Professeur Cabrol, Un verre de vin, c'est bon... pour la santé
« Un verre de vin, c'est bon... pour la santé »
Le professeur Christian Cabrol, spécialiste mondial en chirurgie cardio-vasculaire, a été interrogé sur les rapports entre vin et santé à l'occasion du Salon des Grands Vins. Amateur de bonne chère (il est membre du Cercle des amoureux du foie gras) et de vins fins, il fait le point sur les dernières études scientifiques sur les rapports entre vin et santé.
On connaît les méfaits de l'alcool sur notre organisme. Or, de récentes études semblent confirmer les bienfaits du vin sur la santé, lorsque sa consommation reste modérée. Quels sont vraiment ces effets positifs ?
Prof. Christian Cabrol : On distingue en fait quatre effets positifs du vin à condition, bien entendu, de le consommer modérément. A savoir :
- Diminution du risque de maladies cardio-vasculaires alors qu'on mange plus gras que les Anglo-saxons. Ce qui a débouché sur la notion de « french paradoxe » qui intrigue tant les Américains qui font des séjours gastronomiques du côté du Sud Ouest.
-Action contre certains cancers
-Action sur le système nerveux (démence sénile)
-Effet euphorisant de bonne humeur (aide à lutter contre le stress)
A quoi attribue-t-on les bienfaits du vin sur la santé ?
Pr. C.C : D'abord, le vin est une boisson car il contient de l'eau qui est indispensable à l'organisme. L'homme doit boire 1,5 litre d'eau par jour sans compter l'eau contenue dans les aliments que nous absorbons. Ensuite, le vin apporte du sucre qui est un combustible indispensable au corps. D'autre part, il contient de l'alcool qui joue contre les radicaux libres. C'est un anti-oxydant. Il fluidifie le sang, c'est un anti-agrégat. Enfin, le vin contient des phénols qui ont une influence bénéfique sur les cancers, notamment du sein, du sang et de la prostate.
On parle d'une consommation raisonnable, modérée et quotidienne, mais qu'entend-t-on par là et cela concerne t-il tous les vins ?
Pr.C.C : Comme tout alcool, le vin doit être dégusté de façon modérée, et sa consommation quotidienne est conseillée à raison d'un verre par repas. Nous prescrivons souvent du vin rouge, par exemple du Bordeaux, pour les tanins qu'il contient.
Où en sont aujourd'hui les études à propos des effets préventifs du vin sur certaines maladies d'Alzheimer ou celle de Parkinson ?
Pr. C.C : Quelques études ont donné quelques pistes intéressantes dans le domaine de la neurologie. Cependant, on ne peut pas attribuer la prévention des maladies d'Alzheimer ou celle de Parkinson à la consommation de vin, bien qu'il y contribue. La prudence et la rigueur sont de mise en ce domaine afin de ne pas donner au public de fausses espérances et ne pas prendre ses désirs pour des réalités.
- Pourtant, des données récentes parlent d'une réduction de mortalité de 30% toutes causes confondues, d'autres d'un gain de 3 à 5 ans d'espérance, à tel point qu'on pourrait croire que les abstinents et autres non buveurs de vin ont tort. Ces chiffres sont-ils crédibles ? Ne sont-ils pas exagérés ?
Pr. C.C : Non, ces chiffres sont vrais. Ils sont considérés comme justes bien qu'il faille être toujours prudent dans des estimations de ce type. De grandes études ont été faites aux Etats-Unis : la diminution de la mortalité chez les buveurs modérés de vin se situe en effet entre 28 et 32%.
-Cette consommation régulière et modérée de vin doit-elle s'accompagner d'un régime alimentaire particulier de type « méditerranéen » ?
Pr C.C : Oui, la consommation de vin doit s'accompagner d'un régime alimentaire équilibré d'autant plus que 80% de la consommation du moins en France se fait à table. Or, on constate que le régime alimentaire pratiqué avant la guerre de 39-45 était le meilleur car on ne connaissait pas alors les plats préparés par l'industrie agroalimentaire. Pour avoir une alimentation équilibrée, il faut consommer beaucoup de légumes, de céréales, de fruits frais, d'huile d'olive, de poisson , de volaille, etc. C'est cela la « santé gourmande naturelle » liée aux produits de terroir qui était celle de nos parents et grands parents et que nous devons retrouver à tout prix aujourd'hui pour ne pas entamer notre capital santé.
Pour parler vrai, avec tous les accidents liés à l'abus d'alcool notamment sur la route, n'est-ce pas délicat, voire paradoxal, de communiquer sur le thème « boire du vin, c'est bon pour la santé » ?
Pr. C.C : Non, il est essentiel de lutter contre l'alcoolisme, bien sûr, mais il est conseillé de boire du vin, néanmoins toujours de façon modérée.
La spéculation à risques sur quelques crus confidentiels Produits en très faible quantité et vendus souvent à prix d'or, ces vins confidentiels baptisés « vins de garage » en Bourgogne et « Vins de salons » en Bordelais cultivent des paramètres désormais connus, à savoir : micro propriété, raisins soigneusement triés, concentration de la matière et du chêne neuf pour les fûts, et sont aujourd'hui l'objet d'une incroyable spéculation. Les quelques bourgognes produits à dose homéopathique sont élevés pour être dégustés en famille ou/et entre connaisseurs patients : ils sont rares, absents des ventes publiques mais encore abordables bien que convoités, comme le volnay à 20 euros la bouteilles de Jean-François Coche-Dur, propriétaire à Meursault. A la différence des crus de salons » du bordelais qui sont l'objet de spéculation ouverte et féroce... Avec le goût du risque en prime. A 7000 euros la caisse de mondotte 1999 (propriété du château Canon-la-Caffelière) et 9900 euros celle de valandraud 1998, l'acheteur spéculateur n'a en effet plus qu'a croiser les doigts en espérant que la plus-value se manifeste avant que la mode passe. En revanche, avec ses trois bouteilles de croton-charlemagne de Coche-Dury, le client particulièrement chanceux n'a déboursé guère plus de 160 euros et peut espérer en tirer entre 1500 et 2000 euros le lendemain, en les mettant en vente publique. Avec un risque toutefois : si l'opération revient aux oreilles de Jean-François Coche-Dury, il sera radié des listes et devra attendre des années avant de goûter un tel nectar. « Deux à trois ans pour un gevrey-chambertin vieilles vignes », annonce Bernard Dugat, propriétaire du domaine Dugat-Py à Gevrey, chez lequel on se bat aussi pendant trois ou quatre ans pour mettre la main sur l'une des 2500 bouteilles de charmes-chambertin à 70 euros la pièce. |
Le vin et le poète « ... Profondes joies du vin, qui ne vous a connues ? Quiconque a un remords à apaiser, un souvenir à évoquer, une douleur à noyer, un château en Espagne à bâtir, tous enfin vous ont évoqué, dieu mystérieux caché dans les fibres de la vigne. Qu'ils sont grands les spectacles du vin, illuminés par le soleil intérieur ! Qu'elle est vraie et brûlante cette seconde jeunesse que l'homme puise en lui ! Mais combien sont redoutables aussi les voluptés foudroyantes et ses enchantements énervants. Et cependant dites, en votre âme et conscience, juges, législateurs, hommes du monde, vous tous que le bonheur rend doux, à qui la fortune rend la vertu et la santé faciles, dites, qui de vous aura le courage impitoyable de condamner l'homme qui boit du génie ? D'ailleurs, le vin n'est pas toujours ce terrible lutteur sûr de sa victoire, et ayant juré de n'avoir ni pitié ni merci. Le vin est semblable à l'homme : on ne saura jamais jusqu'à quel point on peut l'estimer et le mépriser, l'aimer et le haïr, ni de combien d'actions sublimes ou de forfaits monstrueux il est capable. Ne soyons donc pas plus cruels envers lui qu'envers nous-mêmes, et traitons le comme notre égal... » Charles Baudelaire (Les Paradis artificiels) |
En bref...
Vin : élixir de santé
Une équipe de l'Inserm et de l'Institut universitaire Jules Guyot de Dijon a identifié et isolé le principal facteur responsable de l'effet bénéfique d'une consommation modérée de vin. Il s'agirait du resvératrol, molécule du raisin particulièrement abondante dans le pinot noir bourguignon, auquel elle procure une résistance à la pourriture grise.
Deux séries d'expériences sur des rats de laboratoire ont montré en effet que cette molécule freine, et pourrait même bloquer, l'agrégation des plaquettes sanguines. Ce phénomène, à l'origine de l'apparition de caillots sanguins dans les vaisseaux, est responsable des thromboses. Ce qui expliquerait l'effet protecteur du vin (bu à dose modérée) contre les maladies cardio-vasculaires.
Bière : la mousse légère !
Contrairement aux idées reçues, la bière est peu calorique (35 à 45 kcal/100 ml) et peu alcoolisée (en moyenne 4,7°. La mousse est légère : un verre de bière contient moins de calories d'un verre de lait entier ou un jus de fruit pressé.
L'étude conduite par le professeur Debry démontre que la bière, consommée modérément et régulièrement au cours du repas, ne fait pas grossir. Mieux, les buveurs réguliers de bière grignotent moins entre les repas et mangent moins, notamment le soir. Comme la soupe, la bière remplit l'estomac et diminue la sensation de faim.
Enquête : Les Français trinquent sans trop se l'avouer
Nous percevons mal les risques liés à l'alcool et nous sous-estimons notamment notre propre consommation. En particulier le week-end où nous avons tendance à boire davantage (4 verres le samedi et le dimanche, contre l,2 en moyenne la semaine). C'est ce qu'a révélé une enquête Ipsos réalisée auprès de 1500 personnes, âgées de 15 à 65 ans, pour le compte de la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM) et du Comité français d'éducation pour la santé (CFES).
Les limites de consommation quotidienne conseillés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) – 2 verres pour les femmes, 3 pour les hommes – sont méconnues et bien dépassées.
Vin et troubles visuels : ça se discute !
On savait que l'abus d'alcool avait tendance à réduire le champ visuel, notamment chez le conducteur. On pense désormais que le vin réduirait le risque de troubles visuels. Selon le journal de la Société américaine de gériatrie, l'équipe de Thomas Obisesan (Université de Harvard, Washington) a étudié 3072 personnes de 45 à 75 ans, dont les troubles visuels faisaient penser à une dégénérescence maculaire débutante liée à l'âge (DMLA).
A leur grande surprise, les chercheurs ont constaté que les consommateurs de vin ont un risque diminué de 20% de souffrir d'une DMLA par rapport aux non buveurs et aux consommateurs d'autres boissons alcoolisées que le vin. Toutefois, le bilan visuel des alcooliques reste très négatif du fait de la névrite optique liée à une carence en vitamine B1. Moralité : buvez deux à trois verres de vin par jour, sans jamais succomber à des « cuites » et autres excès éthyliques.
CH. D