Le sommet Européen du 27 Juin révèlera quel président est François Hollande
Par Pauline Ebrart
Le 17 juin, date des élections en Grèce et le 27 juin date du sommet européen, seront des dates clefs pour Hollande qui devra enfin montrer de quoi il est capable face aux réalités, et où les délitements temporels dont il a l’habitude ni même les accusations contre son prédécesseur, ne pourront plus être utilisés. Il sera dans l’obligation de montrer ce qu’il a dans le ventre et de s’exposer, lui qui depuis des années, se meut dans l’ombre de plus grands.
En attendant ces dates fatidiques, usés par la précédente campagne « présidentielle », plus de 40 % des Français pourraient s’abstenir de voter pour les législatives.
Pas de réels enjeux nationaux ne les motivent, alors que ces élections sont pourtant extrêmement importantes pour la répartition des pouvoirs.
Une majorité de sièges de gauche à l’Assemblée et le gouvernement Hollande gouvernera sans opposition et pourra même changer la constitution sans consultation du peuple.
D’après les sondeurs et malgré l’engagement de Jean-Marc Ayrault sur le terrain pour soutenir tel ou tel candidat, ainsi qu’il l’a fait pour Ségolène Royal (au détriment d’un autre socialiste qui a souhaité s’inscrire sur la même liste et qui a été excommunié du PS ipso facto, pour crime de lèse-majesté), il semble que les Français de gauche se soient désolidarisés des élections législatives. Pas suffisamment quand même pour que le PS n’obtienne pas la majorité à l’Assemblée.
F.Hollande a gagné la présidentielle en utilisant l’antisarkozisme et en se définissant en contraste par rapport à N.Sarkozy.
Pendant toute sa campagne, il a pris soin de s’opposer en contraire dans toutes ses actions et paroles de façon à montrer, non pas ce qu’il est, mais ce qu’était l’autre, et dans ce renvoi constant sur son prédécesseur, entretenir envers lui le rejet et la colère.
Hollande a usé de ce procédé jusqu’à la saturation nationale et jusqu’au ridicule avec cette photo officielle niaise le montrant bras ballants dans un fond flou, au point qu’aujourd’hui et malgré les législatives qui se profilent, les Français démobilisés, attendent la suite et autre chose, dans l’expectative de ce qui se fera ou pas.
Et bientôt Hollande ne pourra plus se contenter de montrer Sarkozy du doigt et de fuir ses engagements, ceux pris pendant la campagne, et ceux qu’il devra prendre dans des situations délicates et déjà prévisibles.
Le 17 juin, la Grèce va voter et ce sera la première confrontation de Hollande avec la réalité du terrain. Selon ce qui s’y passera la Grèce sortira ou pas de l’Europe. Si elle y reste et est soutenue par les Européens, ceux-ci auront prouvé qu’ils sont capables de construire une Europe souveraine, économique, humaine, sociale, solidaire, capables de trouver des solutions communes et d’envisager des avenirs communs, mais si ce n’est pas le cas et que la Grèce est abandonnée, ce sera la démonstration de la faillite de l’Europe, de son incapacité d’encadrement et de stabilisation, et l’irrationnalité des marchés aura alors raison du système.
Le 27 juin, se tiendra un sommet européen pour l’Espagne et la Zone Euro. Selon l’économiste de Citi « Le communiqué pourrait annoncer qu’un délai supplémentaire sera accordé aux Etats pour atteindre l’objectif de déficit de 3 % du PIB, si les prévisions macroéconomiques de la Commission, publiées cet automne, le justifient »
Selon les options qu’il prendra, Hollande sera alors jugé par les Français, et seront remis en question positivement ou négativement : la solidité de son programme, sa détermination en cas de conflit avec les autres nations européennes, son aptitude à l’innovation et à la créativité avec les qualités de chef qu’en période de crise il est impératif d’avoir.
Les Français devront donc attendre ces deux dates du 17 et 27 juin pour savoir effectivement quel président est et sera, F.Hollande.
Malgré tout, Hollande s’étant appliqué pendant toute sa campagne à ne rien promettre de vraiment grand et différent pour la nation, ainsi que ont su le faire aussi bien Jacques Chirac que Nicolas Sarkozy, ne s’étant engagé que sur des approximations et des détails et n’ayant fait aucune promesse, les Français ne pourront pas lui reprocher de ne pas les respecter.
Il bénéficiera alors d’une popularité « molle » et s’il ne fait pas de trop gros écarts politiques, il s’en sortira à peu près au moins jusqu’en 2017, où là il y a fort à parier, il ne sera pas réélu par des Français qui auront de nouveau envie et peut-être besoin, d’un président plus charismatique et plus fort.