Manifestation samedi à Quimper : Ayrault met en garde contre une spirale de la violence
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Une semaine après la manifestation devant le portique écotaxe de Pont-de-Buis (Finistère), qui a dégénéré en violents affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, les appels au calme se sont succédé et plusieurs organisations, notamment syndicales, se sont désolidarisées de l'appel à manifester. Par précaution, la mairie de Quimper a ordonné le démontage du mobilier urbain et la préfecture a interdit l'accès au centre-ville aux tracteurs.
"SPIRALE DE LA VIOLENCE"
Les organisateurs ont assuré que le rassemblement se déroulerait dans le calme et le premier ministre a mis en garde contre toute "spirale de la violence". "C'est très important de rappeler que la France est un pays démocratique et que le droit de manifester existe, a souligné Jean-Marc Ayrault. En même temps, on ne peut pas construire si on s'engage dans une espèce de spirale de la violence. Je souhaite que cette manifestation soit pacifique." Estimant que le gouvernement a fait preuve d'"apaisement" en suspendant mardi l'écotaxe, mesure contre laquelle se cristallise une partie de la fronde, Jean-Marc Ayrault a rappelé la nécessité que "tout le monde se mette autour de la table".
Au micro d'Europe 1, la ministre de la réforme de l'Etat, Marylise Lebranchu, a dit craindre la présence de militants extrémistes à la manifestation, mettant en garde contre tout débordement. "On a des retours nous disant qu'un certain nombre de groupes sont déjà sur place et ont l'intention de faire de cette manifestation quelque chose d'un peu plus violent qu'on ne pourrait malheureusement l'espérer", a déclaré la ministre, avant de fustiger l'opposition qui pratique la politique de la "chaise vide" aux concertations et qui "[va] dans la rue". "Appeler à des manifestations quand le premier ministre a déjà ouvert la porte des négociations, je ne suis pas sûre que ce soit une responsabilité assumée", a dénoncé Marylise Lebranchu.
PLUSIEURS SYNDICATS SE DÉSOLIDARISENT
La famille de Mickaël Cueff, le manifestant blessé et amputé de la main à la suite de l'action à Pont-de-Buis samedi, a lancé un "appel solennel afin que ce rassemblement de samedi à Quimper se passe dans la plus grande dignité et le calme", et l'UDI a souhaité elle aussi jeudi que la manifestation "se déroule dans le calme et la sérénité", en estimant que la suspension par le gouvernement de l'écotaxe avait constitué "un vrai geste d'apaisement".
Très dégradé en raison notamment de la crise de l'agroalimentaire, le climatsocial en Bretagne s'est cependant un peu plus assombri jeudi avec l'annonce par le volailler Tilly-Sabco de son intention de suspendre à partir de janvier sa production de poulets pour l'export, avec un millier d'emplois menacés "à très court terme".
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Toutefois, plusieurs organisations syndicales se sont désolidarisées de l'appel à manifester à Quimper, la CGT, Solidaires et FSU appelant à leur propre rassemblement à Carhaix. "La manifestation pour les salariés n'est pas à Quimper mais à Carhaix. Elle n'est pas avec ceux qui procèdent aux licenciements. On ne veut pas que les salariés soient les dindons de la farce", a déclaré le secrétaire régional CGT Bretagne Thierry Gourlay, qui dénonce le fait que plusieurs organisations patronales, dont Produit en Bretagne (300 entreprises, 100 000 salariés) appellent à manifester à Quimper. La CFDT a également décidé de se démarquer, indiquant qu'elle ne participerait ni à la manifestation de Quimper ni à celle de Carhaix, et estimant que la problématique de l'écotaxe est "un paravent évitant de traiter les problèmes de fond" de la Bretagne.