Hommes et femmes :
égalité de droits et de devoirs
L. Y. SENECAL
On ne saurait comprendre l'égalité de l'homme et de la femme que comme une égalité de droits et de devoirs. Encore que dans ce dernier cas, il conviendrait plutôt d'admettre la différence fondamentale qu'il y a entre un homme et une femme. Encore que, dans ce dernier cas, il conviendrait pour les uns d'admettre que la nature accorde un privilège inestimable dans la procréation par le fait que la femme porte en elle, l'avenir du couple. Encore que, dans ce dernier cas, il conviendrait tout autant d'admettre qu'une mère a droit elle aussi à une vie de femme. Encore que, dans tous les cas, il y a complémentarité et non opposition comme certain(e)s semblent vouloir le suggérer.
Tenez. Prenez un homme et une femme arrivés ensemble en haut d'une colline, une journée lumineuse de printemps, lors d'une randonnée dans une contrée à découvrir. Le paysage déroule sa robe de verdure et de feuillage devant leurs yeux. Les prairies se parsèment de boutons d'or. Les bois et les forêts présentent leur différentes essences qui vont du vert le plus tendre au plus sombre et mystérieux, comme le suggèrent les pins et les sapins. Les maisons semblent autant de refuges, agglutinées parfois les unes autour des autres avec une flèche qui pointe vers le ciel ou bien ordonnées autour d'une belle cour de ferme dont il semble que l'on hume déjà les odeurs.
C'est ainsi que le regard de la femme parcourt le paysage, toute en sensibilité, en émotion, en délicatesse. Lui, il imagine qu'il part de là avec un delta-planne, qu'il s'envole dans l'azur bleueté pour survoler le sol, qu'il franchit l'espace en voulant s'affranchir du temps par la même occasion. Il croit qu'il peut faire quelque chose pour donner plus d'intensité à ses sens. Cela, dans un acte qui parfois, par le risque encouru, aura de quoi les amplifier, jusqu'à peut-être y laisser sa peau. Ne serait-ce que parce qu'elle est là, qu'elle lui enjoint la prudence, qu'elle lui parle de folie et d'absurdité et qu'il croit, lui, qu'elle l'admire pour son courage.
Qu'en est-il alors de l'opposition entre l'homme et la femme ? Qu'en est-il de la complémentarité ?
Et pourquoi ne pourrait-on pas inverser les rôles ?
Alors soit. Inversons les rôles. L'homme admire le paysage, assis sereinement, les yeux glissant sur le bétail qui semble immobile ou sur un paysan qui fauche avec des gestes lents le blond des blés, comme un coiffeur avec la précision du ciseau. Elle, elle le regarde et s'impatiente. Elle fulmine. Elle veut s'envoler maintenant et glisser dans les airs. Elle veut faire ce qu'il ne fait pas. Agir. Mais non, elle ne veut pas risquer sa peau. Ce qu'elle veut faire ne serait-il pas plutôt fuir quelque chose en elle qui l'amène à être moins dans l'action, plus dans la réflexion. Qu'est-ce qui brûle en elle qu'elle ne veuille plus être une mère proche de ce bébé, de ce petit enfant qu'elle admire pourtant, chair de sa chair, immense trésor qu'elle couvre de baisers... Quand elle le retrouve tard le soir après son travail alors qu'à force de l'attendre, il s'est endormi dans son berceau.
Qu'est-ce donc ce besoin de sentir toute la masculanité prendre le pas sur sa féminité ? Une mode peut--être ? Une tendance, un besoin, un impératif ? La société de consommation éventuellement ? Mettre tout le monde au même pas. Créer, industrialiser, produire, distribuer, commercialiser et consommer. Faire des profits mirifiques mais aussi s'assurer qu'elle et lui seront capables à tous les niveaux de participer pleinement à toutes les étapes. Et ainsi de niveler jusqu'à l'absurde les différences fondamentales et naturelles qui font qu'un homme et une femme se complètent et non s'opposent.
Egalité des droits certes et cela est incontestable. L' Egalité des sexes en essayant d'annihiler ce qui en constitue leurs avantages et leurs particularités si complémentaires et indispensables, notamment en ce qui concerne la seule loi que reconnait la nature, à savoir la procréation, n'a pas d'autre sens que de démontrer à quel point d'absurdité en est venu l'humanité. Une partie seulement de l'humanité. Celle qui est devenue sourde, aveugle et quelque peu stupide. Non ?
"L'avenir, il ne suffit pas de le prévoir mais le rendre possible". Antoine de Saint Exupéry.
L. Y. SENECAL.