les amours tragiques de pyrame et thisbe
Les amours tragiques de Pyrame et Thisbe
Comme si souvent, le TNP de Villeurbanne dans le Rhône nous a proposé un spectacle à la fois enchanteur et si original… D’une pièce de Théophile de Viau auteur du début du XVII° siècle a priori peu engageante le metteur en scène Benjamin Lazar a crée un bijou, que dis-je une véritable pépite en or massif cerclé d’émeraudes et de péridots magnifiques….
L’histoire ? Une sorte de Roméo et Juliette dans laquelle on se dit que décidément l’amour est affaire bien compliquée, probablement encore plus à l’époque qu’aujourd’hui dans notre pays « normal ». Une jeune fille et un jeune homme s’aiment mais les entourages familiaux et politiques n’ont que faire de cet amour. Tout doit être mis en œuvre pour interrompre l’hymen. Je garderai en mémoire ces échanges entre les amoureux se parlant au travers le trou d’un mur imaginaire… oui, un mur imaginaire encore plus vrai qu’un mur de maçon en béton brut. La brutalité n’a pas besoin de ciment et de sable pour s’exprimer. L’amour non plus, manifestement…
La langue adoptée par Benjamin Lazar est la langue de l’époque, si précieuse et élangantissime… On pourrait se détourner de cette forme si châtiée de la parole…. Après cinq minutes de flottement tant notre ouïe est peu habituée à ces fins de mots en « ssssssss », les yeussss riment avec les cieussss et les dieussss… l’oreille s’habitue par la magie des alexandrins caressant les corps et les costumes de la même veine. On pourrait en redire des costumes d’apparence si vieusssss, et crasseussss traduisant les négligences corporelles et vestimentaires de l’époque. Mais ils sont splendides quand ils amplifient les mouvements ainsi que les immobilités fragiles des émotions retenues.
Quand le théâtre atteint un tel niveau de douceur pour exprimer la violence des sentiments et des intentions, bonnes ou mauvaises, c’est selon, alors il nous emporte… nous transmute en pâte à verre chaud, liquides et réceptifs.
Bien sûr, Pyrame et Thisbe se donnent la mort comme tous les vrais amoureux qui ne conçoivent pas de partir seuls, et cette mort, cet amour aussi, n’est pas triste. Elle est chaude et vivante comme toute leur aventure.
Bravo à Benjamin Lazar. J’attends son retour au TNP avec impatiensssss…