roland garros, nasri, trierweiller: l'ego, c'est moi !
Les motifs de colère ne manquent décidemment pas ces jours ci...
Des échanges mondains pendant la finale de Roland Garros lors du match Nadal / Djokovic évoqués par ailleurs dans une chronique "Fou de rage", je retiens que les journalistes (???) passent plus de temps à parler de leurs petites affaires médiatiques et people que de tennis. Et qu'ils ne savent même pas se taire... Le look a remplacé la qualité du coup droit ou de la gestuelle du gaucher au service... En fait, la finale était l'occasion de nous abreuver de publicités sucrées ad nauseam et d'egos trop heureux de pouvoir parler sans être interrompus... En effet, on n'a jamais vu le bruit de la belle balle jaune interrompre les bavardages de deux chroniqueurs comme sait si bien le faire Pascale Clark sur la tranche 7 - 9 de France Inter.... Alors, pourquoi se gêner.... bavardons....
Autre sujet de colère, autre sport, mais même sujet : Moi, mon ego et encore moi-même de Nasri. .. On connaissait déjà la Main de Dieu de Diego Maradona, nous voici affublés d'un pitoyable Doigt de Nasri ! Vikash Dhorasoo a déjà écrit sur ce sujet et je partage en gros son option : le footballeur pratique individuellement un sport d'essence collective. Ce qui me frappe, c'est l'attente un peu malsaine de certains journalistes pour ce type de dérapage... Comme si l'essentiel du match, de la dimension groupale du jeu : bloc contre bloc, dur contre dur, souple contre souple, et inversement, intelligence du jeu contre brutalité de la défense... toutes ces approches stratégiques du jeu avaient cédé le pas dans l'esprit de certains commentateurs à l'observation des comportements individuels, potentiellement déviants. Les joueurs sentent cette attente. Et comme ils sont bercés depuis leur enfance et par leurs entourages dans la croyance qu'ils sont les meilleurs ("...c'est vrai d'ailleurs, vous avez vu leurs bagnoles et leurs petites amies ?.."), ils s'avèrent incapables, tout caractériels qu'ils sont devenus, restent et seront... de supporter cette attente et, comme par transmutation, dans un réflexe freudien primaire, ils tombent dans le piège ainsi tendu... Après...Ô après, le pansement du Capitaine Haddock fait son œuvre... Impossible de se débarrasser du doigt sur la bouche et du "Casse toi pauv' con !" prononcé. Mon fils à mes côtés me glisse : "Papa, non, Nasri lui, c'est "Ferme ta gueule" qu'il a lancé aux journalistes de l'Equipe caché derrière son doigt. "Casse toi, pauv' con !" c'était le Capitaine du Sarko Discordia qui l'avait lancé à un pauv' bougre... Soit... On finit par mélanger les amabilités prononcées par les uns et les autres au fil des années... et comme personne, moi comme les autres ne nous privons de les rappeler...
Je me souviens de mon premier Petit Larousse offert par mon grand père dans un restaurant au bord du lac Léman, à Thonon les bains... repas trop long, dimanche de grisaille... mais là n'est pas le propos.... Il m'expliquait avec sa voix voilée par les gaz de combats, comment était structuré le dictionnaire. "Tu vois, en première partie les noms communs avec les animaux, les fleurs, les mots et les choses aussi. En fin du livre, les noms propres, les généraux, Gambetta, Luc Ferry, Napoléon aussi bien sûr... Et surtout, surtout, au milieu, en rose, les citations latines... C'est passionnant!.." Je n'ai jamais oublié ce triste dimanche interminable au restaurant pendant lequel je me suis plongé avec détachement d'abord, avec avidité ensuite dans les pages roses...
Où en étions nous ? Ah oui, les phrases inspirées... Gageons que bientôt, au milieu de notre célèbre dictionnaire, les phrases "Casse toi, sale fils de p...", "Casse toi pauv' con..." ; "Ferme ta gueule!" remplaceront avantageusement les citations latines. D'ailleurs, qui parle encore, que dis-je? , qui s'intéresse encore au latin ? Pas grand monde... Alors qu'aux petites phrases tous nous délectons !.. Elles témoignent de l'omnipotence du Soi sur le collectif. Du plus haut de la hiérarchie sociale et surtout de là d'ailleurs, au "moi-je", litanie du quotidien au travail, l'ère actuelle est celle de la primauté de l'individu infatué récipiendaire de toutes vanités...
Et pour finir.... et pour finir... Mme Trierweiller... pompon, cerise sur le gâteau.... Pas une petite phrase à gargariser, non un tweet, comme ses bonbons que l'on enfourne dans la bouche comme le faisait Jean Gabin dans la gueule de sa loco... Mme Trierweiller, tellement journaliste... tellement Madame Smart (ferait mieux de rester aphone, celle là...)... Quelle classe !...
Qu'il est difficile pour un homme dans un magasine féminin d'exprimer ce que l'on ressent (je ne dirai pas "pense", ça ferait présomptueux ...) en apprenant mardi l'info de la semaine. Qu'une dame, compagne du Président fraîchement (trop ?) élu, s'en prenne ainsi à la Reine du Poitou témoigne d'une vulgarité sans nom. Vulgarité aux couleurs de celles vues plus haut : "Casse toi, pauv' conne !". Mais distinction oblige, sans se salir la bouche ou mieux sans se salir le Doigt ! encore une histoire de doigt mais sur fond de portable cette fois...
N'est il pas encore question d'Ego dans cette affaire de tweet ? Encore qu'il faille se méfier d'un éventuel piratage... On y retrouve les mêmes ingrédients qu'entre les ex de notre cher ex Nico : pas d'incarnation de la fonction présidentielle, manque de discrétion des proches du pouvoir, omniprésence des egos, manque de discernement sur les effets du buzz, voire sur sollicitation de ce buzz pour exister... Navrant ! Lamentable... à quatre jours du prochain scrutin... Certains parlent d'une stratégie, ou mieux, d' un stratagème pour mieux discréditer S. Royal en répartissant les rôles entre soutien de Hollande et désaveu de Mme de. Hélas, je serais tellement rassuré qu'il y ait une stratégie... non, pas de stratégie, rien qu'une banale affaire d'egos....
Quand est ce que vous allez jouer collectif au lieu de la jouer perso ? Quand est ce que vous laisserez tomber votre miroir, votre beau miroir ? Un pays, des gens vous attendent et vous vous regardez dans un miroir !
Bon, moi j'en ai marre. Je vais me replonger dans les pages roses du Petit Larousse illustré... "abyssus abyssum invocat"...