banalise et prend de plus en plus d'ampleur pour sortir
définitivement de la marginalité dans les années 90. La France n'est pas en reste de ce phénoménal succès. Séduisant particulièrement les jeunes, le phénomène commence à inquiéter les médecins. Car, au-delà du malaise suscité par ces étranges pratiques qui peuvent paraître barbares pour certains, ce sont surtout les conditions d'hygiène qui posent problème. En effet, il n'existe pour l'heure aucune réglementation concernant l'exercice du métier de tatoueur-pierceur et n'importe qui peut s'improviser "professionnel". Or, malgré sa banalisation croissante, le piercing n'est pas un geste anodin et des complications peuvent survenir. Selon le Pr Jean-Baptiste Guyard-Schmid, chargé d'établir un rapport sur ces pratiques par le Conseil supérieur d'hygiène publique de France (CSHPF), pour être "sécurisé" un piercing doit s'effectuer dans des conditions sanitaires strictes : locaux et matériel adaptés, asepsie du site du piercing, procédure contrôlée du geste etc.
Malheureusement ces conditions ne sont pas toujours respectées et il arrive plus d'accidents qu'on pourrait le croire. On estime les infections liées à la pose d'un piercing de 10 à 20%. Elles peuvent donner lieu à des abcès et laisser des cicatrices indélébiles. La transmission de virus comme ceux des hépatites B et C est possible et, dans l'état actuel des connaissances, celle du VIH ne peut être formellement exclue. Par précaution
l'établissement de transfusion sanguine a depuis 1994 interdit tout don de sang d'une personne tatouée ou piercée dans les 6 mois précédents. Si malgré ces risques trop longtemps méconnus mais pourtant réels vous n'êtes pas rebuté, sachez qu'il faut toujours demander l'avis de son médecin en cas de maladies chroniques (diabète, traitement par la cortisone etc.) qui peuvent contre-indiquer le piercing. Mais le risque en vaut-il la chandelle? De plus les modes passent, alors pourquoi ne pas s'offrir
l'alternative des bijoux pour le corps sans trous et des tatouages temporaires.