Vins de Loire, vins à boire
Vins de Loire, vins à boire
Christian Duteil
« Le vin, on en parle avant de le goûter »
(Dominique Aubertin, vigneron et PDG de Worms & Cie)
Disparates et complémentaires, de l’Anjou d’appellation au cru de Sancerre, en passant par le liquoreux du Layon ou de Montlouis, Muscadet sec et Vouvray pétillant, les vins ont ici un dénominateur commun : la Loire, fleuve roi, qui parle à notre imaginaire et sert donc à leur promotion. Enquête sur une passion française à l’ombre de Du Bellay, des châteaux de la Loire et de la douceur tourangelle.
Le vignoble du Val de Loire s’étend 75 000 hectares de part et d’autre du fleuve majestueux paresseux. Il s’étale sur plus de 1000 km du Massif Central à l’embouchure de La Loire au Sud de la Bretagne. La diversité des sols, des climats et des cépages qui marquent le cours de la Loire et celui de ses affluents se reflète dans la vaste gamme de vins issus des quatre principales régions viticoles : le Pays Nantais, à proximité de l’embouchure du fleuve, l’Anjou/Saumur, au cœur du Val de Loire - la Touraine, appelée aussi le jardin de la France - le Centre, situé à l’extrémité-est de la vallée de la Loire.
« En bouts de rangs, au milieu de la vigne, dans un coin, à l’abri du vent et des regards. Petites maisons plantées là qui abritent « quoi don ? » écrit un natif du coin Jean Charles Gaumé dans « Cœur de Loire » (Editions Cheminements) illustrées des superbes photos de Jacques Vainstain. Maisonnettes de tuffeau, cabanes en bois, cimentées, couvertes d’ardoises, de tôles. Ouvertes ou inaccessibles. Attirantes. Elles invitent à l’hébergement, au repos des vendangeurs »
Ils en ont bien besoin, car les temps sont durs et impitoyables. Certes, l’abus d’alcool est dangereux mais le ridicule ne tue pas. On est tous d’accord pour dire que « boire mieux, c’est boire moins »… A l’image de l’Elysée et de notre président abstinent (à la différence du premier ministre japonais, 71 ans confiant au Monde déguster un bon verre de vin par jour) qui a réduit de 44 % la consommation de vin de ses prestigieux invités. (Libération 12/6/2008) ! Mais tout de même, en dégustant quelques bons produits de la vigne, on en apprend des vertes et des pas mûres… A l’heure où vendre du vin est devenu un combat qui s’est mondialisé et que la bataille des linéaires ne fait que commencer.
Un arrêt de cour de « pisse vinaigre »
Ainsi, la Cour de Cassation a frappé dans un jugement de cour censurant la campagne Interloire intitulée « Cabernet d'Anjou : qui ose dire que jeunesse ne rime pas avec délicatesse". Elle a en effet estimé et jugé en son âme et conscience que la communication publicitaire (blanchie pourtant par les juges en appel) constituait une "incitation à la consommation de cette boisson alcoolique" en jouant sur des mots « renvoyant au comportement humain » et violait donc la loi Evin. Secrétaire général d'Interloire, René-Louis David commente cet « arrêt de pisse vinaigre » sans perdre son humour et son sang froid : "Nos clients étrangers sont perplexes devant cette particularité bien française. Ils ne comprennent pas pourquoi on fait tant d’efforts pour promouvoir nos vins à l'export, tout se tirant régulièrement une balle dans le pied (de vigne) en France. »
D’autant plus que certains bilingues ont lu « les 4 vérités sur le vin » et notamment une étude européenne Espad montrant, chiffres à l’appui, que les ados de 16 ans nés dans des pays dont la culture du vin est encore dominante (comme la France) ont huit fois moins de risque de se saouler précocement chaque semaine que les pays à tradition dominante bière ou alcools forts.
Vive le marché des vins de Saumur !
Mais il en fallait plus pour décourager les festivités prévues en Pays de Loire pour cette rentrée et casser la bonne image de marque des vins de Loire et leur synergie commerciale. Comme par exemple, Alliance Loire, une cave coopérative particulièrement dynamique qui réunit neuf caves couvrant 4 à 5000 hectares de vignobles en Loire, dont la plus importante est sans conteste la cave de Saumur qui vient de fêter ses 50 ans en grande pompe. Elle produit et distribue 17 millions de bouteilles par an pour un chiffre d’affaires de 43 millions d’euros.
Tout le week-end du 6-7 septembre dernier, les animations autour du vin se sont succédé : randonnée dans le vignoble, vente aux enchères, soirée vigneronne «verticale dînatoire» et point d’orgue, dimanche, le marché des vins de Saumur. Plus de 6000 visiteurs étaient présents pour le troisième Marché des Vins de Saumur. Une belle journée en famille au gré des découvertes viticoles et des animations. Syndicat Viticole des Côtes de Saumur, Chambre de Commerce et d’Industrie et Ville de Saumur se sont regroupés pour faire vivre le vin au pouls de la ville chaque premier week-end de septembre, comme le veut la tradition.
Véritable mutation de la stratégie de toute une région, qui a décidé, après dix ans de négociation et de tergiversation, de se fédérer sous une même bannière, Val de Loire, avec une offre segmentée qui intègre vin de pays et AOC. La filière viticole ligérienne a fini par s'entendre, sur la nouvelle appellation Vin de pays du Val de Loire, qui se substitue au Vin de pays des Jardins de la France et a été officialisée en mai dernier ; les premières bouteilles du millésime 2007 arrivent sur le marché, nous précise notre confrère et ami Roger Clairet d’Infosvin. Les vins de pays étaient commercialisés sous la mention Vin de pays des Jardins de la France, dénomination à connotation historique, peu explicite pour le consommateur. Avec la nouvelle mention "Val de Loire", est affichée clairement l'origine géographique des vins. Cette démarche s'inscrit également dans une gestion par bassin de l'ensemble de la production du Val de Loire dont 95% des viticulteurs en vins de pays sont également producteurs d'AOC. A tel point que les amateurs ont bien du mal à s’y reconnaître dans ce maquis…
Au début des années 1950, la région de Saumur à l’origine essentiellement productrice de vins blancs doit faire front à un désamour pour les blancs et remédier à la qualité trop irrégulière de sa production tout en renouvelant les installations viticoles qui ont vécu. A l’initiative d’une cinquantaine de viticulteurs désireux de regrouper savoir faire et expérience et de se donner les moyens de répondre aux enjeux de la viticulture de demain est créée en l957 la Cave de Saumur.
Au fil de quelques vignerons du renouveau en Loire
Les vignobles de Bourgueil et de Saint Nicolas de Bourgueil s’étendent sur une terrasse de 15 km et 3 km de large, constituée d’alluvions anciens et d’éboulis du coteau calcaire. Ils recouvrent une superficie de 1800 hectares qui produisent des vins gouleyants qui se gardent bien. Si certains sont agréables dans leur jeunesse, d’autres gagnent à vieillir une dizaine d’années. Les grands millésimes se conservent plusieurs décennies, jusqu’à 50 ans et plus.
Depuis 1640, les Caslot travaillent les terres de Restigné, abritées par les bois et non loin du Manoir qui porte le même nom, avec son restaurant Le chai (Patrimoine Privé N°21, Art de vivre). La polyculture a été abandonnée au seul bénéfice de la vigne, il ya belle lurette. Aussi franc que son cabernet, Pierre, le vigneron de la Chevalerie, est le représentant de la treizième génération. Ses enfants Stéphanie et Emmanuel vont ajouter une pierre de plus à l’édifice patrimonial en prenant pied sur les 32 hectares du domaine et dans la cave-cathédrale.
Adieu donc les maths et la chimie pour Emmanuel, désormais en contact direct avec la terre et la vigne, ses passions paysannes. « Il replante les haies, refuse le désherbant. On revient enfin à des choses sensées après des années d’errance et de démesure », se félicite son père fier de sa progéniture. Finie l’étude des langues pour Stéphanie la polyglotte qui va se charge de la partie commerciale, notamment à l’export. Ainsi donc, l’expérience et l’empirisme vont-ils se transmettre à la Chevalerie et se marier à l’innovation et à la fougue de la jeunesse. Avec en prime des bois pas trop boisés qui prennent le temps de vieillir et de dégager des délicieux arômes de fruits rouges.
En l980, son père avait planté un hectare en chardonnay. Un cépage inhabituel en Touraine, où l’on pratique le gamay, le cabernet, le sauvignon ou le côt. Michel Benoist, visait alors le marché du négoce avec ce cépage désormais universel. Près de trente ans plus tard, Laurent Benoist, viticulteur de 36 ans à Saint Julien de Chédon et fervent défenseur des AOC qui s’étendent sur 19 des 20 hectares du domaine du Vieil Orme, produit un l00% chardonnay de niche vendu sous l’appellation «vin de pays du jardin de la France », nom magique réservée aux vins du Val de Loire et qui fait rêver. Un vin d’image riche, travaillé à faibles rendements afin d’obtenir plus de concentration et d’arôme, et vendu deux fois plus cher que ses AOC.
Chantal et Michel Cordaillat cultivent avec passion leur vignoble AOC Reuilly qui est réparti sur deux communes et deux départements : Reuilly (département de l'Indre) et Chéry ( département du Cher). Les 7 hectares du domaine familial jouent la carte des cépages dominants : 65% en blanc, sauvignon, 25% en rouge pinot noir et 10% en rosé pinot gris. Avec l’aide de Christophe Touret, ils apportent une attention particulière tout au long de l'année aux vignes et aux raisins : « La lutte raisonnée est une de nos priorités afin de livrer un vin le plus naturel possible. Chaque année, nous participons à des formations pour approfondir nos connaissances. Stéphane Vaillant nous épaule pour la vinification et Alexandra Jeunehomme renforce notre équipe dynamique pour l'aspect commercial».
Depuis quelques années, l’implantation d’une tour Anti-gel sur une partie du domaine leur garantit une certaine régularité de rendement. La vinification se réalise en thermorégulation dans les meilleures dispositions sanitaires et techniques, tout comme l’embouteillage. En 2004, de nombreux investissements ont été réalisés en cuverie pour améliorer la vinification des rouges.
L’édition mène à tout….
Jean-François Lamunière, PDG des éditions Payot Rivages, a démarré doucement dans le métier en l992 en s’achetant une maison de campagne dans la région de Saumur. En dégageant les caves, il découvre un trésor : des pressoirs plus que centenaires qui lui donnent l’envie de devenir vigneron et de fabriquer son propre vin. Ce domaine, créé en 1996 et de 6 ha répartis sur les communes de Dampierre, Parnay et Montsoreau, se compose à ce jour de plusieurs parcelles illustrant les meilleurs terroirs du Saumurois. A savoir« la Corde » « les Folies » « les Trézellières » « la Grande Vignole » et « le Gory ». Le cabernet franc n’occupe que 20% de la propriété, 80% restant étant réservés au seul Chenin. Ce cépage de blanc, dont la moitié des plants ont plus de quarante ans, exprime le grand attachement des exploitants à la tradition, car c’est bien lui qui a fait la renommée exceptionnelle des Saumur blancs secs et liquoreux d’Antoine Cristal, à Parnay , au début du siècle dernier.
La maîtresse de chai, Françoise Foucault accorde ses soins attentifs au travail de la vigne selon des techniques traditionnelles : labour des sols, traitements minimums et toujours biologiques, taille courte pour obtenir des rendements justes. Cette exigence de rigueur vaut aussi pour le travail effectué en caves troglodytiques pluri-centenaires.
Son saumur blanc qui porte le prénom de sa femme, Château Yvonne (20 000 bouteilles par an) produit sur 7,5 hectares et que le chef Olivier Rollinger (Cancale) porte aux nues, offre une belle longueur en bouche et une jolie complexité sans exclure la fraîcheur et la maturité du fruit. « Je suis plus touché par la critique de mon vin que par celle des livres que j’édite, explique notre PGD vigneron. La grande différence avec ces deux métiers de passion et de rencontre, c’est que, dans l’édition, je publie un bouquin presque tous les jours alors que dans la vigne, je concocte un vin tous les ans. Cela m’a appris à être patient, le respect de la nature et des saisons et à apprendre à vivre sur un autre rythme, moins frénétique et plus naturel, que celui de l’édition. »
A 7 km de Saumur, dans le parc naturel régional, les caves troglodytiques de Marson, à côté du château du même nom, méritent le détour pour une halte gourmande. Chaud devant et fouée pour tous dans les trois caves qui offrent le même cadre dépaysant, la même ambiance feutrée. Au menu du déjeuner troglodyte, nous avons dégusté un coteau du Layon avec une tarte flambée, faite de pâte à fouée à ne pas confondre avec sa grande sœur, la célèbre fouace de Lerné chère à Gargantua, et garnie de champignons. Puis vient la valse des fouées avec leur cohorte gourmande de mogettes, rillettes, de fromage de chèvre et de beurre salé. Le tout accompagné de salade verte et arrosé de saumur rouge ou de jus de pomme artisanal. Avec pour finir sur une touche de sucré un gratin de fruits rouges.
Propriété de la famille Ratron depuis 1932, la quatrième génération perpétue aujourd'hui la réputation du domaine en produisant du Saumur - Champigny, Appellation d’Origine Contrôlée du Val de Loire. Le Clos des Cordeliers a toujours été un terroir réputé pour le Cabernet Franc dont les premiers essais de plantation furent réalisés au milieu du XIXème siècle. Le domaine persiste et signe en cultivant uniquement ce cépage et 19 hectares y sont actuellement en production.
Un peu d’histoire sans trop jouer aux « eunuques de la culture » avant de déguster les vins de Loire: les premières mentions de culture de la vigne au domaine remontent à 1630. Les Cordeliers de Saumur, moines franciscains, y cultivèrent la vigne et y produisirent leur vin. Ils donnèrent le nom de « Clos des Cordeliers » à cette maison de campagne et ses vignes cernées de petits murs qu’ils acquirent pour une bouchée de pain en 1696 et qu’ils conservent jusqu’à la Révolution qui laisse le vignoble en friche. Aujourd'hui le Clos des Cordeliers a été modernisé et rendu plus fonctionnel : un système anti-gel, des cuves thermorégulées, un pressoir pneumatique, etc.
Vincent Pinard, vigneron au nom prédestiné et symbolique, a réussi avec beaucoup d’acharnement et d’exigence à hisser son domaine au sommet de l’appellation Sancerre. Avec l’arrivée de la nouvelle génération, Florent et Clément Pinard, le domaine continue de progresser. Véritable spécialiste des rouges, il produit aussi bien en blanc (cuvée Florès 2007, cuvée Harmonie 2005 et cuvée Nuance 2006) qu’en rouge (Cuvée « Charlouise » issue des plus vieilles vignes à boire dans 5 ou 6 ans pour une belle plénitude en bouche et cuvée « Domaine » qui se laisse boire de suite), des vins élégants et d’une grande pureté. Gamme cohérente et assez complète qui tire l’appellation vers le haut, notamment dans les rouges.
Yannick Amirault rejoint par son fils Benoît, reste un des grands piliers du cabernet franc dans la vallée de la Loire. C’est un anxieux perfectionniste qui ne laisse rien au hasard sur ses 19 hectares exploités avec rigueur. Il vinifie ses parcelles dans des demi-muds, à l’exception de la Coudraye qui peut se permettre le foudre bien que nous soyons pour notre part quelque peu allergiques au bois neuf. Il laisse faire la nature au maximum sans artifice dans ses cuvaisons de près de quatre semaine. Sans collage ni filtration. Ses bourgueils et saint-nicolas-de-bourgueil sont loin de l’image caricaturale que l’on peut avoir de ces vins (friands et dilués). Son style s’affirme dans des vins colorés, profonds, structurés mais soyeux et fruités. Du bel ouvrage qui allie fraîcheur, structure et tannins veloutés.
Concluons entre deux gorgées avec l’ami Jean-Charles dans son ode à La Loire, « ce vin qui rend joyeux nous invite à pousser le refrain de la chansonnette « Les Crus de Pouilly » (1905)
« Buvez du vin de Pouilly
Qui rend l’homme dégourdi
Lui met le cœur en folie
Rend la femme plus jolie… »
CD
Pour en savoir plus
Lire et Regarder « Cœur de Loire « de Jacques Vainstain et Jean-Charles Gaumé. (Ed. Cheminements, 2006)
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Notre sélection «coups de cœur»
sans commentaire
Nous avons trop aimé :
Pinard Cuvée Charlouise Sancerre rouge 2005
Couly Dutheil Les Chanteaux Chinon blanc 2006
50 ans Cave de Saumur Saumur rouge 2005
Les charmes Chatelain Pouilly Fumé 2005
Domaine de la Chevalerie cuvée Busardière Bourgueil rouge 2005
Domaine Mardon, Quincy Blanc 2009
La Nef des Fous Montlouis blanc sec 2006
Auffret Vouvray 2001
Nous avons bien aimé :
Les Champs des Billons Pouilly Fumé 2005
Côtes de Grandlieu Alliance Loire Grandville Muscadet 2006
Château Yvonne Saumur blanc 2009
Cuvée Paul Menetou Salon 2005
Domaine Chevalerie Ca Profite Bourgueil rouge 2008
Domaine des Templiers Reuilly blanc 2011
Clos de l’Echo Couly Dutheil Chinon rouge 2009
Clos de Nouys Vouvray 2006
Cuvée Saint Vincent Touraine blanc 2011
Ackerman Secret des Vignes Saumur Champigny 2010
Nous avons aimé :
Beauregard Alliance Loire Bourgueil 2006
Château de Tracy Pouilly Fumé 2007
Château Valmer Vouvray 2005
Les Demoiselles Tatin Reuilly blanc 2006
Cave de Saumur Cuvée de la Chevalerie Crémant de Loire Brut Rosé
Jacques Vincent Reuilly rouge 2006
Secret des Vignes Côteaux de Saumur blanc 2010
De Neuville Touraine blanc 2005
Domaine René Couly Chinon rouge 2005
Domaine, Saupin, Muscadet sur lies 2007
Ackerman Barbecue Party Rosé de Loire 2007
Sélection 2
Patrimoine or rouge de château-patron
Ils ont le pouvoir, ils gagnent très bien leur vie et en plus ils veulent des terres, des vignes, un terroir et un vin. Certains entretiennent même une relation charnelle avec la vigne qu’ils qualifient volontiers de maîtresse ou/et de danseuse. Le regretté Jean-Pierre Moueix, l’homme qui aimait Petrus et Bacon, à la fois grand collectionneur mais aussi grand amateur et marchand de vin, ne se nourrissait plus de Petrus les derniers temps de sa vie, à l’âge de 90 ans. Depuis la dernière décennie, 68 propriétés viticoles pour la plus prestigieuses ont été acquises par des PDG, patrons de la finance, de l’industrie ou de la grande distribution, notamment dans le Bordelais et en Provence. A Bordeaux, un acheteur sur deux n’est pas un agriculteur, et les VIP se bousculent dans les Châteaux pour y spéculer sur les vignobles les plus prestigieux. Moyennant un ticket de l,5 million d’euros au minimum, vous pouvez devenir propriétaire d’un vignoble. Avec une rentabilité espérée - à condition toutefois de vous impliquez personnellement dans l’exploitation du domaine et de jouer la carte du moyen et long terme - entre 4 et 6% hors avantages fiscaux.
Avis aux spéculateurs amateurs de grands crus: un château Haut Brion acheté 35 euros en l989 se revend aujourd’hui 480 euros. Savez vous qu’en dix ans, les grands vins de Bordeaux ne connaissent pas la crise qui touche les petits et moyens crus bordelais et ont connu une hausse de plus de l50% alors que le CAC 40 ne progressait que de 93% pour la même période. Selon une étude de l’Institut français d’opinion publique (Ifop) réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 551 personnes et commandée pour Wineandco (site internet spécialisé dans la vente de vins en ligne), ces grands vins starisés et souvent hors de prix sont devenus des objets financiers pas tout à fait comme les autres. En effet, 16% des sondés déclarent acheter du vin dans un but patrimonial, comme placement financier ou pour le transmettre en héritage à leurs descendants. Dans le premier cas, le budget annuel consacré à ce placement tourne autour de 475 euros en moyenne tandis que dans le second il n’atteint que 396 euros.
Vous avez dit patrimoine plaisir ?
Christian Duteil