Nananews.fr: Pourquoi, pour qui? Un web-magazine d’actualités, participatif... devenez membres de Nananews.fr: L'inscription est gratuite !!!
Après avoir été encerclé plusieurs heures, un sniper suspecté d’avoir tiré sur des policiers a été tué par un robot télécommandé porteur d’une bombe, vendredi 8 juillet à Dallas, au Texas. Une première pour les forces de l’ordre américaines, qui alimente la controverse sur la militarisation croissante des polices locales.Micah Xavier Johnson, un réserviste noir de l’armée américaine de 25 ans, a été présenté par les autorités comme celui qui a fait cinq morts et sept blessés dans les rangs de la police, et tué deux civils, jeudi soir à Dallas, à la fin d’une manifestation organisée pour dénoncer la mort de deux Noirs tués cette semaine par la police. Il avait dit aux policiers que des explosifs avaient été disposés « partout » dans le centre-ville de cette ville texane.
Lire le portrait :
Qui est Micah Johnson, le principal suspect de la fusillade de Dallas ? « Pas d’autre choix »Le maire de Dallas, Mike Rawlings, a expliqué que la police avait laissé au suspect la possibilité de se rendre ou de rester retranché. Ce dernier a choisi la seconde possibilité. « Nous n’avons pas eu d’autre choix que d’utiliser notre robot piégé, et de placer un dispositif dans son prolongement afin de le faire exploser là où était le suspect », a dit le chef de la police de Dallas, David Brown. Toute autre option qu’une explosion télécommandée pour neutraliser Micah Johnson « aurait fait courir un grand danger aux policiers », a-t-il expliqué, sans donner plus de précisions sur l’engin utilisé.
Lire aussi (en édition abonnés) :
L’Amérique sous le choc après la fusillade de Dallas L’inventaire de l’équipement des services d’urgence de la ville montre qu’ils disposent d’un robot Northrop Grumman Andros, conçu pour les équipes de démineurs et l’armée. Selon des médias américains, cet engin a pu être employé dans l’opération de Dallas. Ce robot est « conçu pour contrer un large éventail de menaces, dont des véhicules piégés », selon le site de Northrop.Les forces de l’ordre américaines ont déjà fait usage de machines télécommandées pour aider à l’arrestation d’un suspect, mais pas pour tuer, estiment des experts. De tels engins sont le plus souvent utilisés pour désamorcer des bombes sans risquer de vies humaines. « C’est la première fois qu’un robot est utilisé de cette façon par la police », a assuré sur Twitter Peter Singer, de la fondation New America, un groupe de réflexion spécialisé notamment dans les questions de sécurité. Ce spécialiste des méthodes modernes de combat a précisé qu’un appareil baptisé Marcbot « a été employé de la même façon par les troupes en Irak ».Une militarisation controverséeAu moins 451 robots désamorceurs de bombe ont été distribués par le Pentagone depuis 2005 aux services de police fédéraux et locaux, selon une évaluation faite par Reuters. Selon une estimation du Drone Center, à l’université de Bard College, à New York, plus de 200 services de police locaux, fédéraux ou au niveau des Etats, se sont vus attribuer au moins un robot pour engin explosif dans le cadre du déstockage organisé au Pentagone.Le transfert d’équipement militaire à des services de police civils dans le cadre de ce programme, dit « programme 1033 », a été réexaminé à la suite de la mort, en août 2014, de Michael Brown, tué par un agent de la police de Ferguson, dans le Missouri. Les manifestations déclenchées par la mort du jeune homme avaient été encadrées, et parfois perturbées, par une police fortement armée, dont les véhicules blindés et autres engins militaires avaient alarmé de nombreux observateurs. Le président Barack Obama avait pris dans la foulée un décret pour réduire le programme. Certains types de véhicules blindés, notamment, ne peuvent plus être distribués à la police, et cette dernière doit justifier ses besoins en matière de drones, d’hélicoptères, et autres équipements anti-émeutes.
Depuis l’entrée en vigueur du décret, le 1er octobre 2015, les services de police locaux ont rendu 126 véhicules blindés à roues, 138 lance-grenades et 1 623 baïonnettes, énumère la porte-parole de l’agence de logistique de la défense, Michelle McCaskill.Utilisés dans l’armée américaine, où ils transforment le visage de la guerre depuis plusieurs années déjà, les robots aux armes létales semblent toutefois voués à être de plus en plus employés par les forces de l’ordre. Une évolution qui ne fait pas l’unanimité : l’ONG Human Rights Watch et l’organisation International Human Rights Clinic, qui dépend de l’université de Harvard, s’inquiétaient ainsi dans un rapport en 2014 du recours à ces engins, qui « ne sont pas dotés de qualités humaines, telles que le jugement et l’empathie, qui permettent à la police d’éviter de tuer illégalement dans des situations inattendues ».
Lire aussi :
Silence de la NRA après les récentes bavures policières aux Etats-Unis Lire la suite