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Le Monde | 09.07.2016 à 09h16
• Mis à jour le
09.07.2016 à 15h26
| Par Rémi Barroux
Deux semaines après la consultation locale qui a donné la victoire aux partisans du transfert de l’actuel aéroport de Nantes Atlantique vers Notre-Dame-des-Landes (55,17 % de « oui »), les opposants ne désarment pas. Ils mobilisent leurs soutiens, attendus de la France entière, samedi 9 et dimanche 10 juillet, pour un week-end de débats et de forums, de concerts et de détente, sur le terrain même où devrait se construire le futur aéroport, au lieu-dit Montjean, au sud-est du petit bourg de Notre-Dame-des-Landes.C’est dire que la défaite au référendum n’a qu’assez peu atteint les occupants de la « zone à défendre », la zone d’aménagement différé définie en 1974, agriculteurs, militants écologistes, altermondialistes… Ils espèrent, peut-être plus encore que les années précédentes quand un tel rassemblement se tenait aussi en juillet, mobiliser leur camp. Et afficher leur détermination à ne pas quitter les lieux. « Ni expulsions, ni travaux, ni aéroport », clament-ils dans l’appel à rejoindre le bocage nantais.
Contexte :
Le débat sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes résumé en conversation SMS Le référendum, voulu par le chef de l’Etat et le gouvernement pour légitimer un projet vieux de plus de cinquante ans et contesté depuis l’origine, n’a pas valeur de démonstration démocratique pour eux. Aussi, la plupart des thèmes de débats choisis pour cette édition, intitulée « Semailles de la démocratie », tournent-ils autour de la démocratie, de l’éthique, de l’état d’urgence ou encore des modes d’action et de décision.
Lire le reportage :
Dans la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, la « lutte se poursuit » malgré la défaite Bruxelles demande une étude d’impact
Perdante d’un scrutin dont elle conteste autant le périmètre retenu par le gouvernement, que la question, voire la partialité des documents présentés selon elle, la Coordination des opposants entend ne rien lâcher. Dans ses rangs : les organisations les plus actives sur le terrain, l’Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport (Acipa), le Collectif des élus doutant de la pertinence de l’aéroport (CéDpa) ou encore les collectifs d’agriculteurs.
Contexte :
Le débat sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes résumé en conversation SMS Les occupants historiques comme les zadistes connaissent le calendrier annoncé maintes fois par le premier ministre Manuel Valls, soit une expulsion prévue pour la rentrée, octobre ou l’automne. Mais ils n’y croient pas trop, estimant que de nombreux recours courent toujours devant la justice et que de nouveaux arrêtés doivent être pris par la préfecture. Surtout, il faut encore une enquête d’utilité publique sur le schéma de cohérence territoriale (SCOT), qui doit permettre à la France de répondre aux demandes de la Commission européenne sur l’étude du cumul des impacts environnementaux des différents chantiers afférents au futur aéroport.
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Notre-Dame-des-Landes : le « oui » en faveur du nouvel aéroport ne règle pas tout Ils espèrent qu’en traînant jusqu’à la fin de l’année, et en arrivant à quelques mois de l’élection présidentielle, François Hollande ne prendra pas le risque de déclencher un affrontement qui s’annonce rude. Si les zadistes sont aujourd’hui quelque 200, répartis dans plusieurs dizaines de lieux de vie, fermes, cabanes, caravanes, ils pourraient recevoir le renfort de milliers de soutiens, organisés dans près de deux cents comités en France. Ce fut le cas lors de l’opération César d’évacuation de la ZAD, avortée, à l’automne 2012.« Le gouvernement ne peut plus reculer »Mais, face à eux, les partisans du futur aéroport ne désarment pas non plus. Forts de la légitimité de leur victoire du 26 juin, disent-ils, ils pressent le gouvernement d’agir. Alain Mustière, président de l’association Des Ailes pour l’Ouest, et chef de file du camp du « oui » à l’aéroport, a écrit à François Hollande, dès le 27 juin, demandant à être reçu.« Plus rien ne s’oppose au lancement du chantier à cette date », rappelle-t-il au président de la République. Plutôt opposé à cette consultation qu’il jugeait inutile, M. Mustière estime que tous les recours ont été perdus par les opposants. « Le gouvernement ne peut plus reculer, il est obligé d’y aller et je n’ai aucun doute sur le fait qu’il va le faire, a-t-il expliqué au Monde. S’il ne le faisait pas, compte tenu de son niveau d’engagement, c’est tout l’Etat qui serait décrédibilisé. »
Quant aux risques que représenterait une intervention des forces de l’ordre dans le bocage, le chef de file des partisans ne les sous-estime pas. « Mais ce sont les zadistes qui prennent des risques, nous, on leur dit : “Quittez ces lieux qui ne vous appartiennent pas” », insiste Alain Mustière, qui confie espérer le soutien de la population locale à l’action des forces de l’ordre.
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Notre-Dame-des-Landes : Manuel Valls prévient les occupants illégaux qu’ils « devront partir » Il est vrai que la présence des zadistes, depuis sept à huit ans, dans la campagne au sud de Notre-Dame-des-Landes, a pu exaspérer les habitants des villages voisins. Mais le scrutin du 26 juin a surtout montré une opposition massive de ces communes au projet de nouvel aéroport : 73,6 % de « non » à Notre-Dame-des-Landes, 69,4 % à Grandchamps-des-Fontaines, 66,6 % à Faye-de-Bretagne.De quoi assurer un soutien de proximité, imaginent les opposants. De quoi aussi inquiéter le Parti socialiste dont le premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, a annoncé l’annulation de son université d’été, prévue fin août à Nantes. Zadistes et autres opposants comptaient aller y faire un tour.Trouver les effectifs pour évacuer les zadistesDe son côté, le président (Les Républicains) de la région Pays de la Loire, Bruno Retailleau, compte bien maintenir la pression sur le gouvernement. Ayant rencontré le premier ministre au lendemain de la consultation locale, il assure, comme M. Mustière, « qu’il n’y a plus d’ambiguïté ». « Il faut commencer par le défrichage, dès l’automne, en procédant à une évacuation préalable de la ZAD, comme l’a affirmé M. Valls », insiste M. Retailleau. Les problèmes d’effectifs de gendarmes et de policiers très sollicités par l’état d’urgence, l’Euro de football ou encore le Tour de France, seront alors résolus, espère-t-il.« On avait 11 000 personnels pour la sécurité de la Conférence sur le climat à Paris en novembre, et on dégage bien 2 500 policiers pour une seule manifestation à Paris contre la loi El Khomri. Alors, s’il le veut, le gouvernement trouvera les effectifs pour évacuer les zadistes », estime le président de la région.Ce scénario ne perturbe pas outre mesure les opposants. Samedi et dimanche, ils vont discuter des futurs projets qu’ils entendent développer sur la ZAD. Comme si le scrutin n’avait pas eu lieu.Lire la suite