Toujours pas de médaille pour le judo français
Les engagés tricolores Priscilla Gneto (- 52 kg), David Larose et Dimitri Dragin (- 66 kg) n’ont pas réussi à atteindre le stade des quarts de finale aux championnats du monde à Rio. Après la défaite prématurée de Laetitia Payet lundi, la France est toujours en quête d’un métal.
La catégorie des - 66 kg avait beau être copieuse, avec 66 combattants, mardi 27 août, la France avait deux belles cartes à jouer avec David Larose et Dimitri Dragin. Le premier, vainqueur du prestigieux tournoi de Paris en février et médaillé de bronze aux championnats d’Europe à Budapest à la fin avril, concentrait tous les espoirs. Ne restait plus qu’à les concrétiser, ici à Rio. Mais les espoirs se sont bien vite envolés pour le leader de Sainte-Geneviève. D’emblée, le Français tombait contre Pawel Zagrodnik, un copieux Polonais qui impulsait un rythme infernal avec ses ippon-soei-nage (mouvement d’épaule) au ras du tapis. Incapable de tenir tête au judoka de l’Est, David Larose se faisait logiquement sanctionner à mi-combat. Une pénalité qui lui a sûrement coûté très cher. Quelques secondes après, Zagrodnik déroulait le Français sur le dos et s’échappait au score avec un waza-ari d’avance. Dans la dernière minute du combat, David Larose se réveillait enfin, parvenant à marquer yuko (un petit avantage). Insuffisant cependant pour inquiéter son adversaire, qui filait au 2e tour.
Redoutable en tournoi, le Français n’a pas réussi à conjurer le sort qui s’acharne sur lui en championnats. A 28 ans, le champion du monde junior de 2004 n’a jamais réussi à accrocher une breloque mondiale chez les seniors. Une ligne qui manque cruellement à son palmarès, alors qu’il en a largement le potentiel. “J’avais fait une belle saison, j’avais tout fait pour arriver bien sur ces championnats, mais je n’ai pas été bon”, a regretté David Larose au sortir de son combat.
Dans cette même catégorie, Dimitri Dragin avait un beau coup à jouer. Tour à tour, le Levalloisien se débarrassait du Malaisien Wei Fu sur un splendide morote (mouvement d’épaule), de l’Israélien Pollack aux pénalités et de l’Allemand Seidl sur un puissant ko-soto-gake à trente secondes de la fin du combat. Une victoire de bon augure, qui le mettait en confiance face à l’Azéri Shikhalizada, qu’il avait déjà battu deux fois cette saison. Mais la troisième n’était pas pour aujourd’hui. Sur une action en sortie de tapis, le Français se faisait surprendre sur un tai-otoshi parfaitement exécuté. Un ippon que l’arbitre ne comptabilisait pas, ayant interrompu le combat avant. Finalement, l’arbitre était contraint par la table centrale de revoir sa décision et rétablissait le ippon. Retour au vestiaire pour Dragin, qui pestait : “Je suis dégoûté. J’étais bien aujourd’hui, je me voyais aller au bout et je me fais bêtement sortir pour une erreur d’arbitrage. Après ça, ça va être dur de se relancer.”
"Je n'ai rien à regretter"
Du côté des filles, Priscilla Gneto, médaillée olympique à Londres, a fait une belle compétition en - 52 kg malgré sa blessure au genou. Après deux combats victorieux contre la Hollandaise Wolfslag et la Biélorusse Skrypnik, le troisième tour s’annonçait difficile contre Majlinda Kelmendi, la talentueuse Kosovare médaillée de bronze aux championnats d'Europe à Budapest qui allait finalement devenir championne du monde à Rio. Le combat fut très disputé. A l’impact physique imposé par la Kosovare répondait les attaques (trop imprécises) de la Française, qui s’inclinait d’une pénalité. “Je n’ai rien à regretter, a commenté Priscilla Gneto après avoir séché ses larmes. Je ne suis pas arrivée dans les meilleures conditions car j’étais blessée. Mais je voulais absolument faire ce championnat. Je suis contente des combats que j’ai fait, ça va me servir pour la suite.”
Les phases finales, elles, furent de toute beauté. En -52 kg, la pugnace Brésilienne Erika Miranda, portée par un public de feu, redoublait d’agressivité face à une Majlinda Kelmendi indomptable qui a su attendre le bon moment pour placer un uchi mata magistral et conclure au sol. Un premier titre fort en émotion pour la Kosovare qui offre à son pays le premier titre mondial de son histoire.
Chez les -66 kg, on attendait le Japonais Masashi Ebinuma, bien sûr. Mais il a eu bien du mal à se défaire de l’étreinte du Kazakh Azamat Mukanov, qui a bien failli plier son bras en équerre. Devant les signes de douleur du japonais, l’arbitre semblait hésiter à interrompre le combat. C’eut été dommage. Dans une ultime reprise de garde, le Japonais lançait un uchi-mata kamikaze qui propulsait le Kazakh dans les airs. Ippon, net et précis. Sur ce coup de maître, Ebinuma pouvait exulter après avoir frôlé la correctionnelle.
Mercredi 28 août, place aux catégories - 57 kg et - 73 kg, avec les entrées en lice d’Automne Pavia et Ugo Legrand, médaillés de bronze à Londres. A Rio, les Orléanais ont clairement l’or en tête et le potentiel pour se hisser sur la plus haute marche du podium. Reste à gérer la pression pour l’un comme pour l’autre. Chez les - 73 kg, l’autre Français, Pierre Duprat, peut lui aussi créer la surprise. Médaillé de bronze européen à Budapest, le Levaloisien, transfuge des - 66 kg, n’a rien à perdre. Une position enviable dans un tel championnat, où l’enjeu est à son comble.
Au troisième jour de ces championnats du monde, le public est grandement attendu. Avec ses 11 000 places, la Maracanazinho Arena semble trop grande avec une salle à moitié pleine. Ironie de l’histoire : à la sortie de l’enceinte, les Brésiliens sont des centaines à faire la queue pour acheter des places… de football.
Florent Bouteiller
(Envoyé spécial à Rio de Janeiro)
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