Leche-Bottes Business-Show
Lèche-bottes business... show...
Par Pauline Ebrart
Eh bien, quelle surprise !
Bien que consciente que notre dossier « Complicité entre patrons du Cac 40,
politiques, medias? Pour quelques millions de plus » et la mise en avant du film
« Les nouveaux chiens de garde » allaient bousculer les Lagardère et autres
gros groupes de la financepoliticomédiatique, j’ai quand même été surprise de
la rapidité de la réponse d’un journal du groupe Lagardère. Le jour même !
Notre secrétariat, ainsi que tous les secrétariats de rédaction envoie ce qu’on
nomme une newsletter, en fait une courte lettre d’informations qui signale ce
qui est considéré être « les titres » de la semaine.
Comme nous sommes « nananews.fr » nous avons dans notre liste, des
journaux féminins avec qui nous imaginons un jour faire des liens pour les
lecteurs, mais, surprise !
Le jour même de notre envoi, Version Fémina, un petit journal du gros groupe
Lagardère nous a notifié par le biais d’un petit mot très sec, malgré le
cordialement de fin, qu’il ne souhaitait plus recevoir de newsletter de nananews.fr.
Après tout, c’était leur droit et vraiment rien d’anormal à ça, même si ce n’est pas très professionnel de ne pas vouloir connaître le contenu d’un nouveau média.
Je ne me serais donc pas attardée sur la chose, comme dit l’autre on ne peut pas plaire à tout le monde, seulement au bas du petit mot signé par Fousia Ganibardi pour Annie Gomez la rédactrice en chef, était estampillé le logo de signature LAGARDÈRE.
Ce qui évidemment me donna un autre regard sur la réaction du journal de ce groupe.
De la surprise donc d’abord, à cette réaction rapide. De l’amusement aussi beaucoup, nous n’avons même pas 4 mois d’antériorité, mais surtout le sentiment d’avoir touché juste, et de nous trouver précisément dans ce que nous dénoncions dans notre dossier, ainsi d’ailleurs que le film « Les nouveaux chiens de garde : soit le système vous récupère, soit il vous rejette.
L’exemple et l’application, il n’y a pas mieux pour la compréhension !
Mais, au-delà de la surprise et de l’amusement, c’est le sentiment de danger qui m’a envahi. Ce danger qui supprime aux hommes le droit de penser et d’agir librement.
La réaction d’un service Lagardère, qui contrôle donc le moindre mot, pour ou contre le groupe, confirme donc notre dossier.
Pire même, il confirme et réactualise, que l’homme n’a pas changé d’un iota, qu’il est toujours capable aujourd’hui, ainsi qu’il le fut hier dans l’Histoire, de fonctionnements collectifs de répression en cas de non conformité aux règles établies par un leader, un dictateur, un gourou et cela quel que soit le niveau hiérarchique de celui qui réprime.
Mais le pire du pire, qu’hélas aussi l’Histoire des hommes nous a transmis, c’est que des subordonnés, des employés, des anonymes maillons d’une puissante chaîne, peuvent au cœur de cette puissance qui les protège, inventer et développer des attitudes et des actes d’une violence que là encore l’histoire très récente à montrer meurtrière.
Aussi, lorsque une assistante d’un journal et sa rédactrice en chef, employées donc d’un grand groupe de presse du Cac 40, sont « endémiquement » inscrites dans ce système de répression, suppression ou rejet de tout ce qui n’est pas pour leur chef et son camp, on comprend que l’hydre est toujours bien présent en l’homme et toujours près à ressurgir.
L’inquiétude vient, non pas de ce petit exemple, insignifiant au premier regard, mais de ce qu’il recouvre, si on veut bien y réfléchir un peu.
Les plus grandes terreurs et horreurs de l’histoire de l’humanité se sont faites à partir de ces fonctionnements collectifs qui du haut au bas de l’échelle d’un clan ou d’une nation, ont perpétré des crimes abominables, des génocides, des actions si inhumaines qu’on se demande encore comment elles ont pu exister et pourquoi les hommes n’ont pas réagi devant l’injustice, les meurtres, les exactions, l’abject.
Les policiers Français, pour la rafle du Vel d'hiv, n’ont jamais été inquiétés parce qu’ils obéissaient aux ordres, ce que la justice Française entérina.
Plus près de nous la triste histoire du sang contaminé reproduisit le même schéma : c’est pas moi, c’est mon chef !
Les coupables là encore furent dédouanés de leurs actes indirectement meurtriers.
L’intérêt personnel et l’envie d’être sous l’aile du plus fort, transforment les hommes libres en hommes soumis, incapables de transgresser un ordre, mais souvent capables hélas, pour certains de s’y complaire au point de rendre ces ordres plus violents et plus terribles.
Avec les patrons du Cac 40, il n’est pas question de chambres à gaz ou de génocides ; il n’y a même pas mort d’hommes pourrait-on nous rétorquer ?
Là, est évidemment l’erreur.
Les famines, les colonialismes économiques, les nations dirigées par les pantins qu’ils mettent en place pour servir leurs intérêts, les guerres intestines qu’ils soutiennent toujours pour des intérêts géoéconomiques, et chez nous en France, ce chômage auquel ils ont contribué largement et contribueront plus encore, parce que plus ils sont puissants, plus ils ont de soutiens, et plus ils font et défont les salaires et les lois, placent leurs chiens de garde aux endroits stratégiques, bref, dirigent notre pays et interviennent sur le reste du monde.
monde
Voilà donc à quoi m’a fait réfléchir, sur quoi m’a fait rebondir, le bref petit mot de Version Femina, signé d’une assistante pour sa rédactrice en chef, du puissant groupe Lagardère.
P.E.