Jolie môme… Juliette Gréco
Jolie môme… Juliette Gréco
"Je suis faite comme ça"
Juliette Gréco qui fêtera le 7 février ses 85 ans au Chatelet du 6 au 8 février, sort un livre autobiographique en ce début d’année : « "Je suis faite comme ça" » aux Editions Flammarion. Un récit qui fait la part belle à sa vie privée avant qu’elle ne devienne la muse de Saint-Germain-des-Prés : elle renoue le fil de sa vie de l’enfant secrète qu’elle était, son emprisonnement à seize ans, sa jeunesse pendant la guerre et la déportation de sa famille. Elle revient sur les rencontres qui ont marqué sa vie personnelle et professionnelle parmi les grandes personnalités de son époque, ses souvenirs au café Flore, ses premières chansons, les voyages et les tournages,… Quand elle confie sa vie d’artiste, elle se fait moins diserte sur la face privée.
Elle ne raconte pas seulement les événements survenus tout au long de sa carrière, elle donne à en goûter la saveur.
Juliette est la petite fiancée de Paris, son amoureuse, à la fois féline et canaille. Elle a prêté sa voix aux plus beaux textes des poètes dont elle fut la muse. Le titre de son livre ne vient-il pas de « Je suis comme je suis » de Prévert ? Sa voix en robe noire qui hait les dimanches s’habille des pavés de la capitale. Elle était une énigme, elle l’est restée. Je me souviens il y a bien longtemps, je l’écoutais parler de la vie à la radio et je me disais : quand j’aurais son âge (elle devait avoir la quarantaine, alors) j’aimerais parler ainsi. Elle m’apparaissait sereine, sage, forte. Elle était fascinante. Elle incarnait à mes yeux la liberté.
Cette liberté dont elle sous-tend toute sa vie depuis l’enfance. Une enfance illuminée par son grand-père, alors que sa mère restera toujours distante, même après son retour de déportation.
« Chanter est mon arme, ma façon de défendre la liberté. Je crois à l’importance des mots, à leur pouvoir. »
Passeuse de mots, voilà son combat…
Elle va alors inventer la femme qu’elle est, « faite comme ça », entière, brûlante, qui enterre le passé au fur et à mesure qu’elle avance tout en se « souvenant de tout ».
Sa dernière biographie écrite sur le mode romancée à la troisième personne (« Jujube ») sortait il y a trente ans : « A la troisième personne parce que c’était plus simple pour moi, » dit-elle. Elle a eu envie de parler de la liberté, de la femme, et au fil des pages, on replonge dans la vie parisienne intellectuelle et existentielle qui continue de nous faire rêver et dont elle a été pétrie sans pourtant en subir l’influence. L’insolence, la rébellion, la colère ont été le plus souvent ses réponses aux événements qui la dérangeaient, aux gens qui tentaient de l’embrigader. Comme Marguerite Duras.
C’est Sartre qui l’invite à chanter. Avant cela, elle est lectrice à la radio. Elle évoque d’ailleurs Jean Tardieu de France-Culture.
« J’ai appris mon métier en scène. Je travaillais toute seule. En silence. Ma voix était placée de manière naturelle. Je l’ai mise voix au service des mots. »
Après la libération, le monde des artistes et des écrivains de Saint-Germain-des-Prés devient définitivement le sien. Juliette Gréco y incarne alors progressivement l’image de la jeunesse d’après-guerre. Elle évoque les grands auteurs et artistes qu’elle a rencontrés et côtoyés (et parfois aimés) tout au long de sa carrière, notamment Miles Davis, Charles Aznavour, Léo Ferré, Georges Brassens, Brel, Serge Gainsbourg… Le cinéma n’était pas vraiment fait pour elle, trop glacé. Elle préférait le contact direct avec son public, la scène. Elle revient avec minutie sur le rituel d’avant-spectacle, avec le même timing. Une part de son intimité nous est ainsi offerte, et ce risque pris intime le respect.
«J’ai milité toute ma vie pour la liberté d’action et d’expression. Le droit à la libre parole.»
On a dit qu’elle était l’archétype de la femme moderne. A vous de vous en faire une idée en vous plongeant dans sa biographie !
Elle a préfacé, à la demande de Marie-Noël Arras, auteur du dernier livre publié par les éditions du Chèvre-feuille étoilée « Inoubliables, femmes célèbres de Jean Lattes » un superbe ouvrage présentant des photographies de Jean Lattes, et réalisé avec le concours de l’épouse du photographe, Janine Lattes. Une préface manuscrite. Et le livre se referme sur des photos de Juliette Gréco.
http://www.ramdam.com/bio/juliette-greco-biographie/
http://www.franceculture.fr/oeuvre-je-suis-faite-comme-ca-de-juliette-greco
http://www.purepeople.com/article/juliette-greco-ses-blessures-secretes-sa-tentative-de-suicide_a93679/1