Guatemala : le procès de l'ex-dictateur Rios Montt est bien annulé
L'ancien général Rios Montt avait été condamné à quatre-vingts ans de prison pour génocide et crimes contre l'humanité le 10 mai, une première dans ce pays d'Amérique centrale ravagé par une longue guerre civile de trente-six ans, entre 1960 et 1996. « Le Guatemala écrit l'histoire, en devenant le premier pays au monde où un ancien chef d'Etat est condamné pour génocide par une juridiction nationale », avait alors salué Navi Pillay, haut-commissaire des Nations unies pour les droits de l'homme.
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Me Moises Galindo, avocat de l'ancien dictateur âgé de 87 ans et placé aux arrêts domiciliaires, a déclaré à des médias locaux que cette décision de justice« renvoyait pratiquement à la situation prévalant en novembre 2011 », c'est-à-dire au niveau de l'instruction. Selon lui, cette décision impose également de suspendre le nouveau procès contre son client, prévu pour le 5 janvier 2015.
De son côté, Me Edgar Pérez, avocat des victimes de l'Association pour la justice et la réconciliation, a l'intention de « faire appel » auprès de la Cour constitutionnelle, plus haute instance judiciaire du pays.
« TERRE BRÛLÉE »
Rios Montt avait été reconnu responsable de massacres ayant causé la mort de 1 771 indiens mayas de l'ethnie des Ixiles perpétrés sous son régime (1982-1983) par des militaires. La présidence de fait de M. Rios Montt a été l'une des périodes les plus meurtrières de la guerre civile au Guatemala, qui a fait, selon l'ONU, 200 000 morts et disparus entre 1960 et 1996, dans ce pays qui compte actuellement 14 millions d'habitants.
Un rapport de l'ONU daté de 1999 recense 626 massacres – dont 500 hameaux rasés – et considère qu'il y a eu « génocide ». D'après ce même rapport, plus de 90 % des violations des droits de l'homme se sont déroulées entre 1978 et 1984.
Sous son régime, l'armée avait appliqué une politique de la « terre brûlée » contre les peuples autochtones, soupçonnés de soutenir la guérilla de gauche. « Au Guatemala, il n'y a pas eu de génocide, mais quelque chose de pire », a écrit le sociologue guatémaltèque Edelberto Torres-Rivas, évoquant la persécution systématique des sympathisants de gauche, de leurs proches et amis, et enfin des populations indigènes.
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