logo-nananews-indispensable

loginSe Connecter

abonnement free

S'abonnerS'enregistrer
Nananews.fr: Pourquoi, pour qui? Un web-magazine d’actualités, participatif... devenez membres de Nananews.fr: L'inscription est gratuite !!!

infos-redaction-bleu-edito

 

Listen to your heart


Eh oui, la guerre sévit, les colères grondent et les «raisins de la colère» murissent vitesse grand V, mais dans le monde émergent des libertés nouvelles et j’ai envie de vous dire que la beauté et la tendresse toujours peuvent nous bercer, avec la force et la joie, regardez cette vidéo et laissez-vous porter par la douceur d’un monde originel, le nôtre que nous prenons si peu le temps d’aimer…


 

agora

08 Décembre 2015 par redaction
19 Novembre 2015 par Le Renard
01 Octobre 2015 par N.Morano
01 Octobre 2015 par Le renard
30 Septembre 2015 par redaction
29 Septembre 2015 par Français sansDents
24 Septembre 2015 par renard

derniers commentaires dans Nananews

vousavezdesidees

fidesgrandesidees

cultivez-vous

10 Juillet 2014 par Stella
10 Juillet 2014 par Stella
10 Juillet 2014 par Stella
10 Juillet 2014 par redaction
10 Juillet 2014 par redaction
10 Juillet 2014 par Stella
10 Juillet 2014 par Stella
10 Juillet 2014 par Stella

ecole chair

sens-interdit ecole chair


L'érotisme dans un journal sérieux ?

Certainement, car la sexualité fait autant tourner le monde que l'économie.

Nouvelles, grands classiques de la littérature, mais aussi reportages et web-expos, vous êtes sur le seuil de notre rubrique lubrique.

ecoledelachair-15-01

Tu me voulais tienne, je me suis voulue soumise

Par Marie Panon

Cliquez, judicieusement...

voyage_voyage

expos

vins-ici-ailleurs

30 Décembre 2015 par Christian Duteil
2015-12-30-17-06-11

 

La Meilleure Pub au monde


Regardez, c'est génial

carte2France

Diabète Mag N°17

Le N°17, Vient de paraître
Chez votre Marchand de Journaux

Codif : L13013

cover-superreduite

Prévenir, Comprendre, et Mieux vivre avec le Diabète

 

Au sommaire vous trouverez :

- Diabète : la fin d’un mythe

- Cholestérol - Diabète et les margarines

- Le Chrome limite de stockage des sucres

- Les complications du Diabète

- seul face à un infarctus

– comprendre l’anévrisme

- l’utilisation de la «metformine»

- Le matériel de sport au domicile

- Desserts allégés

- Gros dossier: Mincir de plaisir, des menus type.

- Quiches light – sauces allégées – saveurs de la mer 

- le lait végétal – les confipotes à faire

Nutrition :

-       le foie, source de fer – tout sur la moutarde

-       Fruits et légumes d’automne

-       Les vertus des baies de Goji

Un N° 17, Complet, pour une vie pleine de bonnes résolutions.

DIABETE MAGAZINE , chez votre marchand de journaux.

Inclus: Le Diabétique Gourmand, des recettes goûteuses et light.

04 COUV_DIA_10_reduit


Tourisme et patrimoine culturel Grand Meaulnes

grandmaulnes

Sur les chemins berrichons  du Grand Meaulnes

 

« Tout ce que je raconte se passe quelque part »
Alain-Fournier

 

Ailleurs, passé Giens et la Loire, nous filons sans musarder sur une route droite bordée de grands arbres et infiltrée de rivières dormantes. A la quête du rêve éveillé d’un écolier de Sainte Agathe, de « ce paysage nouveau et lointain » et « du monde mystérieux » du Grand Meaulnes. On n’arrête pas le progrès le temps d’une école buissonnière : la jument de Fromentin immortalisée par l’écrivain Alain-Fournier s’est métamorphosée un siècle plus tard en cheval vapeur.. sur le chemin de « La Belle Etoile ».

Avalé Argent, premier canton du Cher, se dresse bientôt Aubigny-sur-Nère, cité moyenâgeuse des Stuart célèbre pour ses colombages, fière de son clocher snobant l’infinie Sologne à sa droite et les derniers confins du Sancerrois à sa gauche. C’est dans ce village qu’Albanie Barthe, alias Millie, mère d’Alain-Fournier, fut élevée à la pension Quisset, aujourd’hui évanouie. Une exposition y commémore la rencontre amicale des deux écrivains du coin, Marguerite Audoux et Alain-Fournier.

 

« Un cadastre berrichon à senteurs de Sologne »

Cette formule frappée en médaille de l’écrivain Jacques Lacarrière résume bien l’univers du grand Meaulnes et nous livre les clefs de ce voyage initiatique et de ce « reportage d’idées » au pays secret de l’enfance d’un écrivain en quête de pureté et d’absolu. » La femme ne fut jamais pour moi que des paysages, que la rappeleuse d’heures, de pays et de paysages ».  Car cette histoire autobiographique -« une histoire qui pourrait être la mienne » -, d’un amour impossible et fou s’enracine dans le réel, sur les bords du Cher ou les allées forestières de Sologne.

La gracieuse silhouette de sa sœur Isabelle sous une ombrelle blanche, réminiscence d’une photographie jaunie de famille prise par le jeune Henri depuis le grenier de l’école d’Epineuil où officiaient les deux Hussards noirs de leurs parents instituteurs hante les pages de ce premier roman qui a fait rêver et fantasmer des générations d’adolescents.  Mieux, cette image intime paraît réactivée par la passion malheureuse pour une autre jeune fille qui lui ressemble, Yvonne de Quévrecourt, alias Yvonne de Calais dans le roman, rencontrée à Paris le jour de l’ascension 1905.

Alchimie des saisons, des maisons et des paysages, d’un certain art de vivre où « toutes les choses sont vues dans leur secrète beauté » et transmutées par la magie des mots et « la boursouflure des souvenirs »… On y hume entre les lignes l’odeur de la craie, le parfum de la terre bêchée, la nostalgie des pleins et des déliés des plumes Sergent Major, le jeu d’ombres et de lumières des bougies à la flamme vacillante et « le silence des trois greniers ».

Ce cocktail littéraire d’encens laïque, de quête romantique d’absolu et de nostalgie scolaire, «  ce rêve qui se promène » en Berry rate de fort peu le Prix Goncourt, le 3 décembre 1913. Après onze tours de scrutin, le prix est attribué au « Peuple de la mer » de Marc Elder qui n’est jamais passé à la postérité… Traduit aujourd’hui dans le monde entier, même en chinois, « Le Grand Meaulnes » s’est vengé au fil du temps en devenant un best seller mondial (100 000 livres de poche vendus en moyenne par an) avant d’entrer au programme officiel des classes de 4e et de 3e en 1986, à l’occasion du centenaire de la naissance d’Alain-Fournier. Le cinéma (le réalisateur Jean Gabriel Albiccoco) et le théâtre (Compagnie D. Bouvier-J. Viallon, Association du Livre Vivant) mettent en images et en scène fidèlement cette histoire d’amour déçu et sublimé… au risque de dérouter l’imaginaire des inconditionnels durs et purs du roman.

Certes, « Le grand Meaulnes » eut aussi son lot de détracteurs comme Montherlant, ce qui plutôt rassurant pour un premier roman dont la seconde partie semble moins maîtrisée que la première. Mais qu’importe à vrai dire cette écume de la critique littéraire pour l’écrivain disparu prématurément, à 28 ans, au début de la guerre 14-18, sur le front de la Meuse comme son Péguy, lui qui aimait à répéter : « Je ne demande ni prix, ni argent, mais je voudrais que Le Grand Meaulnes fût lu ».

 

 

La maison natale à la Chapelle d’Angillon

Quittant la route de Bourges, nous nous égarons au Gué-de-la-Pierre, où M. Fournier, le père de l’écrivain, fut nommé à son premier poste d’instituteur en 1884 et se maria avec une jeune fille de La Chapelle d’Angillon, Albanie Barthe. « C’est sans doute le Berry ici. C’est bien le grand pays dont les étrangers ne peuvent rien dire parce qu’en vérité son aspect général ne dit rien. Il faut le connaître en détail depuis l’enfance ».

Quelques kilomètres plus loin se niche le château de La Verrerie qui aurait inspiré en partie le « domaine mystérieux » qui enchante et obsède Augustin Meaulnes. Sans renier ses tourelles romantiques et sa galerie du XVIe siècle, ce manoir de style écossais remanié au XIXe siècle vit désormais avec son temps. La piste d’hélicoptère et des chambres d’hôtes avec vue imprenable sur l’étang drainent les touristes de la Route Jacques Cœur, circuit des châteaux du Cher. Ballet moderne qui a effacé la ronde des enfants dans la chambre de Wellington et la blonde jeune fille perdue aussitôt que rencontrée…

Emporté par notre élan et fasciné par « les chemins creux », nous avalons la double côte de la Chapelle d’Angillon et passons sans la voir devant la maison natale d’Alain-Fournier et de sa sœur Isabelle.

Nous rebroussons vite chemin. « Je vois la maison de mes grands-parents comme elle était du temps de mon grand père : odeur de placard, grincement de porte, petit mur avec des pots de fleurs, voix de paysans… »

La vieille vigne noueuse a été arrachée et la maison modeste de plain- pied s’est agrandi d’un étage pour offrir un nid d’amour aux nouveaux mariés, Isabelle et Jacques Rivière, le condisciple d’Alain-Fournier. Le crépi couleur sable joue à cache-cache avec l’empélopsis. Les fenêtres à petits carreaux ornés de volets blancs de bois plein éclairent cette demeure familiale entretenue avec soin par Alain Rivière, le neveu d’Alain-Fournier.

Pour gagner la route nommée « Avenue du Grand Meaulnes » par l’ancien maire, on ne franchit plus un pont de petites planches jeté sur une rigole d’eau vive qui courait le long des maisons serrées frileusement les uns contre les autres « comme autant de barques amarrées dans le calme du soir ». Fossé dérisoire qui n’aura pas empêché les troupes nazies triomphantes de la piller en 1940… Et les polémiques locales à propos de la découverte récente de la dépouille du lieutenant Alain-Fournier dans la forêt meusienne de Saint-Rémy-la-Calonne.

Nul n’est prophète en son pays, dit-on. Or, à l’unanimité et de sa propre initiative, le conseil municipal de La Chapelle d’Angillon vote le rapatriement des restes du fils prodige dont elle s’est pourtant si peu soucié jusque là et qui a écrit qu’il voulait être enterré à Nançay, la commune voisine. Afin d’éviter un nouveau Clochemerle avec la découverte de ce « cadavre exquis » d’un poilu célèbre, Alain Rivière tranche et décide de laisser son oncle écrivain avec ses hommes de troupe, en Meuse. « Il est mort au milieu d’eux. Il est mêlé à eux pour l’éternité. »

Conformément aux vœux des familles des disparus sur le front, les corps ont été inhumés dans des tombes séparées mais toutes réunies dans la nécropole nationale de Saint-Rémy.

 

La brave « Framboise »

Il est impensable de passer à La Chapelle sans rencontrer l’un des rares témoins encore de ce monde à avoir connu Alain-Fournier, Françoise Desrouet, 92 ans, aujourd’hui disparue. Ancienne dame de compagnie de la famille Fournier comme sa mère, elle réside dans une maisonnette basse et fleurie, rue du Moulin, non loin du circuit Jacques Coeur. Encore sous le choc de la nouvelle de la découverte des restes du jeune écrivain, elle se souvient de sa venue ici : « La dernière fois que je l’ai vu, c’était en 1913, un an avant sa mort à la guerre. Alain-Fournier avait débarqué au village avec Simone, la femme du fils du ministre Casimir Perrier. Il m’est alors apparu sous les traits d’un jeune homme distingué, brillant et cultivé… »

Ayant participé au tournage en 1966 du fim « Le Grand Meaulnes » sous la direction d’Albiccoco, la doyenne Françoise garde la nostalgie de la « grande famille d’acteurs en herbe réunie autour de l’actrice confirmée Brigitte Fossey (jouant le rôle d’Yvonne de Galais) et de l’étonnant Jean Blaise, un jeune inconnu qui incarnait Augustin Meaulnes. Quelques années plus tard, Jean Blaise est venu frapper à l’improviste à sa porte… Comme nous aujourd’hui.

« Sur le moment, je ne l’ai pas reconnu car il portait des cheveux mi-longs alors que pendant le tournage, son crâne rasé de paysan m’avait frappé. Constatant ma méprise, il m’a serrée dans ses bras en murmurant : « Voyons, Framboise, tu ne me reconnais pas… J’ai aussitôt compris que je n’avais pas affaire à un imposteur, Car Framboise était mon surnom de scène pour me distinguer des autres Françoise figurantes dans le film ».

Le village natal du Grand Meaulnes est baptisé dans le roman La Ferté d’Angillon. Et la forteresse-donjon (ferté en vieux français) du XIe siècle du château de Béthune qui veille encore sur La Chapelle d’Angillon justifie ce détournement. Avec la complicité de sa femme Claude qui joue les guides, le comte d’Ogny, sorte de « Philippe de Villiers du Cher », ne recule guère devant le mélange des genres pour attirer le chaland et rentabiliser ses vieux murs restaurés avec ses deniers. Il ironise sur son sort de châtelain postmoderne : « Contrairement à une idée reçue, la vie de château n’est pas toujours rose, ni même dorée. En tout cas, elle n’est jamais de tout repos, car il se passe ici toujours quelque chose… »

Ni manquant ni de dynamisme, ni d’imagination, ni d’entregent, notre comte jongle avec les animations au château comme avec sa trésorerie, ayant compris que le temps des privilèges pour la noblesse avait été définitivement enterré une nuit maudite du 4 août. Non content d’abriter la Fondation royale albanaise, la forteresse accueille aussi bien les fantômes du grand Meaulnes et de la princesse de Clèves désormais célèbre avec le Président que des héros plus modernes comme Tintin et Lucky Luke. Et dans la cour intérieure, une galerie Renaissance unique en France vient d’être restaurée. Les colonnes ont été reconstituées et présentent des sculptures à double redondance à l’italienne au galbe orné de feuilles d’acanthe.

 

Un puzzle de châteaux et d’abbayes pour la fête étrange »

Six kilomètres après la Chapelle d’Angillon, en prenant à droite en direction de Méry-les-Bois, l’ancienne abbaye de Lorroy garde toujours son air de « vieux pigeonnier plein de hiboux et de courants d’air ». Tout respire ici l’abandon et l’oubli et est envahi par les ronces. Fuyant les fenêtres closes et hostiles, nous nous faufilons sous la porte en ogive d’un pan de ruines tapissé de lierre. Il n’en a pas toujours été ainsi. Isabelle Rivière, la soeur d’Alain-Fournier, raconte qu’elle s’y rendait à l’aube avec sa mère pour y admirer de sublimes levers de soleil. Sur ses conseils, le réalisateur Jean-Gabriel Albiccoco y a planté le décor de la « fête étrange » et ressuscité la fantasmagorie du « domaine mystérieux » qui hante Augustin Meaulnes. Pour le restaurer, il faudrait environ un million d’euros.

Délaissant à l’est le Sancerrois et ses vignobles, nous bifurquons à l’ouest vers la proche Sologne, « le cher pays et ses vignobles, taciturne et profond » pour rejoindre Nançay, « Bourgade mystérieuse aux confins de la terre ». Chaque année, à la fin des vacances, la famille Fournier au grand complet y débarquait pour quinze jours chez l’oncle Florent Raimbaud, alias Florentin dans le roman. Ce dernier tenait en face de l’église une boutique de souvenirs et de bric-à-brac à l’enseigne de la « La grande nouveauté ». L’église du village étant dépourvue de « caquetouet » (en patois solognot dans le texte : c’est un auvent où les paroissiens un peu commères échangeaient les nouvelles à la sortie de la messe), la boutique de l’oncle Florentin accueillait sans distinction aristocrate, bourgeois et cochers. Dans ce salon provincial improvisé en forme de bazar, Melle Desbordes, la fille du châtelain des Varennes, venait y faire ses emplettes et repartait sur sa jument blanche. Aujourd’hui, dans cet univers de chasseurs et de propriétés privées, M. Raffestin y perpétue la tradition des cadeaux-souvenirs et des bibelots.

« Chasses dans les sapins, journées entières dans les brandes, des coups de fusils sans interruption, on sent la poudre partout (…) On revient las. On travers le magasin (de l’oncle Florent) où la vente va, avant dîner, éclairer à la nuit de septembre tôt venue par d’éblouissantes lampes de pétrole. »

Quelques adolescents lecteurs, émules de Meaulnes, partent parfois à l’aventure dans les bois de bruyère et de fougère. Comme Jean Marchand, étudiant nantais de vingt ans, qui s’est pris en mai 1940 pour le héros fantasque du roman, Augustin Meaulnes, et s’est enfoncé à travers bois en pleine nuit à la quête du « pays sans nom ». Il a failli mourir : un promeneur l’a retrouvé, inanimé, au petit matin, à l’orée d’un bois solognot, à moins d’un kilomètre du hameau du Puy-Coulon, non loin de Nancay. « Après la dernière guerre, il n’était pas rare, raconte Emile Pinguet, maire de Nancay de 1947 à 1983, de croiser dans le coin des jeunes gens exaltés et romantiques qui venaient vérifier sur le terrain ce qu’ils avaient lu dans « Le grand Meaulnes ». Mais aujourd’hui, c’est passé de mode… dans un monde désorienté où l’on tente de « travailler plus pour gagner plus » et où la rêverie n’est guère de mise, avec les foudres présidentielles à l’égard de la Princesse de Clèves.

Sil a joué tout môme avec les huit cousines germaines de l’écrivain, l’ancien maire avoue ne pas se souvenir du jeune Henri qu’il a sans doute croisé à Nancay, le temps des vacances. Pour évoquer à mots couverts la Belle Epoque de son enfance, Emile Pinguet grignote un sablé de Nancay, moderne « madeleine de Proust » et fruit goûteux d’un acte manqué.

A la fin des années 1950, le boulanger pâtissier près de l’église, M. Fleurier a loupé sa pâte. Soucieux de ne pas la gâcher, il l’a roulée et  a confectionné des sablés qu’on s’arrache encore aujourd’hui à l’ombre de la boutique de l’oncle Florentin. Bien qu’Alain-Fournier n’y eût jamais goûté car il était mort depuis longtemps, ce sablé étrange symbolise assez bien son mariage manqué avec Yvonne de Quévrecourt, la jeune femme rencontrée et aussitôt disparue, comme évanouie. Car s’il l’avait épousée, aurait-il écrit son premier et unique roman qui a cristallisé sa passion déçue ? « Je suis devant le monde comme quelqu’un qui va s’en aller », prédit le jeune écrivain. Pourtant, comme pour le contredire, la galerie Capazza nichée dans les anciennes écuries du château de Nancay a gardé quelques traces de son passage en Sologne. Dans ce lieu magique, le Musée imaginaire du Grand Meaulnes trône au milieu de peintures, sculptures et objets d’art contemporains.

Parti à la recherche du château de Varennes, nous nous heurtons vite à un monde indifférent à la Kafka cerné de grilles et de barrières blanches où l’on vit en lettres capitales : « ENTREE INTERDITE, PROPRIETE PRIVEE ». Et il ne suffit pas de passer outre et de jouer à cache-cache pour atteindre le Graal du « Domaine mystérieux » qui a fait fantasmer des millions de lecteurs, car un incendie qu’on prétend criminel a brouillé les pistes…

Sur la route de Souesmes, la science s’amuse à débusquer les étoiles lointaines et se moque bien des châteaux alentours qui ont inspiré Alain-Fournier. Le radiotélescope le plus puissant d’Europe se cache dans la forêt, à quelques encablures de Nançay mais loin des pollutions industrielles qui gênent de plus en plus les observations scientifiques. A l’écoute des galaxies grâce au rayonnement émis par l’hydrogène atomique. Sur un terrain de 150 hectares, depuis 1955, d’immenses antennes et deux miroirs (dont un fixe de 230 mètres) scrutent le ciel, en principe ici sans onde parasite, pour observer des nébuleuses, des galaxies en explosion, etc. Certaines sont si éloignées de la terre que la lumière met plusieurs milliards d’années à nous parvenir. Alain-Fournier, passionné d’aéronautique, n’aurait sans doute pas été le dernier à fureter dans cet observatoire spécialisé de Nancay qui dépend de l’Observatoire de Paris.

Patrice Pinguet, ancien maire de Nancay et agriculteur, n’a pas, lui, la tête dans les étoiles. Il a résisté aux pressions qui le poussaient à réclamer qu’Alain-Fournier soit enterré à Nancay selon son désir. Car, « c’est une affaire de famille qui ne nous regarde pas… Sauf si on le rapatrie à La Chapelle ». La disparition du lapin de garenne décimé par la myxomatose et du petit gibier en général et la politique agricole commune (PAC) le préoccupent plus que ce nouveau Clochemerle autour de la dépouille d’un écrivain célèbre qui proclamait déjà étudiant parisien : « Je hais Paris d’une haine de paysan ».

Bourges et les jardins de l’archevêché

Avant de filer au sud du département, aux confins de l’Allier et de la Creuse pour découvrir le village d’Epineuil-Le Fleuriel, un court détour par Bourges s’impose. Car c’est la seule ville importante avec Vierzon (alias Urçay dans le roman) à apparaître dans « Le Grand Meaulnes » qui privilégie la campagne au sens noble du terme au temps où les ruraux étaient encore les plus nombreux. Et Alain-Fournier y passa les deux derniers trimestres de sa classe de philosophie en 1902.

Place Cujas, en plein centre ville, l’école des Beaux-Arts et le centre départemental de Documentation pédagogique ont poussé le lycée Alain-Fournier dans un quartier neuf à la périphérie de Bourges. Et la plaque apposée en 1937 sur ces murs a suivi le déménagement. Avec ces quelques lignes gravées sur le marbre : «J’ai aimé ceux qui étaient si forts et illuminés qu’ils paraissaient autour d’eux de créer comme un monde inconnu. » 

Comme son ami Franz qui y donne rendez-vous à une jeune modiste Valentine (« elle avait presque toutes les qualités sauf la pureté… »), Meaulnes se promène dans le quartier de la cathédrale Saint Etienne où se blottissent des rues étroites et souillées pleines de maisons louches ». La vie s’y incruste, avec ses cruelles réalités et ses forces infernales. Notre héros romantique refuse d’y entrer trop vite, de perdre son idéal d’errance et décide de « continuer à vivre comme un enfant, comme un bohémien ».

Quittant Bourges par  la route de Montluçon, une faille, près de l’abbaye cistercien de Noirlac, annonce bientôt les bocages verdoyants du Bourbonnais. « Meaulnes s’aperçut que le paysage avait changé ». Passé Saint Armand-Montrond, capitale du Boischaut fière de son prix Alain-Fournier, Ainey-Le-Vieil et son pur château renaissance embaumé par une roseraie, méritent le détour. Michel Philippe, cheville ouvrière de l’Association du livre vivant, mit en scène dans ce cadre historique du « petit Carcassonne » une lecture du Grand-Meaulnes », en été 1986, à l’occasion du centenaire de l’écrivain. « J’en garde un souvenir ébloui. La mise en scène simple et d’une grande pureté avait investi toute l’enceinte du château avec l’accord de la propriétaire, la comtesse d’Aligny , descendante directe de Colbert. Ce fut un réel succès plutôt inattendu : 5000 spectateurs en quinze représentants ».

A gauche, sur la route de Meaulne, on devine la forêt de Tronçais, la plus belle futaie de chênes d’Europe chère à Colbert, où des bûcherons fendent le bois en douelles de faible épaisseur pour la confection de tonneaux. Mythe ou réalité : « Il n’y de bon Cognac, dit-on, que vieilli en fût de Tronçais ». Cette ancienne propriété des Ducs de Bourbon récupérée par l’Etat apparaît dans les brouillons du « Grand Meaulnes ». Un circuit littéraire passe par Ygrande, le pays de l’écrivain Emile Guillaumin, et Cerilly, patrie de Charles-Louis Philippe. Les Forestiales du Tronçais (27-30 octobre) cherchent à promouvoir la richesse de la « réserve Colbert » encore inexploitée aujourd’hui.

En abordant le bourg de Meaulne qui a donné son nom (au s prés) au héros du roman, nous foulons enfin le cadastre de Sainte Agathe. « Aucun pays n’est le mien, si ce n’est ce bourg où je suis allé en classe et au catéchisme ». Un descendant du « gros Boujardon » dont les parents tenaient l’épicerie dans le livre culte, y vit aujourd’hui sous un de ces vieux toits de tuile, aux bords de l’Aumance et a participé comme figurant lors du tournage du film d’Albiccoco.

 

 

Epineuil-Le Fleuriel et son école musée

A partir de la gare de Vallon où les parents Fournier descendirent en octobre 1881, quand ils furent nommés à leur nouveau poste d’instituteurs, on distingue par temps clair, en haut de la côte des Riaudes, le clocher de la Chapelle de Sainte Agathe. Comme un mirage haut perché dans le lointain. Le château de Cornancay, où le vicomte de Fadate donna une fête en 1896 à l’occasion du baptême  de sa seconde fille, échappe à nos regards et garde tout son mystère. A –t-il inspiré la « fête étrange » dans le « Domaine mystérieux » qui hante et enchante le roman d’Alain-Fournier ?

A un saut de puce de la Queune, rivière qui se jette dans le Cher, voici l’école d’Epineuil-Le-Fleuriel qui a servi de décor à la première partie du roman, sans doute la plus réussie. En 1881, elle accueillait 114 élèves, serrés comme des sardines, dans les deux classes de l’école primaire. Presque rien n’a changé, si ce n’est qu’elle ne voit plus que les classes du patrimoine, depuis avril 1991 où les modernes élèves d’Epineuil ont émigré sans nostalgie dans l’école neuve, plus vaste et confortable, à l’autre extrémité du village. Mais le réel pragmatique dans sa banalité quotidienne peut-il vraiment gommer la magie rêvée des mots simples du « Grand Meaulnes » ?

« Une longue maison rouge, avec cinq portes vitrées, sous des vignes, à l’extrémité du bourg ; une cour immense avec préaux et buanderie, qui ouvrait en avant sur le village par un grand portail ».

Avec une sensation de déjà vu et avec précaution, on éprouve l’étrange impression d’entrer de plain-pied dans le décor studieux et rétro du « Grand Meaulnes », guidé par deux experts passionnés et passionnants, André et Henri Lullier, instituteurs à la retraite qui y vivent depuis plus de trente ans. Grâce au dynamisme dévoué de ce couple, des milliers de visiteurs dont de nombreux enfants débarquent bon an mal an dans ce village berrichon bien ordinaire mais immortalisé par l’écriture d’Alain-Fournier. Au signe particulier cependant : les façades de ses maisons éclairées de pierres en grès rose curieusement veinées en provenance des carrières proches de Saulzais.

« Les adultes visitent Epineuil pour l’Ecole laïque et gratuite de Jules Ferry, les jeunes pour l’école buissonnière et l’aventure », déclarent le vieux couple d’instituteurs érudits qui ont été frappés par une remarque spontanée d’une fillette d’une classe du patrimoine : « Au fond le Grand Meaulnes, c’est comme dans la chanson de Gainsbourg : fuir le bonheur avant qu’il vous fuit ».

Tout est là… comme dans le roman écrit il y a un siècle : d’abord, à l’extérieur, le puits à roue, le cellier, la buanderie (qui fait office de remise), le long mur et les cinq portes vitrées de l’école. A droite, celle de l’ancienne mairie avec, au fond, la chambre des archives ; et à gauche, le logement de fonction de l’instituteur, avec les entrées de la salle à manger et de la cuisine. Dans la classe encore imprégnée d’encre et de craie, des cartes de géographie de la fin du XIXe siècle tapissent les murs.

Au centre se dresse toujours la colonne qui servait de mât de cocagne au petit Coffin acrobate. Mais la disposition matérielle des tables, du tableau noir et de l’estrade en bois a été bousculée. Les tables brunes à cinq place du temps de l’instituteur M. Seurel ont été reléguées au grenier au profit de tables plus claires où ne peuvent se caser que deux élèves. La mince cloison qui séparait les deux classes a été cassée. A droite, en entrant, trônait à l’origine le bureau perché du maître d’école, véritable Hussard Noir de la IIIe République, avec vue en hiver sur la ferme de Fromentin (alias « la Belle Etoile » dans le roman).

« Le jeune Alain-Fournier, précise l’érudit du coin, Henri Lullier, usait ses fonds de culotte à la première des grandes tables ». C’est de cette position stratégique que François Seurel aperçut Augustin Meaulnes s’enfuir, avec la fameuse jument, cherche les grands-parents Charpentier à la gare de Vierzon baptisée Urçay dans « Le Grand Meaulnes ».

 

« Le silence des trois greniers »

Les parents Fournier et leurs deux enfants, Henri et Isabelle – sans compter dans un premier temps l’instituteur adjoint – habitaient un appartement minuscule que François Seurel, le narrateur, agrandit à son échelle, dans son souvenir. Dans la chambre des parents qui s’ouvre au sud, un document jauni par le temps relate un incident typique et cocasse de l’état des moeurs de la fin du siècle dernier dans la France profonde rurale. A la suite de la nomination de Madame Fournier comme institutrice de la petite classe, une partie du village d’Epineuil osa signer en août 1893 la pétition suivant qui nous saute aux yeux. Avec en prime, au passage une belle faute d’accord qui avait dû faire frémir le couple Seurel  fort à cheval sur l’orthographe. « On vient de confier l’emploi d’instituteur adjoint à la femme de l’instituteur, nous protestons contre ce changement, car nous préférons que l’instruction soit donner (sic !) à nos enfants par un homme. ». Paraphée par quatre-vingt -trois villageois et transmise à la préfecture, cette pétition au parfum sexiste resta heureusement lettre morte. Car, après enquête, l’inspecteur d’Académie mit fin aux hostilités en concluant que deux seulement des signataires étaient concernés, ayant des enfants dans la classe de l’institutrice ainsi stigmatisée par la vindicte populaire.

Dès six ans, bercé par « le silence des trois greniers », Henri dormait seul dans la chambre mansardée exposée au sud. Elle ressemble encore aujourd’hui à une cellule de moine (certes laïque) tant elle paraît nue et dépouillée. Avec pour seul mobilier le lit, la table de chevet et le broc de toilette. 

Voilà pour « ces choses que j’aime et qui soient bien à moi – tellement à moi qu’elles soient presque moi-même – comme les haies d’aubépine du jardin, pleines d’orties, de menthe , de cerfeuil, d’herbes qui sentaient bon, comme la vigne vierge dans le hangar ; comme la petite porte en bois dont le verrou criait et qu’on ouvrait pour voir trois œufs blottis dans la paille. »

Dans cette géographie intimiste sans cesse recomposée sur fond de reportage, les distances s’évanouissent, les paysages se télescopent avec les récits du « Grand Meaulnes ». Cocktail de Berry et de Sologne, de prés verts peuplés de Charolais et de landes giboyeuses hantées de châteaux plus ou moins mystérieux car inaccessibles. Et l’on se surprend à chercher près de la chapelle romane de Sainte Agathe, non pas le Puy de Dôme qu’on peut percevoir par temps clair, mais les silhouettes d’Augustin Meaulnes et de la jeune fille blonde sous l’ombrelle blanche.

CD

Encadré :

Une terre tout en contraste au centre de la France

Contrairement à une idée reçue, « Le Grand Meaulnes » ne se déroule pas seulement en Sologne, « pays qu’on ne voit qu’en écartant les branches », mais aussi en Champagne berrichonne, au Pays-Fort (avec son célèbre crottin de Chavignol) et dans le Bourbonnais ou plus exactement, ou plus précisément dans le Boischaut où trois communes au moins (Bruères Allichamps, Saulzais Le Potier et Vesdun) se disputent âprement l’honneur d’être le centre géographique de la France.

Avec trois points d’ancrage qui nous ont guidé dans ce reportage culturel : la maison natale à La Chapelle d’Angillon, « la boutique de l’oncle Florentin » à Nancay et à 90 km au sud du département, Epineuil-Le-Fleuriel et la maison-école où Alain-Fournier vécut de cinq à douze ans dans le logement de fonction de ses parents instituteurs aujourd’hui transformé en musée avec des guides audiovisuels qui ont remplacé le couple Lullier.

Dans les années 1980-90, Alain Rivière avait proposé en vain au ministre de la culture de l’époque, Jack Lang, d’organiser une route touristique littéraire entre ces divers sites du roman culte, comme il le faisait déjà chaque lundi de Pentecôte avec l’Association des Amis de Jacques Rivière et d’Alain Fournier dont il était le secrétaire général.

« En situant dans un rayon de vingt kilomètres les trois villages qui constituaient son univers d’enfance, soulignent Andrée et Henri Lullier, Alain-Fournier gommait tout le centre du département. Ce qui a contribué malgré les précisions du roman, à perdre le lecteur dans l’espace et à désorienter le visiteur qui veut partir sur les traces du Grand Meaulnes »

C.D

Share/Save/Bookmark
 

envue

Tango argentin… et maternité!

envuejanvier2015

Dieu que c’est beau une femme qui danse, et les rondeurs de maternités visibles à l’œil, n’enlèvent rien à la grâce des mouvements et des corps, peut-être même qu’elles rajoutent une sorte de sensualité à la beauté, et l’on va jusqu’à oublier devant les jeux de jambes et les hanches qui bougent, que ces femmes qui dansent le tango comme des amoureuses, sont enceintes de plusieurs mois parfois.

Lire et écouter

la suite

 

causedesfemmes droite

Les femmes sont magnifiques et la grâce insoumise !

Par Louise Gaggini

01lesinfosdelaredaction

Je devrais vous parler politique et économie, Corée du Nord, Poutine, Hollande, mais je n’ai qu’une envie c’est de parler des femmes, qui en ce mois de mars sont mises à l’honneur, un jour, un seul pour dire ce qu’il en est de nous, de nos filles, de nos grand-mères, de nos sœurs…

Lire la suite

Ma chaîne de théâtreluccini

Fabrice Luchini & Pierre Arditi

dans Art de Y.Reza

au Théâtre

 

 

 

hors-serie

democratie israel

 


Prendre soin de ses jambes

 


rubrique-hors-serie

 


01uneusa 180

 


actualite-right

29 Décembre 2015 par Louise Gaggini
28 Septembre 2015 par Louise Gaggini
19 Août 2015 par L.Gaggini
14 Avril 2015 par L'observatoire
18 Février 2015 par LG
13 Janvier 2015 par LG
13 Janvier 2015 par LG
10 Janvier 2015 par J.P Lledo

munitions littéraires

Inferno ou l'enfer de Dante

de Dan Brown

 

livre


Dan Brown mêle avec brio l’histoire, l’art, les codes et les symboles. En retrouvant ses thèmes favoris, Dan Brown a certainement construit l’un de ses romans les plus stupéfiants, au cœur des grands enjeux de notre époque.

Lire la suite

 

sondage

POUR ou CONTRE le vote des étrangers
 

liensNNN transparent

O1arretsurimage

librairie

 

Le Dictionnaire du SiDA
Comprendre et appréhender 

Intérêssant pour toute la famille...

dico-sida

pour étudiants, professionnels, médecins...

ou pour toute la famille.

 

humour-et-galejade

30 Décembre 2015 par redaction
best-of-humour-coquin
30 Décembre 2015 par redaction
l-gerra-hollande-a-r-mezrahi

Conseil en investissement et placement:
Patrimoine Privé.

couvPP

Retrouvez toutes les informations et conseils

patrimoniaux sur ce lien.


 

La meilleure Pub de l’année

 


Pub la plus sympa

 


Pub, Tout Simplement magnifique

 


Emplacement Publicitaire

Contacter NNN