Les Chipies de bureau
La chippie de bureau ne se distingue en rien d’une collègue fréquentable. Elle est plutôt bien habillée, plutôt souriante et jolie fille., engageante et amicale. Une chose la rend insupportable, une seule : sa manie de vous poignarder lâchement dans le dos au travail.
Avec une conséquence nerveusement épuisante : vous devez composer avec elle.
La chippie de bureau n’est pas chichiteuse. Elle se rencontre dans toutes les classes hiérarchiques, de la femme de ménage à la directrice.
Elle n’a qu’une ambition : vous gâcher la vie en répandant autour d’elle un poison vénéneux. Et là question : qu’êtes-vous prête à tout endurer de sa part ? Quelles limites pouvez-vous à concéder à votre amour propre avant de lui claquer la porte au nez ? Jusqu’où pouvez-vous ”aller trop loin” sans cafter ?
Un petit test s’impose.
Petites trahisons entre ”amies”
Vous êtes aux anges, les yeux couvant votre ”bébé” : la version Xb23, triple Excel, du bilan comptable de votre société. Trois mois, trois longs mois vous auront été nécessaires pour réaliser ce chef d’œuvre. Vous ne venez pas seulement d’inventer un moyen de passer des comptes réels à la caisse noire grâce à un code secret, vous venez aussi et surtout d’inventer un moyen d’accéder à la gloire. Vous ne savez pas trop à quoi ce petit miracle technique peut bien servir mais vous vous êtes surpassée ; vous avez deux semaines d’avance sur le délai qu’on vous a imposé. Tout le monde va enfin découvrir l’exécutive woman qui sommeillait en vous. Enfin, on va vous reconnaître à votre juste valeur.
Vous avez passé la nuit à rêver aux lauriers dont le destin allait vous couronner. Mais au matin... Horreur ! la disquette que vous aviez soigneusement mis en évidence sur l’étagère, celle qui contenait l’aboutissement de semaines de labeur, a disparu. Purement et simplement. Il n’existe qu’une personne, à part vous, à posséder les clefs de votre bureau : Monique, votre supérieure hiérarchique. Une femme dont vous vous êtes méfiée depuis qu’elle vous a fait remarqué à la cantine, en public ”Qu’on s’habille pas comme un sapin de Noël pour venir travailler”. C’est clair, Monique vous a doublée, spoliée, coiffée au poteau. Bref, elle vous a eu. Et c’est elle qui va récolter les fruits de votre gloire. Pour couronner le tout, un post-it placardé sur l’écran de votre ordinateur vous annonce un laconique ”Rendez vous chez le directeur dès que vous arriverez, en retard j’imagine…. Signé Monique.
Vous respirez comme on vous l’a appris au cours de yoga du comité d’entreprise en prenant l’ascenseur, vous demandant comment vous allez pouvoir sortir de ce mauvais film. Mais dès que vous passez la porte du bureau du directeur, vous sentez immédiatement qu’il ne va pas être simple de redresser la situation. Monique, habillée d’un tailleur dont la jupe pourrait lui servir de bikini cet été vous attend en compagnie du vieillard libidineux qui règne en maître sur l’entreprise. Elle sourit de toutes ses dents en vous foudroyant du regard l’air de dire ”toi, si tu la ramènes, j’étripe ton chat ou tout autre être vivant que tu chéris”.
Dès que vous craquez, reportez-vous au niveau qui vous correspond le mieux.
Niveau I
Le patron continue de vous prendre pour ce que vous n’avez jamais cessé d’être pour lui : une stagiaire, entité négligeable dont il ne cherche même plus à savoir le prénom tant il en voit défiler. ”Ecoutez, ma petite” vous claironne-t-il en vous entourant les épaules d’un bras paternel ”Monique m’a dit que vous aviez collaboré ensemble sur un projet qui me tenait à cœur. J’apprécie. à sa juste valeur. Aussi pour vous remercier, je renouvelle votre contrat de deux mois.”
Niveau II
Même scénario, mais votre patron semble cette fois vous intégrer dans son champs de vision. Il a presque l’air de vous reconnaître. ”Ah, c’est vous” siffle-t-il dès que vous pénétrez dans le bureau. ”Je ne vous félicite pas.” Monique qui savoure cet instant en silence n’ose pas lever les yeux de peur de croiser votre regard. ”Monique travaille sur un projet très confidentiel. qu’elle vient de mettre au point. ” Il se lève pour retirer votre badge d’accès aux bureaux de la direction dont vous aviez fièrement ornée votre poitrine, ”Inutile de mentir, je sais que vous avez cherché à revendre l’idée de Monique à la concurrence. Je ne vous révélerait pas mes sources mais sachez qu’elles sont sûres”. Et il jette un regard entendu à Monique. La vipère cligne des yeux et vous regarde avec la commisération qu’une mère aurait en apprenant que son fils est homosexuel. Le patron s’est assit et… il vous congédie d’un ton sec. ! ”Vous comprendrez que je ne peux pas vous garder dans nos services. Passez à la comptabilité on vous y réglera votre mois.”
Niveau III
Monique s’éclipse quand vous arrivez - ”Bon, ben je vous laisse hein, vous avez à parler je crois”. vous abandonnant seule à la fureur de votre patron. Lui, si flegmatique, si calme d’habitude a viré au violet. Un réseau de veines bleutées sillonnent son front. Ses yeux ressortent des orbites comme des boules de lotos. Dès qu’il vous voit, le Mont Blanc qu’il tient entre ses mains explosent sous la pression. Il aimerait dire quelque chose, mais la rage l’étrangle. Ce n’est qu’après avoir avalé d’un trait une demie bouteille d’eau gazeuse qu’il parvient à cracher ce qui lui reste en travers de la gorge. ”Quoi ? Comment ? Qu’apprends-je ? Monique, une femme en qui j’ai toute confiance, m’a dit lui aviez crever les quatre pneus de sa voiture par pure jalousie. Une affaire de cet ordre ne peut pas rester entre nous. J’ai appelé la police, elle sera là dans cinq minutes. Comptez sur moi pour vous faire passer le goût de ce genre de plaisanterie.”
Niveau IV
Il va falloir vous y faire, le monde du travail est une jungle où l’on doit se battre pour survivre. C’est bien d’avoir de l’amour propre mais dans une juste mesure. Vous n’êtes pas faite pour travailler avec un caractère pareil.
Niveau V
Votre amour propre est tempéré par une bonne dose de lucidité. Vous avez su éviter de lui planter vos griffes dans les yeux, vous ne vous en sortez pas si mal.
Niveau VI
Pour vous l’amour propre est une notion aussi étrange que peut l’être celle de pitié pour un banquier. Vous êtes prête à tout encaisser avec une indifférence qui frise la lobotomie. Faites attention à vous en prison, vous seriez capable de vous accuser du meurtre de votre voisin(e) de chambrée rien que pour qu’il (elle) arrête de se servir de vous comme paillasson.
hihi...hihi..hi... Kaktus