Pardonner, c’est se libérer!
Il ne faut pas confondre le «pardon», ce petit mot que l'on glisse volontiers dans une formule de politesse express pour se faire excuser avec le «grand pardon » cet acte complexe et profond qui délivre celui qui souffre de la haine, et donne une chance a celui qui a fait souffrir de soulager sa conscience et de devenir plus humain.
Que signifie «pardonner» ?
Le mot «pardon» signifie «relâcher» ou «renvoyer libre».
Lorsque nous en voulons à quelqu'un qui nous a fait souffrir, il se crée entre cette personne et nous-même un lien.
Une sorte d'attachement psychologique qui fait que nous devenons l'esclave de notre rancoeur, voire de notre haine, lorsque le dommage causé est plus grave.
Apprendre à pardonner, c'est avant tout apprendre à se détacher de cette chaîne. Ce n'est pas une tache facile ni même spontanée. Pour y parvenir, il faut de la volonté et plus que cela: une implication totale de tout son être.
Le pardon est un acte complexe qui nécessite de mettre en jeu ses sentiments, ses émotions, sa mémoire et aussi son imagination car sans projection dans l'avenir, il n'y a pas de pardon possible. Le mal dont nous souffrons envahit tout notre être et par conséquent, c'est notre être tout entier qui doit pardonner afin de guérir du passé et d'appréhender l'avenir dans de meilleures dispositions.
Pour mener à bien un acte de pardon, il faut un «donneur» et un «receveur». «Faute avouée, faute à moitié pardonnée» dit la sagesse populaire. En effet, celui qui s'est rendu coupable d'un acte reprochable doit également être en mesure de recevoir le pardon qui va libérer sa conscience et lui permettre de changer. Cela ne peut se faire sans prise de conscience et sans «aveux» préalables.
Avant que le «coupable» et la «victime» se retrouvent sur les bancs du pardon, il faut parfois beaucoup de temps. C'est ainsi qu'une fille et sa mère, un frère et sa soeur ou encore deux vieux amants finissent par se retrouver dans le pardon quelques jours, quelques heures voire quelques secondes avant que l'un des deux pousse son dernier soupir. L'heure de la mort étant celle des grands bilans, quand le jour du grand départ approche, et si notre état de conscience nous le permet, nous avons envie d'être en paix avec nous-mêmes et par conséquent avec les autres. Et, par ailleurs, on se rend compte parfois que la mort du «coupable» n'efface rien pour celle ou celui qui se sent victime.
D'où la nécessite d'apprendre à pardonner pour se libérer.
Au coeur de l'actualité
Le pardon est au coeur de débats comme la peine de mort, ultime sanction qui considère que la seule réponse au crime est le châtiment.
On a pu voire dans certains reportages télévisés des parents américains pardonner à l'assassinde leur enfant, en lui empêchant d'une part d'aller sur la chaise électrique et, d'autre part, en lui permettant de prendre conscience de la faute commise, aussi injustifiable et impardonnable soit-elle. Ce même pardon répondait encore à un sentiment de compassion envers les parents de l'assassin, qui dans l'hypothèse où ils auraient perdu eux aussi leur fils auraient été amenés à vivre le même calvaire de souffrance.
Le pardon était encore au coeur de l'actualité quand, il y a peu, nous avons pu voir sur le petit écran, Dominique Strauss Kahn demander publiquement pardon à sa famille et à son pays pour la faute qu'il avait commise en succombant aux charmes d'une jeune femme de chambre.
Aussi naïf ou ridicule que puisse paraître cet acte de repentir, il peut permettre de regagner la confiance perdue, et ce fut le cas il y a quelques années avec le Président Américain Bill Clinton.
Les faits historiques et d'actualité ne manquent pas venant illustrer les rapports difficiles que nous entretenons avec le bien, le mal, le «péché» et des sentiments aussi complexes que la haine, l'esprit de vengeance, la culpabilité, la compassion et la faculté de pardonner.
Moi
« Pardonner à ma mère qui m'a abandonnée lorsque j'avais 6 ans. Jamais !»
«Ne plus en vouloir à mon père qui a fait mourir ma mère de chagrin... c'est impossible !».
Les souffrances venant de la petite enfance sont monnaie courante et les psy recueillent quotidiennement des traumas infantiles aussi bien que des aveux de culpabilité.
Le plus souvent, les personnes qui souffrent gardent le silence et se réfugient dans l'oubli. Mais il suffit d'une conversation un peu animée ou orientée pour que les ressentis s'expriment avec en premier plan l'impossibilité de pouvoir pardonner ou de se pardonner.
«Hors de question de passer l'éponge sur les dix années de galère que j'ai vécues avec cet alcoolique qui a pourri ma vie...!».
«Je ne pourrais jamais trouver des circonstances atténuantes au conducteur qui est responsable de la mort de ma fille... !»
Enfances malheureuses, conflits familiaux, associations douloureuses, divorces difficiles, impression d'avoir été «roulé», injustices, mauvais coups du sort...
Nous avons tous des raisons plus ou moins graves d'en vouloir à quelqu'un ou au destin et de ressentir de la rancune, voire de la haine.
Dans ces processus de querelles où «l'homme est un loup pour l'homme» ou encore une petite fourmis soumise aux aléas du vent, parfois nous jouons le rôle de coupable, parfois celui de victime. Certains (se) pardonnent, d'autres pas. Une chose est sûre, si l'on n'arrive pas à (se) pardonner, on s'enferme dans un cercle de souffrance qui, petit à petit, empoisonne notre vie.
Moi : Il faut positiver!
De bonnes raisons d'y arriver
Quand on a souffert d'une trahison, d'un abandon, d'une agression, d'un vol, d'un viol... ou de la perte d'un être cher, on rentre dans le rôle de victime. Soit on s'y installe, soit on essaye de s'en sortir.
Dans un premier temps, on subit un choc, puis on essaye de comprendre et d'accepter ce qui s'est passé. Soit on «passe l'éponge» car la faute n'est pas si grave et l'on est suffisamment indulgent pour la comprendre, soit on remue le couteau dans la plaie et notre souffrance finit par contaminer toutes les zones de notre esprit. Plusieurs solutions s'offrent à nous : l'oubli, la culpabilité, la révolte, l'esprit de vengeance.
- La voie de l'oubli n'est que momentanée car tout ce qui est inscrit dans notre inconscient n'est pas pour autant effacé. Cela peut ressurgir à tous moments, sous différentes formes, occasionnant un mal-être constant.
- Si la culpabilité est au centre de la conscience et de la morale, elle est aussi un poison qui mène à l'autodestruction.
- Quant à la souffrance qui réclame vengeance, elle nous enferme dans ce fameux état de dépendance qui nous rend esclave de notre haine.
- Il s'offre à nous une autre voix : le pardon. Il ne s'agit ni d'oublier, ni d'excuser, ni de minimiser la «faute» commise, ni de s'en rendre coupable, mais d'essayer d'accepter ce qui a été fait, d'apprendre à vivre avec et d'en guérir.
La voix du pardon est longue et semée d'embûches mais il semblerait qu'elle seule permette de retrouver une véritable paix intérieure. Et, même si la rencontre et la réconciliation n'ont pas lieu entre le «coupable» et la «victime», cette dernière aura pu par son cheminement intérieur, exorciser sa souffrance et gagner en maturité.
Tout comme la culpabilité, le pardon est une réponse au mal. Mais pas besoin de croire en Dieu pour apprendre à pardonner.
Il suffit de croire en l'être humain.
Si le pardon est une grande vertu chrétienne, il fait aussi école dans les thérapies de développement personnel et, plus simplement, dans le cheminement intérieur de personnes ayant souffert ou/et étant sensibles à la souffrance des autres. Car pardonner, contrairement à ce que l'on peut croire, ce n'est pas oublier ou excuser mais plutôt redonner une place à l'amour, avec un grand A , qui est au fond de soi et sans lequel il est bien difficile de donner un sens à sa vie.
Vertu ou faiblesse ?
Tout comme la culpabilité, le pardon est une réponse au mal. Mais pas besoin de croire en Dieu pour apprendre à pardonner. Il suffit de croire en l'être humain. Si le pardon est une grande vertu chrétienne, il fait aussi école dans les thérapies de développement personnel et, plus simplement, dans le cheminement intérieur de personnes ayant souffert ou/et étant sensibles à la souffrance des autres. Car pardonner, contrairement à ce que l'on peut croire, ce n'est pas oublier ou excuser mais plutôt redonner une place à l'amour, avec un grand A , qui est au fond de soi et sans lequel il est bien difficile de donner un sens à sa vie.