Pas de pétrole, pas d'uranium,
pas de cobalt? Sans intérêt!
Quoique, si les israéliens s'en mêlent...
Les syriens pris entre le marteau et l'enclume reviennent enfin sur le devant de la scène médiatique. L'utilisation d'armes chimiques? Les massacres de civils, de femmes et d'enfants par milliers? Les camps de centaines de milliers de réfugiés misérables en Jordanie et en Turquie? Pas du tout. Franchement quel intérêt!
Mais qu'Israël attaque des cibles militaires, faisant 42 morts militaires dans un pays qui lui a déclaré la guerre en 1948, état de guerre toujours d'actualité, du moins officiellement, et c'est les cris d'orfraie, l'incompréhension devant le conseil de sécurité de l'ONU qui ne condamne pas, la demande renouvelée de boycott, de mise au ban des nations.
Cela ne change pas grand chose pour Israël qui continue à se défendre; à toute fins utiles, rappelons que la moitié de l'arsenal du Hezbollah se trouve en territoire syrien et qu'il cherche à le rapatrier au Liban en prévision de la chute de Bashar El Assad. Que n'aurait-on pas reproché aux israéliens s'ils avaient détruit ces armes non pas quand elle se trouvaient entreposées dans un complexe militaire syrien mais disséminées au milieu de la population civile libanaise.
Bien sur, certains vous dirons que c'est «le risque d'embrasement régional que ces inconscients d'israéliens font peser sur tout le monde» qu'ils condamnent. Apparemment, «certains» n'ont pas été très attentifs ces derniers mois. Affirmer que l'armée syrienne pourrait se battre sur un front extérieur avec une des armées les plus efficaces au monde tout en maintenant l'équilibre avec les insurgés relève de l'imposture intellectuelle, ou de la posture justement. Pareil pour le Hezbollah qui voit son capital de crédibilité fondre comme neige au soleil au Liban. On ne se bat pas au côté d'un tyran devenu boucher impunément dans un pays qui ne connaît que trop bien les horreurs des guerres civiles.
L'ironie de l'histoire, c'est que les israéliens ne se mêlent pas de la guerre civile syrienne; ils se contentent, comme tout État démocratique, de protéger les personnes qui se trouvent sur son sol. Ils agissent donc pour éviter que des armes trop sophistiquées ne tombent aux mains de leur ennemis. De même, ils soignent les insurgés syriens blessés qui leur demandent régulièrement de l'aide. Car depuis quelques mois, de nombreux combattants arrivent aux postes frontières du Golan et se font soigner soit dans l’hôpital de terrain installé juste pour eux par l'armée israélienne, soit à l’hôpital de Haïfa quand leurs blessures exigent des interventions chirurgicales. Aux frais des contribuables israéliens évidemment.
Mais il faut croire que les israéliens ont toujours tort. Que le seul nom d'Israël réveille encore un intérêt malsain et insidieux dans une partie de la population. Et cela en dit plus sur nous que sur eux.