Les vertus insoupçonnées du Thé Vert
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Le thé est une boisson vieille de près de 5 000 ans, mais on lui trouve encore des vertus. Surtout lorsqu’il est vert, il est réputé pour ses nombreuses propriétés qui en font une boisson santé par excellence. Deux études américaines récentes viennent ajouter du thé à la théière de ceux qui lui prêtent toutes les qualités, sans aller cependant jusqu’au taoïsme qui en fait un élixir d’immortalité.
L’usage du thé, sous forme de boisson
Les feuilles séchées de camellia sinensis permettent de produire chaque année 2,5 millions de tonnes de thé. Le thé noir, principalement consommé en Europe, en Inde et aux États-Unis, est obtenu à partir de feuilles fermentées, à la différence du thé vert, populaire au Japon et en Chine.
L’usage du thé, sous forme de boisson, ne se répandit en Chine qu’à partir du VIème siècle, puis au Japon au IXème siècle. L’Europe attendit le XVIIème siècle pour le découvrir à son tour. Il fit un raz de marée en Angleterre où certains historiens expliquent sa vogue par l’impôt spécial décrété en 1640 par Cromwell pour remplir les caisses de l’État. Comme l’alcool plus tard lors de la prohibition américaine, le thé, ayant ainsi l’attrait de l’interdit, se vendit alors sous le manteau et à prix d’or.
Bon pour la digestion et la prévention des caries
La légende du thé veut qu’il ait été découvert par l’empereur Chen-Nong, vers 2700 avant. J.-C., des feuilles tombant dans l’eau qu’il s’apprêtait à boire alors qu’il était à l’ombre d’un théier. Quand Marco Polo se rendit en Chine, le thé était devenu la boisson populaire de l’Empire du Milieu, ses vertus thérapeutiques y étant fort appréciées. Le thé partit ensuite à la conquête du monde, sauf en France où il fut longtemps considéré comme la boisson des snobs et des vieilles dames.
Le thé vert est un stimulant qui augmente l’activité intellectuelle, le tonus psychique et la vigilance.
Il facilite et accélère la digestion et est diurétique.
Il est très recommandé contre l’athérosclérose, abaissant le taux de cholestérol total, en particulier celui du cholestérol LDL (le «mauvais» cholestérol). Il diminue la pression artérielle et a un effet bénéfique sur le système immunitaire. Il renferme du fluor et aurait un effet préventif sur l’apparition et le développement des caries et de la plaque dentaire. Plusieurs études ont également souligné qu’il pourrait prévenir la formation de certains cancers, vertu que l’on met au crédit des polyphénols qu’il contient. Deux études américaines récentes viennent de donner un nouvel éclairage aux propriétés du thé vert.
Thé vert et cancer une nouvelle piste
Des chercheurs de l’université de Purdue ont montré que le thé vert contient une substance qui détruit les cellules cancéreuses, avec une concentration assez élevée pour induire un effet anticancéreux dans l’organisme. Cette substance baptisée «epigallocatechin gallate», ou EGCg, agit en symbiose avec certaines enzymes contrôlant la croissance des cellules après leur division.
Cette croissance est régulée par l’enzyme quinol oxydase, ou NOX. Dans le cas de certaines cellules cancéreuses, cette enzyme, devenue hyperactive (on l’appelle alors +NOX), perturbe le cycle de reproduction de la cellule, et autorise une croissance ininterrompue de celle-ci.
Les chercheurs ont démontré que l’EGCg du thé vert inhibe l’activité de l’enzyme +NOX, sans toucher à celle de l’enzyme NOX, ce qui fait de lui un bon candidat pour la prévention et la lutte contre le cancer. Ces résultats vont dans le même sens qu’une enquête menée récemment chez 35 000 femmes ménopausées qui a révélé que le taux de cancer de l’appareil digestif et urinaire est inférieur de 40 à 70% chez celles qui boivent plus de deux tasses de thé par jour par rapport à celles qui ne boivent jamais de thé ou en consomment rarement.
Moins d’attaque cardiaque
L’autre étude, publiée par des chercheurs de l’école de médecine de Boston, suggère que les buveurs patentés de thé ont moins de chance d’avoir une attaque cardiaque que celles qui n’en boivent pas ou qui consomment du café.
Sur 340 patients étudiés, ceux qui buvaient une ou plusieurs tasses par jour voyaient leur risque diminué de 46%. En comparaison, les consommateurs de café, qu’il soit décaféiné ou non, ne voyaient aucune amélioration.
L’une des hypothèses avancées lie ces résultats aux flavonoïdes contenus dans le thé, qui sont de puissants antioxydants, et à leur effet sur le cholestérol. Le thé vert, qui contient plus de flavonoïdes que le thé classique, aurait un effet encore supérieur.
De l’ensemble des résultats expérimentaux qui demandent encore à être peaufinés, «il ressort que le thé vert et/ou ses polyphénols purifiés protègent, et parfois de façon spectaculaire, des cancers de la peau provoqués par les ultraviolets, et des cancers du poumon et de l’œsophage induits chimiquement».
Ce n’est pas une raison suffisante pour en boire des litres et des litres chaque jour, car outre leur pouvoir diurétique lié à la théophylline, certains thés contiennent aussi beaucoup d’acide oxalique. C’est grosso modo un anticalcium virulent qui dérive de la vitamine C.
«Des gênes rénales survenant après des ingestions trop importantes de thé ont été rapportées chez l’homme, écrit Lionelle Nugon-Baudon dans son livre Toxi-Bouffe, le dico.
De plus, il convient de remplacer le calcium qui se fera piéger par un apport correct de produits laitiers, notamment chez l’enfant et la femme».
En outre les tanins, alias les polyphénols, sont aussi des anticalcium et des «piégeurs» bien connus de vitamines B1 et B12.
Moralité : les théinomanes (comme les caféinomanes d’ailleurs) doivent compenser leurs pertes en vitamines.
Pour tous les goûts !
Il existe de très nombreuses espèces de thé dont les caractéristiques dépendent de la variété botanique, de l’origine, des sols, des techniques agricoles, de l’âge des feuilles, mais également des traitements de transformation qui confèrent aux différents thés une bonne part de leur goût. Le thé vert, auquel on a prêté des propriétés amincissantes peu convaincantes, selon Lionelle Nugon-Baudon, dans le cadre d’une consommation française normale, est rapidement séché puis roulé, alors que le thé noir est roulé, fermenté puis séché.
Petit aperçu de phytothérapie alimentaire orientale
La médecine orientale en général et chinoise en particulier s’appuie sur une vision cosmogonique de la santé qui met en relation intime l’homme et la nature. Sur cette base s’est constituée une science traditionnelle qui tire son efficacité d’une expérience millénaire de l’utilisation des plantes et d’une conception ”médicale” de l’alimentation. Pour les Chinois, s’alimenter c’est prévenir les maladies, et s’assurer fécondité et longévité. Par ailleurs, pour les médecins chinois, guérir un patient consiste non pas à traiter les maux dont il souffre, mais à rétablir un équilibre provisoirement rompu entre les différentes fonctions corporelles.
À la source de toute chose :
la théorie du yin et yang
La phytothérapie alimentaire chinoise repose sur la théorie du yin et du yang qui préconise que toute réalité est constituée de ces deux principes antagonistes, mais complémentaires et indissociables se traduisant par les oppositions chaud/froid, la lumière/obscurité, etc. Une santé précaire est donc le résultat d’un déséquilibre entre le yin et le yang qu’il s’agit pour le praticien de déterminer et de traiter. Une carence ou un excès de yang qui fait que l’organisme ne s’adapte pas à un environnement devra donc être compensé par un traitement à base d’éléments yin. Ainsi les remèdes dits ”chauds” (plantes tonifiantes comme le ginseng par exemple) seront utilisés pour traiter les états ”froids” (diarrhée résultant de la consommation d’aliments froids comme les crudités ou d’un coup de froid à l’estomac).
La classification des plantes
L’herboristerie chinoise est complexe.
Sa classification des plantes repose sur quatre caractéristiques :
- les quatre natures (chaud/tiède et froid/frais ;
- les cinq saveurs (douce, piquante, amère, acide et salée) ;
- les relations avec les méridiens : chaque saveur (et chaque plante correspondant à cette saveur) a une relation directe avec un organe : le piquant correspond au poumon, le doux à l’estomac, l’amer au cœur, etc. ;
- les quatre mouvements : la médecine chinoise repose sur le principe de la circulation du Qi, l’énergie vitale de chacun, et qui se diffuse dans l’organisme selon quatre principes : entrée, sortie, montée et descente. Certains aliments favoriseront les sorties (élimination), d’autres les entrées (en cas de faiblesse généralisée du patient), d’autres encore la montée de l’énergie vitale dans les zones où elle fait défaut (incontinence) ou au contraire sa descente, en cas d’hypertension (maladie dite “haute”). Une fois les plantes ainsi classifiées, on les utilise dans l’optique de rétablir l’équilibre par un traitement contenant les caractéristiques contraires à celles de la maladie. Ainsi en cas de fièvre, une plante astringente et rafraîchissante sera prescrite.
Tonifier et éliminer
La phytothérapie chinoise agit au travers de deux actions principales : tonifier les différentes parties de l’organisme et éliminer les sources de déséquilibre. Un facteur externe néfaste peut envahir le corps comme le froid et l’humidité. Il convient alors de lui opposer des éléments chauds et astringents qui vont drainer l’élément extérieur source du mal hors du corps. La ciboulette, le gingembre, le persil chinois ou la cannelle seront alors préconisés.
Par ailleurs, il convient de tonifier chaque organe pour maintenir un corps en pleine santé et optimiser les fonctions de l’appareil reproducteur tant chez l’homme que chez la femme, car la fécondité et la transmission de la vie sont des valeurs essentielles dans la société chinoise traditionnelle.
Les enseignements de la phytothérapie chinoise
L’herboristerie chinoise fait aujourd’hui l’objet de nombreuses études universitaires et médicales dans le monde entier, notamment aux Etats-Unis. Les médecins américains se penchent avec intérêt sur ces traitements qui semblent avoir fait leurs preuves et dont l’un des avantages non négligeables est leur faible coût. La phytothérapie alimentaire chinoise est un système de soins efficace pour tout ce qui concerne les affections chroniques telles que l’asthme, les maladies cutanées comme le psoriasis ou encore les allergies qui posent problème à la médecine occidentale.
Source : “La Phytothérapie alimentaire chinoise”, Liu Shaoshua et Marc Jouanny, éditions Masson.
Les trois piliers de la
phytothérapie alimentaire chinoise
Ces plantes sont incontournables dans la cuisine et dans la phytothérapie extrême-orientale. Il s’agit de la coriandre appelée également ”persil chinois”, du basilic dont la variété asiatique est particulière, et de la menthe.
Coriandre
Famille : Ombellifères.
Nom latin : Coriandrum sativum.
Propriétés : La coriandre est un antispasmodique et un bactéricide puissant.
Classification selon la tradition chinoise
Saveur : Piquante.
Nature : Tiède.
Méridiens : Poumons et rate.
En Chine, elle est utilisée essentiellement pour traiter la rougeole en facilitant l’expulsion des boutons.
Le traitement consiste à inhaler les vapeurs d’une décoction de rameau de coriandre et à masser le corps
avec l’eau de cuisson pour soulager les démangeaisons.
Indications :
Douleurs intestinales : La coriandre est recommandée
pour soulager les maux de ventre dus à une mauvaise digestion, à une diarrhée ou une constipation intempestive.
Douleurs rhumatismales : La lotion de coriandre appliquée en massage ou les graines broyées utilisées en cataplasme peuvent traiter les articulations douloureuses.
Menthe
Famille : Labiées.
Nom latin : Mentha haplocalyx.
Historique : Appelée Bo He en Chine, cette espèce de menthe est utilisée contre le rhume et le mal de gorge.
Propriétés : Elle possède des propriétés antiseptiques dues à la présence de menthol, l’un de ses principaux constituants. Celui-ci est fongicide, rafraîchissant et anesthésiant. Elle a une action décontractante sur les muscles, stimule la transpiration et la sécrétion biliaire. Son action anti-
spasmodique sur le côlon est efficace en cas de diarrhée comme de constipation. La menthe est un traitement approprié pour soigner les gastro-entérites.
Classification selon la tradition chinoise
Saveur : Piquante.
Nature : Fraîche.
Méridiens : Poumons et foie.
Indications :
Bronchites et maux de tête : Boire des infusions de menthe adoucies de miel et de réglisse plusieurs fois par jour.
Se masser les tempes avec de l’huile essentielle de menthe en cas de maux de tête.
Mauvaises digestions et ballonnements : Boire des tisanes de menthe en cas de troubles digestifs, son action antiseptique et antispasmodique éliminera gaz, diarrhée et constipation.
Inflammations de l’œil : Laver les paupières plusieurs fois par jour avec une préparation à base de feuilles de menthe ayant macéré 24 heures dans du jus de gingembre. Puis faire sécher les feuilles ainsi imbibées avant d’en faire des tisanes à appliquer sur l’œil infecté.
Basilic
Famille : Labiées.
Nom latin : Basilic commun (ocimum basilicum/ basilic sacré/ocimum sanctum
Historique : Le basilic sacré est originaire de l’Inde et a donné naissance au basilic commun que nous utilisons traditionnellement en cuisine. La plante est utilisée en phytothérapie dans ses deux versions.
Le basilic sacré est l’un des piliers de la médecine ayurvédique où il soigne fièvres, bronchites aphtes et stress.
Propriétés : Le basilic est
un hypoglycémiant, un antispasmodique, un hypotenseur, un anti-inflammatoire et un antibactérien. La plante stabilise la glycémie, ce qui est intéressant pour les gens prédisposés au diabète.
Indications :
Maladies de peau et piqûres d’insectes : Le jus de basilic est efficace dans
le traitement des affections cutanées car c’est un cicatrisant.
Il soulage les démangeaisons dues aux piqûres de moustiques. Le basilic éloigne les insectes.
Stress, fatigue, dépression, anxiété : Le basilic est un adaptogène.
En abaissant la tension artérielle, il permet de faire face aux facteurs de stress.
Prévention du diabète : la consommation de basilic sacré contribue à maintenir un index glycémique normal dans le sang.
Aphtes : Frotter les aphtes avec de la poudre de basilic (feuilles séchées en poudre) plusieurs fois par jour.