Martins (MoDem) : A Paris, le centre est plus proche d'Anne Hidalgo que de l'opposition
Le Monde | 01.11.2013 à 12h01 • Mis à jour le 01.11.2013 à 14h43 | Propos recueillis par Béatrice Gurrey
Jean-François Martins, unique conseillerMoDem de Paris, a décidé de se rallier à la candidate socialiste à la Mairie de Paris.
Pourquoi avez-vous décidé de soutenir la candidate socialiste, Anne Hidalgo, à l'élection municipale de mars 2014 ?
Jean-François Martins J'aurais aimé vous dire, centriste que je suis, que mon choix allait au centre. Or, tout semble indiquer qu'il n'y aura pas de candidat centriste au premier tour. En tous cas ni Marielle de Sarnez (vice-présidente du MoDem) ni Christian Saint-Etienne (candidat de l'UDI), puisque ceux-ci se dirigent vers une alliance avec l'UMP dès le premier tour. Je me suis donc interrogé, en responsabilité et en liberté, sur le ou la candidat(e) le mieux à même de défendre les valeurs et les idées auxquelles je crois, celles du centre. Et mon choix s'est porté sur Anne Hidalgo.
Vous étiez attendu en numéro deux de la liste de Nathalie Kosciusko-Morizet, la candidate de l'UMP, dans le 14e arrondissement. Que vous proposent les socialistes ?
Mais elle a justement voulu renouveler cette droite…
Les équipes seront semblables. Ils se sont opposés aux voies sur berges, au tramway, à la politique de logementsocial. Je ne suis pas comptable du bilan de cet exécutif, celui de Bertrand Delanoë, mais la vérité impose de dire que les Parisiens en sont globalement satisfaits et que cette droite parisienne s'est opposée à tous les progrès notables réalisés depuis treize ans.
Pourquoi vous décider à quelques jours du "mariage" entre l'UDI de Jean-Louis Borloo et du MoDem de François Bayrou ?
Le moteur de ma décision est essentiellement et quasi exclusivement parisien. J'ai beaucoup d'humilité, je suis un élu local. Je dis juste qu'à Paris, je pense que le centre est plus proche d'Anne Hidalgo que de l'opposition. C'est objectif et rationnel.
L'impopularité de l'exécutif, que redoute Anne Hidalgo, ne vous effraie pas ?
Non, car je ne deviens pas socialiste ! Je vais soutenir ceux qui ont à mes yeux les propositions les plus justes pour Paris.
Depuis 2010, vous n'avez tout de même pas voté toutes les décisions de la majorité municipale…
Je ne minore pas mes divergences avec Anne Hidalgo, celles qui sont dépassables ou celles qui ne le sont pas. L'un des gros enjeux pour Paris dans la décennie qui vient est de savoir si cette "ville-monde" peut garder une part d'identité populaire. C'est évidemment d'abord un enjeu de logement – comment rééquilibrer l'Est et l'Ouest – et comment empêcher Paris de devenir monolithique du point de vue social. Depuis 2010, j'étais dans une position "centrale". J'ai voté à peu près 50% des délibérations qui faisaient débat. J'étais convaincu par la réforme des rythmes scolaires, parce qu'elle est fondée pour améliorer l'apprentissage des savoirs. Je l'ai défendue, y compris contre des gens de mon camp. Mais quand la ville a cédé les Halles à Unibail, j'ai protesté vigoureusement. Je n'étais pas du tout d'accord pour que la municipalité vende ce patrimoine qui vaut près d'un milliard d'euros à un commanditaire privé. La majorité a toujours estimé que j'étais juste dans mes interventions, c'est ce qui a permis que l'on se parle. C'est cette liberté que je garderai dans mes rapports avec Anne Hidalgo.
Le vote du budget aura lieu bientôt. Vous avez déjà interpellé la majorité sur la baisse des recettes, continuerez-vous à le faire ?
C'est l'une des premières questions que j'ai posées en devenant conseiller de Paris en 2010. Paris est une ville riche, qui a les moyens d'investir. Mais cet effort peut-il être soutenu durablement si les droits de mutation diminuent, si les recettes fiscales baissent ? En 2010, lorsque nous avons eu près de 300 millions de droits de mutation supplémentaires, inattendus, ma suggestion était de créer une réserve, une sorte de fonds qui permettrait de continuer à investir pour créer des logements. Je plaide sans relâche pour cela et je continuerai à le faire. A Paris, le montant de la taxe foncière et de la taxe d'habitation est très faible. On doit être capable de maintenir le niveau actuel d'investissement en essayant de ne pas augmenter les taxes.
Qu'est ce qui ne vous plaît plus au MoDem ?
Je garde de l'estime, de l'amitié, de l'admiration pour François Bayrou, et pour Marielle de Sarnez, qui ont fait des choix courageux. Mais m'allier durablement avec la droite, je ne peux pas participer à cela. J'en ai beaucoup voulu aux socialistes de ne pas avoir saisi la main tendue de François Bayrou en 2012, qui avait fait un geste historique. C'était à ce moment qu'il fallait inventer une majorité pour faire face aux immenses difficultés du pays. Chez Anne Hidalgo j'ai constaté une absence totale de sectarisme. Sa volonté de constituer une majorité large, ouverte, a contribué à mon choix. Elle s'est comportée à l'inverse du niveau national.
Lire aussi : Municipales à Paris : un élu MoDem se rallie à Anne Hidalgo