Le Tour de France de nouveau « willkommen » à la télévision allemande
Le Monde | 07.01.2015 à 12h09 • Mis à jour le 07.01.2015 à 12h20 | Par Henri Seckel
Cette année-là, ARD et ZDF (l'autre chaîne publique allemande) avaient décidé de ne pas renouveler leur contrat, car elles ne souhaitaient plus cautionner une épreuve décrédibilisée par le dopage - Alberto Contador était alors sur le point de d'être déchu de sa victoire dans le Tour 2010 pour un contrôle positif. Depuis l'édition 2012, seule la chaîne privée Eurosport retransmettait donc la course chez nos voisins. Les chaînes publiques limitaient leur couverture à des résumés quotidiens à base d'images produites par ASO.
Le contrat que vient de signer ARD (sans ZDF), limité aux Tours 2015 et 2016, s'élève à « moins de cinq millions d'euros », selon les informations du site internet du Spiegel. Il prévoit la diffusion en direct de la fin de chaque étape, à partir de 16 heures. De quoi permettre aux passionnés allemands de la petite reine de s'enflammer pour les sprints de Marcel Kittel et Andre Greipel, ou les contre-la-montre de Tony Martin - ces trois coureurs allemands ont remporté seize étapes sur les trois dernières éditions du Tour, que seule une poignée de leurs compatriotes abonnés à Eurosport a donc pu voir en direct.
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Une clause du contrat permettra à la chaîne d'y mettre fin en cas de scandale de dopage. C'est précisément pour cette raison que la chaîne, diffuseur historique du Tour avec ZDF, avait cessé la retransmission en plein pendant l'édition 2007. Le contrôle positif (testostérone), pendant l'épreuve, de Patrik Sinkewitz, coureur (allemand) de l'équipe (allemande) T-Mobile, avait été la goutte d'eau qui avait fait déborder un vase rempli de scandales.
Début 2006, Jan Ullrich, vainqueur du Tour 1997 et ancienne idole du pays, avait été identifié comme l'un des clients du docteur Eufemiano Fuentes, soupçonné d'être à l'origine d'un vaste réseau de dopage sanguin, et condamné en 2013 à un an de prison pour « délit contre la santé publique ». Avant le Tour 2007, un ancien soigneur de l'équipe T-Mobile, avait révélé dans ses mémoires que les victoires du Danois Bjarne Riis et de Jan Ullrich - tous deux coureurs de la formation allemande - en 1996 et 1997 étaient le résultat d'un dopage institutionalisé à base d'EPO.
20 MILLIONS POUR 2009-2011, 5 POUR 2015-2016
Dans la foulée, plusieurs anciens coureurs de l'équipe, dont Udo Bölts, Rolf Aldag, Jörg Jaksche et Erik Zabel, reconnaissaient les faits, tout comme Lothar Heinrich et Andreas Schmid, les deux médecins de l'équipe accusés d'avoir administré les produits dopants aux coureurs. Bjarne Riis lui-même avait convoqué une conférence de presse pour expliquer qu'il avait bien « pris des [substances] prohibées ». Tout cela n'avait pas empêché ARD et ZDF d'être de retour l'année suivante sur la Grande Boucle, qu'elles avaient donc cessé de diffuser en 2012.
Les efforts en faveur de la lutte antidopage et les bons résultats obtenus ces dernières années par les coureurs allemands ont fait évoluer la situation. « ARD est la chaîne historique et la voir revenir est une excellente nouvelle pour nous, pour le Tour de France et pour le cyclisme en général », s'est réjoui Christian Prudhomme, directeur du Tour de France, qui regrettera peut-être tout de même que le montant des droits télé ait fondu : ASO avait reçu quelque 20 millions d'euros de la télévision publique allemande pour les droits de diffusion entre 2009 et 2011.