Vous avez dit sécurité et traçabilité?
Christian Duteil
«La bourse de la vache est plus utile que les dogmes : pour en faire des engrais» (Mao Tsé Toung)
Sécurité alimentaire et traçabilité ont été les deux mamelles du dernier Salon de l’Agriculture à Paris. A tel point que dans tous les stands, les nombreux visiteurs n’avaient que ces deux mots à la bouche après le scandale des lasagnes au bourrin. Alors que dans cette sombre affaire, il y avait tromperie sur la marchandise plutôt que risque pour la santé.
Au cours d’une longue journée de dix heures à parcourir le salon tout en dégustant ce qu’on lui présentait, le président de la République a enfoncé le clou de la sécurité alimentaire en réclamant la traçabilité de tous les ingrédients entrant dans la composition des plats cuisinés. Au stand du ministère de l’Agriculture, on expliquait aux enfants que le dispositif serait semblable à celui de la carte d’identité pour les humains et qu’on connaissait désormais le papa et la maman de chaque veau et de chaque poulain… On y évoquait même que la France était le seul pays à se flatter d’avoir un « agneau électronique » qu’on pouvait suivre de la naissance à la mort… au nom de la sacro sainte traçabilité.
Alors que la viande de cheval surfant sur ce scandale voyait ses ventes augmentées de 10%, Carrefour et Intermarché annonçaient qu’ils allaient utiliser 100% de viande française dans leurs plats cuisinés. Findus, le fabricant de plats surgelés qui a perdu un million d’euros en deux semaines depuis l’affaire, s’engage dès la fin mars à certifier Viande Bovine Française (VBF) tous ses plats cuisinés à base de bœuf. Son concurrent Thiriet a décidé de ne commercialiser que des plats cuisinés à base de viande bovine d’origine française et de privilégier les circuits courts. La liste n’a pas la prétention d’être exhaustive… lors de cette vaste communication de crise qui tente de rebondir.
Moralité de cette histoire. Dans nos sociétés de contrôle en manque de repères (à tous les points de vue), on n’a jamais autant communiqué sur la sécurité alimentaire pour tenter de rassurer le cochon de payant de consommateur déboussolé, sachant que ce dernier n’a guère le goût (paradoxal) du risque et que la confiance n’a pas de prix.
CD