Le Cessez-le-Feu en Ukraine
peut-il tenir ?
Par Steve LeVine
Le cessez le feu signé le 5 septembre par les forces combattantes en Ukraine ne semble pas aborder la question centrale qui sous-tend la guerre : l'Ukraine aura-t-elle le droit de suivre la voie politique et économique de son choix. C'est pourquoi, sauf qu'il y ait une annonce à venir, la trêve a peu de chance de tenir.
A Minsk, l'Ukraine et les séparatistes soutenus par la Russie se sont accordés autour d'un cessez-le-feu qui comprend 12 articles. Globalement, il promeut l'arrêt des combats, la mise en place d'un couloir humanitaire pour évacuer les blessés, et ouvre la voie à un échange de prisonniers.
L'accord a été fondé sur un plan en sept parties, écrit la veille par le président russe Vladimir Poutine pendant un trajet en avion vers Oulan Bator (capitale de la Mongolie).
Sa version demandait aux forces de Kiev de se retirer hors de portée de l'artillerie des villes ukrainiennes de l'Est comme Donetsk.
Dans une note, l'analyste Alex Brideau d'Eurasia Group (une firme de consultants risques pays), a déclaré qu'aucun côté n'est susceptible de reculer suffisamment pour satisfaire l'autre, et encore moins de procéder à un désarmement.
De manière significative, ni l'accord de cessez-le-feu, ni le projet de Poutine ne mentionnent le statut des forces russes sur le terrain dans l'est de l'Ukraine.
La question la plus importante est la raison pour laquelle personne ne veux reculer : hors aucun projet ne commence à démêler la tension politique qui sous-tend le conflit de cinq mois.
En un mot, Kiev recherche une affiliation politique avec l'Europe, y compris une éventuelle adhésion à l'Union européenne.
Poutine rejette cet objectif qu'il le voit comme un cheval de Troie, précédent une éventuelle adhésion à l'OTAN, scénario qu'il refuse catégoriquement.
Compte tenu de ces objectifs incompatibles, la solution la plus prisée par Moscou serait l'établissement d'une région fédérale d'Ukraine orientale qui pourrait opposer un veto à toute tentative de Kiev de réaliser ses aspirations européennes.
Faute de cela, ses forces peuvent utiliser l'Est de l'Ukraine comme un point d'entrée permettant de déstabiliser d'autres parties du pays.
Du côté de Kiev, il est très peu probable que le président Petro Porochenko, qui fera face à des élections législatives le mois prochain, cède aux exigences politiques de Poutine et renonce au droit de l'Ukraine de s'inscrire dans l'UE.
Ce qui nous amène à l'OTAN, réunis le week-end denier au Pays de Galles. L'alliance a décidé de former une force militaire à réaction rapide visant assez explicitement à répondre à toute incursion de la Russie dans un pays membre de l'OTAN. "Si vous ne faites que penser à attaquer un allié vous serez face à l'ensemble de l'alliance", a déclaré le secrétaire général de l'OTAN Anders Fogh Rasmussen.
Cela semblait être une riposte à Poutine, qui a déclaré il y a quelques jours, "Il vaut mieux ne pas jouer avec nous."
Mais les mots ne sont que cela. Or les actions qui sont misent en place, du moins tels qu'elles apparaissent en ce moment, ne semblent pas présager d'une conclusion aux tensions. Comme l'a dit Brideau dans sa note: «Un conflit gelé, avec une violence au moins sporadique reste le scénario le plus probable à long terme, ce qui signifie des tensions à long terme entre l'Ukraine et la Russie, et donc la Russie et l'Occident. »