CANAL MUSSOLINI
D’Antonio Pennacchi

« C’est facile de critiquer le fascisme aujourd’hui, alors qu’avant, dans l’histoire de l’Italie, il a aidé les hommes à survivre ».
C’est, à peu de chose près, ce que disait Antonio Pennacchi sur les ondes de France Inter, il y a quelques jours.

Et dans notre monde confus d’aujourd’hui où la peur d’un fascisme associé au nazisme pourrait ressurgir et où les nationalismes s’exacerbent, la voix et les mots d’Antonio Pennacchi avaient une dimension singulière, faites de force et de réalisme, de non compromis et de volonté d’honnêteté. Avec le respect de l’Histoire et de ce que fut pour cette Italie des années 30, pauvre, faite de migrants sans terre, la survenue du fascisme. Un fascisme à l’Italienne, « in somma » qui redistribua les terres aux pauvres, qui assainit les marais, réduisit le paludisme, remit du pain dans la soupe…

Le roman d’Antonio Pennacchi « Canal Mussolini » n’est pas une homélie au fascisme, mais le roman d’une vie, celle d’un homme qui se retourne, regarde d’où il vient, le chemin parcouru par lui-même et par ceux qui l’ont précédé : parents, grands-parents, familles, cousins, oncles, et qui dans une langue à la fois chaotique et suave vous raconte les marais, les moustiques, l’espérance et Armida qui met au monde son fils dans le bourdonnement généreux des abeilles.
Un livre lumineux qui n’est pas sans rappeler la puissance poétique de « Cent ans de solitude ».
Une saga sur trois générations qui retrace les passions, les excès et les espoirs d’une famille partagée dont certains troqueront le rouge de l’Internationale pour le noir Mussolinien, tandis que d’autres deviendront socialistes où iront se perdre dans des guerres coloniales.
Un roman qui nous force à réfléchir à ce qui fait que c’est toujours dans la détresse et la pauvreté, la souffrance que naissent les plus belles idées de fraternité, mais qu’hélas lorsque ces idées sont communautarisées ou nationalisées, elles portent en elles, par essence, les germes des nationalismes outranciers et pervertis.  

Biographie

Antonio Pennacchi est le fils d’émigrés de Vénétie qui se sont installés dans les marais Pontins. Il s’inscrit d’abord au Mouvement social Italien alors que toute sa famille est de gauche, hormis son père dont l’engagement fasciste le questionne. Il adhère à « Servir le peuple » et travaille 30 ans comme ouvrier chez Alcatel Fulgorcavi. A la suite de son licenciement, il décide de faire des études et sera tardivement diplômé en lettres.
Son premier roman Mammut est publié en 1994.
En 2003 il publie un récit qu’il présente comme une autobiographie sous le titre « Il fasciocomunista » qui remporte le prix Napoli et est adapté au cinéma sous le titre « Mio fratello è figlio unico » qui remporte un prix à Cannes.
En 2010, le prix Strega (Goncourt Italien) lui est décerné pour son livre « Canale Mussolini ».
En 2011 il participe au festival littéraire international Metropolis bleu.

Antonio Pennacchi vince il Premio Strega 2010 con il romanzo «Canale Mussolini»