En Bourse, les valeurs malmenées relèvent la tête
Le Monde | 15.08.2013 à 15h29 • Mis à jour le 15.08.2013 à 18h03 | Par Jérôme Porier
Rassurés par le réchauffement du climat économique, les investisseurs commencent à délaisser les valeurs défensives comme Sanofi, Vivendi ou Orange, pour se reporter sur des entreprises dont l'activité est plus étroitement liée au cycle économique comme Société générale, EADS ou Renault. Depuis janvier, le secteur de la pharmacie ne progresse que de 8,8 %, alors que les banques gagnent 25 % et l'automobile 38,6 %.
EFFET DE RATTRAPAGE
Bien sûr, ce regain d'intérêt pour les valeurs "cycliques" s'explique d'abord par un effet de rattrapage : elles ont été tellement "massacrées" que leur capitalisation boursière était tombée à un niveau largement inférieure à leur valeur d'actifs, autrement dit, à leur valeur "à la casse".
"L'écart entre les valeurs défensives et les valeurs de croissance était devenu considérable, confirme Romain Boscher, responsable de la gestion actions chez Amundi. Le rebond de ces dernières correspond à un rééquilibrage plutôt qu'à un changement de tendance." Reste qu'il était encore inimaginable il y a quelques mois que les investisseurs se reportent massivement sur des secteurs aussi sensibles à la conjoncture.
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Pour la première fois depuis le début de la crise, les grandes banques françaises ont toutes annoncé des résultats supérieurs aux prévisions des analystes au second trimestre. BNP Paribas a réalisé un bénéfice de 3,3 milliards d'euros, le deuxième plus important du CAC 40 derrière Total. Crédit agricole a gagné 1,39 milliard d'euros, la BPCE (Caisses d'épargne, Banques populaires...), 772 millions d'euros.
Les niveaux de provision ont sensiblement baissé, preuve que les banques françaises anticipent désormais l'avenir avec davantage de sérénité. Elles ont renforcé leurs fonds propres afin de respecter les nouvelles règles de solvabilité européennes.
La plus offensive est BNP Paribas, qui a dévoilé deux nouveaux objectifs cet été : grandir dans la gestion d'actifs et se renforcer en Allemagne. Pour la banque de la rue d'Antin comme pour ses concurrents, les plans d'économies mis en œuvre ces dernières années portent leurs fruits. Bien qu'elles n'aient pas encore retrouvé leur niveau de rentabilité d'avant 2007, les banques françaises sont désormais solides financièrement.
+ 99 % POUR PEUGEOT
Depuis le 1er janvier, l'action Renault a bondi de 49 % et le titre Peugeot de 99 %. Le secteur automobile bénéficie, lui aussi, d'un effet "solde", tant les valorisations des constructeurs s'étaient effondrées. En début d'année, Peugeot valait ainsi moins de deux milliards d'euros en Bourse, alors que son chiffre d'affaires dépassait les 55 milliards d'euros en 2012.
Pour Dylan Baron, gérant actions chez Quilvest gestion, le rebond de l'automobile devrait perdurer. "Dans les trimestres à venir, dit-il, les investisseurs vont pouvoircompter sur le retournement attendu des ventes de voitures en Europe, d'autant que ces titres ne sont pas chers : à neuf fois les bénéfices prévus pour 2013, ils sont encore très bon marché !"
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En juillet, plusieurs dirigeants de constructeurs automobiles ont fait état d'une amélioration de leurs perspectives. Le directeur général de Daimler a déclaré que "le pire [était] derrière l'industrie en Europe". Et pour le patron de la filiale européenne de Ford, "le marché européen devrait repartir à la hausse en 2014".
L'état du parc automobile conforte leur optimisme. En France et en Allemagne, les véhicules en circulation n'ont jamais été aussi vieux, avec un âge moyen respectif de 8,3 ans et 8,7 ans. Ce vieillissement devrait favoriser le succès de la nouvelle génération de véhicules qui va être lancée dans les prochains mois.