Comment tu m’aimes,
demande l’enfant à sa mère ?
Par Louise Gaggini
C'est sur ce désir d'amour et sa réponse enfouie en nous comme la possibilité d'une aube, que les hommes et femmes politiques manipulent les populations, suggèrent à leurs électeurs potentiels : «assis, debout, couchés !» et que nous nous indignons ou pas, autorisés à l'indifférence ou à l'amour, monstrueux ou solaires, selon justement le mauvais ou le bon bouton, ce que l'on nous dit de faire ou pas. Pavlov et Milgram avaient tout compris de la nature humaine, et les hommes aux sommets des Etats appliquent leurs méthodes avec un cynisme sans faille.
Alors qu'il faudrait développer une conscience nouvelle, individuelle et collective, internationale, sur ce que sont les migrations, les migrants et le nomadisme, dont nous ne voyons aujourd'hui que la part émergée de l'iceberg (avec le réchauffement climatique, des pays entiers seront dans les années qui viennent, soient sous les eaux, soit brûlés, générant des exodes irréversibles), nous restons dans la répétition récurrente de schémas politiques martelés au fil de l'histoire: aime, n'aime plus, défend ou tue.
Hier, l'Allemagne, sous la pulsion de Merkel ouvrait ses portes et son territoire à tous les migrants, suivi par Hollande qui y vit cyniquement, une aubaine pour de nouveau fédérer les Français autour de lui, confondant la fonction de l'Etat et sa propre personne, reproduisant à l'identique ce qu'il avait mis en place le 11 janvier sur des Français qui depuis 1789 ont des nostalgies de grands mouvements populaires et fraternels.
Et Valls et Hollande, les mêmes qui en France repoussèrent manu militari quelques centaines de Roms démunis, les rejetant sans état d'âme hors du territoire, qui depuis ces dernières années oubliaient les centaines de milliers de morts du Moyen-Orient lapidés et brûlés, se sont soudain répandus sur les ondes et les médias pour dire «l'inhumanité de la situation des migrants du Moyen Orient», et combien et comment il fallait «sauver tous les migrants» : culpabilisant les citoyens français, qui d'un coup, écartelés entre leur propre survie dans une Europe en déliquescence et l'ambition nouvelle d'une humanité qu'on leur proposait comme une rédemption, rêvèrent d'un cœur plus grand, imaginèrent l'avoir.
Mais aujourd'hui, fin de la rédemption et de l'amour au-dessus des clivages. Merkel, peut être poussée par des courants politiques contraires, a fermé les portes de l'Allemagne à ceux qu'elle disait vouloir accueillir à bras ouverts et totalement, cautionnant en quelque sorte, les pays qui pour des raisons diverses, refusaient de les recevoir. Abandonnant à la colère ou au désarroi, ceux qui l'avaient suivie sans réflexion, Hollande par opportunisme électoral, et la population française qui emportée par une bonne conscience martelée sur les ondes 24 h sur 24 par le gouvernement et les médias affiliés, avaient vraiment cru posséder un cœur, du cœur.
Au-delà de toutes les incompétences, du peu de réflexion et de certitudes quant à l'avenir des civilisations occidentales face à un flux migratoire irréversible venu du Moyen Orient, mais aussi d'Afrique et bientôt de plus loin, et malgré la conviction que chaque individu à droit à un bout de sol sous ses pieds, on peut légitimement se poser des questions sur ce que deviendront nos modes de vie, notre culture, nos arts, nos rites et coutumes, nos traditions, nos religions juives et chrétiennes ; ce que deviendront nos enfants dans une France et une Europe envahies sans guerre et sans arme, par des millions de musulmans modérés et traditionnels dont les règles de vie dépendent essentiellement du Coran.
La question doit se poser parallèlement à celle de la survie des migrants actuels dont nous avons mis les territoires en flammes, ne l'oublions pas. L'Occident, l'Amérique avec l'Irak et la France avec la Libye, sont responsables de l'émergence de Daesh et de la désolation qui a atteint le Moyen Orient.
D'autant qu'avec la dernière décision arbitraire de Hollande de frapper des cibles en Syrie, des années trop tard, les conséquences et les dommages collatéraux pour les Syriens seront immenses, mettront plus encore de réfugiés sur les routes et sur les mers jusqu'à l'Europe.