Cela n’arrive pas qu’aux autres….
Christian Duteil
Près d’un Français sur quatre (23%) reconnaît prendre moins de précautions dans sa vie numérique que dans la vie réelle. Plus d’un jeune sur deux 58%), c’est-à-dire la génération tout numérique ou «Gen Y», ne respecte pas les règles de sécurité élémentaires de navigation sur Internet. Par exemple, 58% des moins de 25 ans utilisent toujours le même mot de passe ou plusieurs fois le même selon les sites contre 39% des plus de 35 ans. Des pratiques à risques malgré la conscience des dangers, selon l’enquête IFOP pour Dashlane, spécialiste de la gestion des mots de passe et des données personnelles de l’internaute, réalisée auprès de 1056 personnes.
La conclusion principale de l’étude montre qu’il existe un décalage significatif et inquiétant entre les déclarations de prudence des internautes et leurs comportements réels. Si la plupart des risques – virus, pertes de données, arnaque sur un achat, usurpation d’identité, etc – semblent connues de la plupart d’entre nous, nos pratiques réelles sur Internet continuent à nous exposer à de graves déconvenues et à d’importantes vulnérabilités. Malgré une conscience des risques, seuls 9% des internautes français disposent d’une politique de mot de passe sécurisée.
Comment expliquer ce goût (paradoxal) du risque qui n’a pourtant rien de virtuel sur le Web ? Tout se passe comme si on retrouvait dans ces navigations à risques les mêmes errances et dérives que dans nos conduites automobiles il y a quarante ans où beaucoup d’entre nous ne voyaient pas la nécessité vitale de mettre une ceinture de sécurité pour se protéger, se prenant parfois pour un Fangio du volant et se disant que les accidents, « cela n’arrive qu’aux autres… »
Et les jeunes internautes « encore plus laxistes que le reste de la population », auraient une conduite à risques plus importante au volant de leur ordinateur que leurs aînés, alors qu’ils sont tout aussi conscients des risques de navigations sur le Web, voire parfois un peu plus : 61% des 18-24 ans sont conscients des risques de calomnie ou d’atteinte à la réputation, contre seulement 41% des % de 65 ans. Car, comme sur la route, ils aiment vivre dangereusement, sans contrainte et garde fou sur Internet. Ils ont tendance à minimiser inconsciemment le e-risque, voire même cultivent le goût du risque.
«Ce sentiment d’être protégés contre ces risques connus frise l’inconscience et rappelle les plus sombres heures de la sécurité routière dans les années 1980, avec une ligne de conduite dominante: cela n’arrive qu’aux autres».
CD