Les théories du complot, celles qui arrangent et celles qui dérangent...
« La théorie du complot, en simplifiant l'espace politique, permet l'économie d'un examen attentif des réalités.» Arianne Chebel d'Appollonia, historienne.
Selon Wikipedia, l'expression théorie du complot désigne une interprétation spéculative d'événements suivant un plan concerté et orchestré secrètement par un groupe malveillant. La conspiration secrète civile, criminelle ou politique visée par la théorie du complot agirait généralement dans l'objectif de détenir ou conserver une forme absolue de pouvoir (politique, économique ou religieux).
Selon Pierre-André Taguieff les théories du complot reposent sur 4 grands principes : «Rien n'arrive par accident ; Tout ce qui arrive est le résultat d'intentions ou de volontés cachées ; Rien n'est tel qu'il parait être ; Tout est lié, mais de façon occulte.»
Mais qu'est ce qui fait une « bonne » théorie du complot ? Une qui dure, qui génère des spéculations sans fin ? Pourquoi certains sujets restent-ils sur des décennies, parfois sur des siècles, des « bons clients » pour les théoriciens du complot quand d'autres qui ont apparemment tout pour ça ne prennent pas ? Pourquoi le prisonnier au masque de fer fit-il couler tant d'encre alors que personne ne remet en cause l'histoire officielle de la traque et de la mort d'Oussama Ben Laden ?
Serait-il possible d'établir un lien entre DSK au Sofitel, les attentats du 11septembre et les illuminatis ? Peut-être. Au fondement de la défiance envers le discours de « l'autorité » on trouve le sentiment d'insécurité.
Au moment de l'éclatement de l'affaire DSK, ce dernier était présenté, et perçu par beaucoup, comme un potentiel sauveur : un brillant économiste apprécié à gauche comme à droite dans un moment de crise économique. Pouvions nous accepter qu'il tombe de son piédestal ? Pouvions nous nous être trompés et avoir été trompé à ce point ? N'est-il pas plus simple, psychologiquement, de penser qu'un complot (des Etats-Unis, de Sarkozy etc....) l'ai écarté de l'action politique ?
De même, que les Etats-Unis, première puissance mondiale, si puissante, puisse être mise en échec par 12 mecs avec des cutters provoque un fort sentiment d'insécurité. L'avantage d'une théorie du complot c'est qu'elle nie les défaillances humaines. Les agents du gouvernements américains n'ont pas faillis puisqu'ils l'ont fait exprès. Ils sont malveillants mais pas incompétents.
Les théories qui se rapportent aux illuminatis font aussi appellent aux sentiments d'insécurité des gens qui y adhèrent. Le monde après tout va assez mal. Trouver des coupables, (un groupe minoritaire devenu bouc émissaire), qui seraient responsables des malheurs du monde permet non seulement de rationaliser le mal mais aussi de se dédouaner de nos propres responsabilités.
Il s'agit finalement souvent de trouver des explications rationnelles à des évènements qui nous dépassent sur le plan émotionnel.
En creux, on peut trouver dans ces mécanismes les raisons qui font que certains sujets, pourtant tout aussi soumis à la controverse, ne donnent pas lieu à des théories conspirationnistes. A ce titre, le cas Regina Louf (voir notre dossier) est exemplaire. Alors que son témoignage devrait objectivement donner lieu à une enquête extensive, sans en préjuger des résultats, il est admis que ses déclarations n'ont pas de valeurs et que les tous les coupable de « l'affaire Dutroux » ont été mis hors d'état de nuire. Les belges peuvent dormir sur leur deux oreilles, les bourreaux d'enfants ont été arrêtés, il n'y a plus de monstres qui sortiront de la nuit.
DSK, JFK, le World Trade Center, l'homme au masque de fer, le protocole des sages de Sion, la mort de Coluche, les OVNIS, les illuminatis, les campagnes de vaccinations, l'origine du SIDA, l'origine franc-maçonnique de la révolution française... que de sujets fascinants qui font palpiter notre imagination...